N'en jetons presque plus ! Trions, reprenons, détournons.
L'essentiel est presque bien dit et redit, en long, en large...
Reprenons serré, de travers, à travers.
Par les moyens d'avenir du présent. Pour le présent de l'avenir.
(OTTO)KARL

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2015-02-27

A.K. [thanks] O.K.

Le nom d'A.K. ne sera certainement pas inconnu des amateurs de la scène black metal parisien, ce dernier officiant, ou ayant officié, au sein de Love Lies Bleeding, Epic, Vorkreist, Merrimack ou encore Mahlkebre. Avec Decline of the I [comme pour déjà Love Lies Bleeding], le multi-instrumentiste se charge de la totalité de la composition, tout en s'entourant de musiciens pour l'enregistrement et le live. Avec son deuxième album, Rebellion, Decline of the I continue son exploration des travaux du biologiste français Laborit (…) sous la forme d'un black metal malsain, lourd et qui prend aux tripes.
(S., in Hardrock Magazine, janvier-février 2015)

Rebellion est la 2ème partie d’une trilogie qui repose sur les travaux du biologiste Henri Laborit. (…)
Le premier, [Inhibition], lourd et neurasthénique s’attardait sur l’inhibition de l’action (…).
Rebellion marque le moment où le sujet tente de répondre par la violence à cette agression. Vaine ou efficace, peu importe : il doit se battre, et cette réaction lui est salvatrice. Ainsi, ce deuxième album est plus violent, plus rapide, tout en gardant les éléments qui marquent le style de Decline of the I : une musique qui ne se donne aucune barrière de genre, et traverse sans complexe le Black Metal, le Doom, le post-hardcore, le drone, le breakcore, etc.
(v.s.w.)

En termes de one man band iconoclaste bourré de talent, Decline Of The I en impose méchamment. C'est armé de son second opus Rebellion qu'A.K., multi-instrumentiste prolifique et inspiré, revient nous hanter les neurones et d'emblée on est assailli de samples philosophiques, de riffs tranchants, de cris torturés et d'arrangements d'une intelligence rare, puisant aussi bien dans la musique classique que dans l'électro insaisissable. Decline Of The I ne suit aucun courant, trace sa route seul, une nouvelle preuve que le Metal Extrême Hexagonal est et restera un vivier d'artistes surprenants, toujours là pour nous proposer de la musique à la fois innovante, abrasive et sans compromis. Alors que bon nombre de formations sont toujours engagées dans cette course sans fin à l'extrémisme sonore, A.K. se détache du lot, nous offrant l'un des albums de Metal Noir le plus cérébral et original qui soit.
(T.M.)


A.K. : (…) De façon générale, Decline est un peu une synthèse de tout ce que je peux faire à côté, et c'est donc normal qu'un peu toutes mes influences s'y retrouvent. Mais le maître mot est, et sera toujours : faire ressortir ce que j'ai en moi, par la musique. Après, la forme précise importe peu tant que j'y trouve une cohérence. Même si d'extérieur, mixer un cours de Deleuze [et autres, via une postréalisation d'otto karl, merci] avec de la drill'n'bass semble un peu absurde, cela ne l'est pas du tout pour moi.

(…)
S. : Sur « Low Degree of God's Might », on peut entendre un sample qui est une citation d'Emil Cioran dans le film Un Siècle d'écrivains ; sur « Le Rouge, le vide et le tordu », un sample tiré de Mon Oncle d'Amérique ; sur « Piece of drowned motion », un extrait de La Mort en face de Robert Brasillach. Déjà sur le premier album un certain nombre de samples étaient utilisés au sein des morceaux d'une façon qui les structuraient et qui jouaient une importance dans le rendu final de la chanson, ça ne donnait pas l'impression d'avoir été placé là juste pour faire une couche supplémentaire. Ce sont toujours des citations qui portent des idées très fortes et surtout des pensées à la fois négatives mais en temps libératrices dans le sens que leur donnent leurs auteurs, comment se fait la sélection des films et passages utilisés ?

A.K. : Bien vu, en tout cas, car les extraits ne sont pas toujours simples à retrouver ! J'aime bien jouer avec cette idée propre au postmoderne qui dit qu'il n'y a pas de nouvelles formes fondamentales à inventer mais qu'on crée des alliages avec ce qui existe déjà pour obtenir de nouveaux agencements. C'est l'esprit du détournement, du sampling, que j'utilise avec Decline of the I. Je pense arriver à quelque chose d'assez propre, de peu commun, et pourtant je n'ai rien vraiment inventé. Et les extraits de ces films, penseurs, philosophes, sortis de leurs contextes (sans pour autant les déformer) participe à une sorte de nouveau discours, à l'émergence de nouvelles rencontres. Je vois un peu les morceaux de Decline comme des mondes avec leurs différentes strates, qu'on peut explorer au fil des écoutes. Les samples peuvent d'abord être pris purement musicalement : une texture de voix, un rythme de phrasé (que je re-travaille très souvent, parfois à la syllabe près). Puis quelques mots émergent, rendent l'ensemble un peu plus poétique, puis, enfin, le discours lui-même et sa mise en relation avec les autres samples, avec l'ambiance du morceau, etc. C'est un peu l'inverse de l'opéra, en fait : dans l'opéra, la musique est au service d'une histoire, d'un thème. Dans Decline, le propos sert la musique, rend l'expérience musicale plus dense.

