N'en jetons presque plus ! Trions, reprenons, détournons.
L'essentiel est presque bien dit et redit, en long, en large...
Reprenons serré, de travers, à travers.
Par les moyens d'avenir du présent. Pour le présent de l'avenir.
(OTTO)KARL

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2009-10-04

« je voudrais... »

Quand on la chance d'être une brute, il faut savoir le rester. Si j'ai peut-être une petite qualité comme poète, c'est que j'ai justement des amours fous, des besoins immodérés ; je voudrais voir le printemps du Pérou, avoir l'amitié d'une girafe... Je voudrais être à Vienne et à Calcutta. Prendre tous les trains et tous les navires, forniquer toutes les femmes et bâfrer tous les plats... Je suis toutes les choses, tous les hommes et tous les animaux. Mille âmes habitent un seul corps.
(A.C.)(court-circuité par E.P.-D.)

Je voudrais pouvoir renifler à 300 m.
je voudrais sentir les cailloux, le fer, l’eau,
je voudrais une truffe et un museau et une trompe et un groin,
je voudrais greffer à mes narines 56 tuyaux,
je voudrais des antennes et des mandibules,
je voudrais un nez parabolique au bout d’une perche,
un nez -nez avec vachement de pression,
un nez Dior-Chanel- Y .Saint Laurent- Paloma Picasso,
un nez Pinocchio, un nez d’belette et d’cochon, un nez à trois trous,
je voudrais un nez-braguette ,un nez-revolver, un nez-moto, un Nefertiti,
je voudrais être un poulpe excité, un oustiti, une tarentule,
je voudrais pétrir, palper, toucher, effleurer,
je voudrais être Shiva pour tripoter avec mes 9 mains,
je voudrais caresser, frotter et tâter avec mes oreilles,
mes pieds, mes orteils [écartés],
des orteils arborescents et exponentiels,
et des doigts pour faire des noeuds et des rosettes,
des doigts palmés, des doigts comme des ailes pour m’agripper
et pour voler et pour nager,
je voudrais voir la nuit, je voudrais voir à 360 degrés
avec la bouche, avec les jambes,
je voudrais voir ce que je vois avec les mains,
avec les pieds, avec le nez, avec les fesses,
je voudrais des yeux partout sur le ventre, des yeux derrière,
des yeux devant comme des phares ,
je voudrais des grappes d’oeil pour ne rien louper,
je voudrais zoomer pour compter les acariens sous la moquette,
et j’aimerais vraiment un oeil dans le trou du cul,
mais je voudrais voir aussi derrière les murs,
je voudrais traverser les parois en scrutant comme un rapace,
je voudrais des pupilles-laser pour observer à l’infini,
je voudrais voir avec mes genoux, avec mon anus,
avec mes talons, avec mes gencives,
je voudrais des yeux au fond de la bouche,
des yeux dans le pancréas et dans les intestins,
je voudrais des yeux multi-block, des yeux-consoles, des yeux-télécommandes,
je voudrais des yeux versatiles au bout des ongles,
je voudrais périscoper, camératiser, pixelliser, virtualiser,
je voudrais voir et entendre les étoiles,
je voudrais entendre la terre qui tourne et la lune,
je voudrais entendre les poissons au fond des lacs,
je voudrais entendre le cri des plantes vertes et l’herbe qui pousse,
je voudrais entendre les parpaings des maisons,
les livres fermés, les collines,
je voudrais écouter les racines de l’arbre,
je voudrais écouter le cerveau et la cervelle,
et la table de la cuisine et l’armoire et les chaises,
je voudrais écouter les cadavres des cimetières,
je voudrais des oreilles ultra-extensibles,
je voudrais des oreilles hyper-élastiques,
je voudrais être le lapin, l’ oiseau, la fourmi, l’ éléphant, le mulet, la baleine,
je voudrais ramper comme un serpent,
je voudrais être un mille-pattes, un ténia, une tortue-Nidja (sic),
je voudrais des relations avec les morts,
je voudrais téléphoner dans le passé,
je voudrais être une bande magnétique qui remonte le temps,
je voudrais me transformer comme les têtards et les chenilles,
je voudrais être une mouche, un putain d’essaim d’mouches,
je voudrais être un pullulement dans le futur, même un virus, même une amibe,
et je voudrais manger, mastiquer, aspirer, avaler le vide,
et je voudrais lécher et goûter,
(...),
et je voudrais apprécier la saveur d’une carte à puce,
le goût aigre des transistors et le glacis du plexi,
et je voudrais (...) manger toutes les couleurs,
et je voudrais boire un liquide géométrique «cul sec»,
(...),
et je voudrais sucer un météore et mordre et mordre et mordre,
et toucher la viande à pleine mains,
et je ruminerais aussi des bouquets de bégonias, de violettes et de glaïeuls roses,
(...),
et je ferais fondre des tessons entre mes lèvres et je soupèserais chaque objet,
et je pourrais baver avec la lingerie fine sur la langue,
et en bavant, je voudrais entendre le bruit des yeux en apesanteur,
et en bavant je voudrais écouter les mains qui se répandent en glissant,
et mes nez sentiront l’odeur de la vitesse des doigts qui galopent,
et je pourrais flairer les gisements d’or
(...)
je voudrais une disquette d’extension avec des cornes pour les ondes,
(...) je voudrais plusieurs queues,
des queues courtes, des queues en tire-bouchon, des longues queues fouineuses,
je voudrais un 3 ème oeil pour la 4 ème dimension , je voudrais être communicatif,
j’voudrais être relationnel, (...)
je voudrais des nichons dans l’dos et des couilles,
des amas d’couilles artificielles et une dizaine de bites,
et j’ai besoin de 24 bras et de 36 jambes (...),
et j’ai besoin d’une douzaine d’oreilles et d’un tas de nez,
(...)
je voudrais un micro au bout de chacun de mes cheveux pour imiter les anémones,
je voudrais tâter les salades, peloter les batteries, je voudrais titiller la vaisselle,
je voudrais tout faire en même temps
mais je ne suis qu’un pauvre mec «has been»
réduit dans une barquette sous-vide,
incapable de faire la différence entre un château Calon-Ségur et un Pomerol,
entre un Brouilly et un Chenas,
incapable de distinguer le sifflement d’une bergeronnette,
d’un rouge-gorge ou d’une mésange,
incapable de reconnaître une feuille d’érable ou de bouleau ,
un manguier ou un jacaranda, une ortie blanche ou une menthe poivrée,
incapable de reconnaître l’eau de Vittel à l’eau d’Evian,
je scanne à fond, je suis un gros con navigant sur le web,
je suis un gros con gavé de Nuts et de Coca,
je suis totalement insensible à la petite brise légère
qui lèche la buée des carreaux du studio,
je suis un minable synthétique en contact avec la planète,
et y’a bien longtemps que je n’ai pas dansé un slow,
j’ai oublié l’odeur des épluchures d’orange sur le poêle,
j’ai oublié la douceur d’un potiron et je télécharge,
je télécharge mon modem avec mes jambes paralysées,
ma scoliose, mon casque stéréo, ma cirrhose, ma myopie,
mon clavier digital, mes ulcères,
je surfe comme un zombie input-output , avec mon tricostéril et mes gélules,
j’invente des flyers pour communiquer et échanger mes bits,
je suis un gros con et je bip-bip mon hyper-texte,
rivé sur mon écran avec mes petits halogènes,
et mon tatoo et mes lunettes de soleil et mon carburateur et mon pare-brise,
et ma Master-card et mes cassettes vidéo de Russ Meyer et ma prise péritel,
et je confonds le maquereau et le hareng, je confonds le pernod et le pastis,
je confonds le triton et la salamandre, l’oursin et la châtaigne,
la patate B F 15 et la roseval, une clémentine et une mandarine,
je suis un connard étriqué, un cyborg -hamburger,
et je sample les musiques ethniques en nivelant le Coréen et le Chinois,
le Ougandais et le Zaïrois,
je suis un abruti incapable de distinguer une nuance
entre le Nicaragua et le Guatemala,
(...)
je suis un débile atomisé HTML,
je développe mon espace numérique
et je ne sais même pas choisir un bon melon...
(J.H.)

