N'en jetons presque plus ! Trions, reprenons, détournons.
L'essentiel est presque bien dit et redit, en long, en large...
Reprenons serré, de travers, à travers.
Par les moyens d'avenir du présent. Pour le présent de l'avenir.
(OTTO)KARL

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2015-02-15

du hérisson

Par une froide journée d’hiver, un troupeau de porcs-épics s’était mis en groupe serré pour se garantir mutuellement contre la gelée par leur propre chaleur. Mais tout aussitôt ils ressentirent les atteintes de leurs piquants, ce qui les fit s’éloigner les uns des autres. Quand le besoin de se chauffer les eut rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de façon qu’ils étaient ballottés de çà et de là entre les deux souffrances, jusqu’à ce qu’ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui leur rendit la situation supportable. Ainsi, le besoin de société (...) pousse les hommes les uns vers les autres ; mais leurs nombreuses qualités repoussantes et leurs insupportables défauts les dispersent de nouveau. La distance moyenne qu’ils finissent par découvrir et à laquelle la vie en commun devient possible, c’est la politesse et les belles manières.
(A.S.)(O.K.)

En tout cela, (...) on suit les ordres donnés par un instinct de conservation dont la manifestation la plus nette est celle de l'instinct défensif. Fermer les yeux sur bien des choses, s'abstenir de les écouter, ne pas les laisser venir à soi, c'est le premier commandement de la sagesse, la première façon de prouver qu'on n'est pas un hasard mais une nécessité. Le mot qu'on emploie couramment pour désigner cet instinct de défense c'est celui de « goût ». Son impératif ne commande pas seulement de dire « non » quand le « oui » serait une marque de « désintéressement », mais encore de dire « non » le moins souvent possible. Éloignons-nous, séparons-nous de ce qui nous obligerait à répéter le « non » sans cesse. Rien de plus raisonnable : car, si petites qu'elles soient, les dépenses de force défensive, quand elles deviennent la règle habituelle, amènent une pauvreté extrême et parfaitement superflue. Nos grandes dépenses sont faites de la répétition des petites. La défensive, la faction constante constituent - qu'on ne s'y trompe pas - une vraie dilapidation, un vain gaspillage des forces. En prolongeant l'état précaire que représente la défensive on s'affaiblit facilement au point de ne plus pouvoir se défendre. (...) mon instinct m'oblige[ant] à me replier sur moi-même pour repousser l'envahissement (...). Comment ne pas s'y transformer en hérisson ? – Mais les piquants sont un gaspillage, un double luxe, alors qu'il est loisible non seulement de n'en point avoir mais de tenir les mains ouvertes...
Une autre mesure de sagesse et de tactique défensive consiste à réagir le plus rarement possible, à se soustraire aux situations, aux conditions qui vous condamneraient à suspendre en quelque sorte votre initiative et votre « liberté » pour devenir un simple réactif.
(F.N. — EH2§8)(O.K.)