S. : Le morceau « Hexenface » a une résonance toute particulière car on peut y entendre un texte en hommage à Marianne, aka LSK, qui a malheureusement disparu en octobre 2013, avec qui tu as collaboré au sein de nombreux projets et qui était certainement une amie très proche. À quel point son esprit a-t-il influencé la création de ce nouvel album ?

A.K. : Une bonne partie de l'album était terminée quand c'est arrivé. Mon père est d'ailleurs mort 15 jours après. C'était une très étrange époque pour moi. Je ne peux pas dire, directement, à quel point tout ceci a influencé ma musique, mais c'est évident qu'il y a quelque chose. Quand un ami m'a fait écouter [à dessein, par un pré-montage de 20 minutes, merci otto karl] des extraits du film inclus dans « Hexenface », j'ai été complètement troublé de voir à quel point il y avait moyen d'en faire une « rencontre » comme je disais plus haut. Il y a des éléments très personnels dans ce morceau, notamment la fin, mais je n'en dirai pas plus. Je l'ai fait avant tout pour moi, et aussi pour rendre hommage à celles et ceux qui étaient présents autour de moi pendant ces moments difficiles. Je ne peux que terminer par cette phrase [merci otto karl] qui m'a hanté pendant tous ces mois froids de l'année 2013 : La vie ne suffit pas.
(Hardrock Magazine, janvier-février 2015)

Extrait du livret :


> postmoderne ?
> fuir l'inhibition de l'action
> pour pensée la musique
> « La vie ne suffit pas » : parce que pas que + pourquoi écrire quand même
...
>>> [AU FOND, HENRI LABORIT, C'EST MOI]

2015-02-23

le dess(e)in ranimé

Du bon usage de la clandestinité (…). L'enfance, par définition, est clandestine, il suffit de s'apercevoir assez tôt que la surveillance et le dressage n'en finiront pas. Il y a une contre-vie enfantine qu'il s'agit de protéger, d'amplifier, de prolonger et de ranimer.
(Ph.S.)

> sauv(et)age de l'enfance
> l'enfance offensée
> jeu d'adulpte

> intervalles : le coup d'être vécu
> pour cette « clandestinité de la vie privée »
 

2015-02-15

du hérisson

Par une froide journée d’hiver, un troupeau de porcs-épics s’était mis en groupe serré pour se garantir mutuellement contre la gelée par leur propre chaleur. Mais tout aussitôt ils ressentirent les atteintes de leurs piquants, ce qui les fit s’éloigner les uns des autres. Quand le besoin de se chauffer les eut rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de façon qu’ils étaient ballottés de çà et de là entre les deux souffrances, jusqu’à ce qu’ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui leur rendit la situation supportable. Ainsi, le besoin de société (...) pousse les hommes les uns vers les autres ; mais leurs nombreuses qualités repoussantes et leurs insupportables défauts les dispersent de nouveau. La distance moyenne qu’ils finissent par découvrir et à laquelle la vie en commun devient possible, c’est la politesse et les belles manières.
(A.S.)(O.K.)

En tout cela, (...) on suit les ordres donnés par un instinct de conservation dont la manifestation la plus nette est celle de l'instinct défensif. Fermer les yeux sur bien des choses, s'abstenir de les écouter, ne pas les laisser venir à soi, c'est le premier commandement de la sagesse, la première façon de prouver qu'on n'est pas un hasard mais une nécessité. Le mot qu'on emploie couramment pour désigner cet instinct de défense c'est celui de « goût ». Son impératif ne commande pas seulement de dire « non » quand le « oui » serait une marque de « désintéressement », mais encore de dire « non » le moins souvent possible. Éloignons-nous, séparons-nous de ce qui nous obligerait à répéter le « non » sans cesse. Rien de plus raisonnable : car, si petites qu'elles soient, les dépenses de force défensive, quand elles deviennent la règle habituelle, amènent une pauvreté extrême et parfaitement superflue. Nos grandes dépenses sont faites de la répétition des petites. La défensive, la faction constante constituent - qu'on ne s'y trompe pas - une vraie dilapidation, un vain gaspillage des forces. En prolongeant l'état précaire que représente la défensive on s'affaiblit facilement au point de ne plus pouvoir se défendre. (...) mon instinct m'oblige[ant] à me replier sur moi-même pour repousser l'envahissement (...). Comment ne pas s'y transformer en hérisson ? – Mais les piquants sont un gaspillage, un double luxe, alors qu'il est loisible non seulement de n'en point avoir mais de tenir les mains ouvertes...
Une autre mesure de sagesse et de tactique défensive consiste à réagir le plus rarement possible, à se soustraire aux situations, aux conditions qui vous condamneraient à suspendre en quelque sorte votre initiative et votre « liberté » pour devenir un simple réactif.
(F.N. — EH2§8)(O.K.)