> JaimejaimEpas
> en post(e) campagne

ex-exister

... la chose que je dirai maintenant sans m'arrêter : NOUS N'EXISTONS PAS. (...) Et qu'est-ce que c'est, ne pas exister ? Les mots par exemple qui me viennent maintenant pour le dire, ils me viennent comme l'arbre que je vois, comme tout ce qui m'est arrivé toujours, et comme la mort est arrivée à D., ni par elle, ni par lui : je n'existe pas parce qu'il y a autre chose, et encore autre chose, et c'est le cercle qui existe, mais je ne peux pas plus le dire que faire en ce moment la liste de tout ce qui se passe en ce moment. Comme si je me réveillais toujours. Se réveiller, c'est se rendre compte qu'il y a toujours déjà quelque chose qui était là, le lit, la maison, le temps qu'il fait..., et il y a des gens toujours anxieux au réveil parce qu'ils ont plus ou moins conscience d'êtres dépassés, chaque fois dépassés un peu plus par ce qui leur arrive au réveil, — toute leur vie qui s'alourdit. Je suis bon de dire : il y a des gens, alors que c'est tout le monde, à l'exception de ceux qui n'existent pas, et dont le nombre n'excède pas... (qui sait ?). Un hasard, ou peut-être cela vient de très loin : s'éveiller d'accord avec ce qui est là, tellement d'accord que c'est comme si j'avais toujours été là, — l'herbe qui poussait là, les rochers là-haut, les gueules des gens, c'est toujours là avant moi et en même temps et après, et je ne peux que dire cela. Le mouvement et rien qui bouge... Je le ferais très bien comprendre si je n'y étais pas, — si j'existais, j'expliquerais à ceux qui existent ce que c'est : ne pas exister. J'ai dû exister à un moment : il y a de ces passages, de ces mélanges. Pourtant cela me paraît si monstrueux que je doute d'y être parvenu vraiment : être cette espèce de caillot arrêté sur soi, de plus en plus épais d'angoisse, d'hostilité...
(H.T.)
cf. comme un légo avec du vent
cf. après tout
cf. nous autres chinoises