N'en jetons presque plus ! Trions, reprenons, détournons.
L'essentiel est presque bien dit et redit, en long, en large...
Reprenons serré, de travers, à travers.
Par les moyens d'avenir du présent. Pour le présent de l'avenir.
(OTTO)KARL

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2008-08-31

l'envergure des corps

C'est d'ordinaire avec notre être réduit au minimum que nous vivons, la plupart de nos facultés restent endormies, parce qu'elles se reposent sur l'habitude qui sait ce qu'il y a à faire et n'a pas besoin d'elles.
(M.P.)

Il s'agit d'occuper sa vraie dimension. C'est la recherche de sa vraie dimension. Je crois que nous vivons tous un peu au-dessous de nos moyens (...) alors notre véritable envergure où se trouve-t-elle ?
(M.M.)

Je n'avais qu'un seul but du matin jusqu'au soir : me tailler une existence à mes propres mesures.
(F.N.)

2008-08-26

notre valise en carton

Qui soutient la littérature ? Vous, moi. C’est-à-dire des gens sans revenus. La littérature est soutenue par une clientèle de déclassés. Nous sommes des exilés sociaux et nous emportons la littérature dans nos maigres bagages.
(R.B.)

lacTEL

Souvent, l'essentiel se trouve dans l'anecdote.
(M.O.)

2008-08-21

déjeuner sur de l'herbe sous le pied dans la tombe

– Oui, à cette œuvre, cette idée du temps, que je venais de former, disait qu’il était temps de me mettre. Il était grand temps, cela justifiait l’anxiété qui s’était emparée de moi (...) ; mais était-il temps encore ? L’esprit a ses paysages dont la contemplation ne lui est laissée qu’un temps. J’avais vécu comme un peintre montant un chemin qui surplombe un lac dont un rideau de rochers et d’arbres lui cache la vue. Par une brèche il l’aperçoit, il l’a tout entier devant lui, il prend ses pinceaux. Mais déjà vient la nuit, où l’on ne peut plus peindre, et sur laquelle le jour ne se relèvera plus ! (...)
car mon heure pouvait sonner dans quelques minutes. (...)
Je n’avais plus mon indifférence (...), je me sentais accru de cette œuvre que je portais en moi (comme de quelque chose de précieux et de fragile qui m’eût été confié et que j’aurais voulu remettre intact aux mains auxquelles il était destiné et qui n’étaient pas les miennes).
Et dire que tout à l’heure, quand je rentrerais chez moi, il suffirait d’un choc accidentel pour que mon corps fût détruit, et que mon esprit, d’où la vie se retirerait, fût obligé de lâcher à jamais les idées qu’en ce moment il enserrait, protégeait anxieusement de sa pulpe frémissante et qu’il n’avait pas eu le temps de mettre en sûreté dans un livre [ou autre]. Maintenant, me sentir porteur d’une œuvre rendait pour moi un accident où j’aurais trouvé la mort plus redoutable, même (dans la mesure où cette œuvre me semblait nécessaire et durable) absurde, en contradiction avec mon désir, avec l’élan de ma pensée, mais pas moins possible pour cela puisque les accidents, étant produits par des causes matérielles, peuvent parfaitement avoir lieu au moment où des volontés fort différentes, qu’ils détruisent sans les connaître, les rendent détestables, comme il arrive chaque jour dans les incidents les plus simples de la vie où, pendant qu’on désire de tout son cœur ne pas faire de bruit à un ami qui dort, une carafe placée trop au bord de la table tombe et le réveille.
Je savais très bien que mon cerveau était un riche bassin minier, où il y avait une étendue immense et fort diverse de gisements précieux. Mais aurais-je le temps de les exploiter ? J’étais la seule personne capable de le faire. Pour deux raisons : avec ma mort eût disparu non seulement le seul ouvrier mineur capable d’extraire les minerais, mais encore le gisement lui-même ; or, tout à l’heure, quand je rentrerais chez moi, il suffirait de la rencontre de l’auto que je prendrais avec une autre pour que mon corps fût détruit et que mon esprit fût forcé d’abandonner à tout jamais mes idées nouvelles. Or, par une bizarre coïncidence, cette crainte raisonnée du danger naissait en moi à un moment où, depuis peu, l’idée de la mort m’était devenue indifférente.(...)
à force de se renouveler cette crainte s’était naturellement changée en un calme confiant. (...)
Ces morts successives, si redoutées du moi qu’elles devaient anéantir, si indifférentes, si douces une fois accomplies, et quand celui qui les craignait n’était plus là pour les sentir, m’avaient fait, depuis quelque temps, comprendre combien il serait peu sage de m’effrayer de la mort.
Or c’était maintenant qu’elle m’était devenue depuis peu indifférente que je recommençais de nouveau à la craindre, sous une autre forme il est vrai, non pas pour moi, mais pour mon livre, à l’éclosion duquel était, au moins pendant quelque temps, indispensable cette vie que tant de dangers menaçaient. Victor Hugo dit : « Il faut que l’herbe pousse et que les enfants meurent. » Moi je dis que la loi cruelle de l’art est que les êtres meurent et que nous-mêmes mourions en épuisant toutes les souffrances pour que pousse l’herbe non de l’oubli mais de la vie éternelle, l’herbe drue des œuvres fécondes, sur laquelle les générations viendront faire gaiement, sans souci de ceux qui dorment en dessous, leur « déjeuner sur l’herbe ».
(M.P.)

s'AéRer

Il y eut de petits groupes de peintres venus de montparnasse (...) Simplement je leur disais : « Votre montparnasse, où est le mont ? Ici, j'ai de l'air et autour de moi, personne ne peint. Comment pouvez-vous vivre dans une si forte odeur de peinture ? » Il m'assuraient : « Nous ne nous gênons pas ; nous nous protégeons. » Je le voyais bien ; il suffisait de regarder leur peinture, un terrible pompiérisme d'avant-garde. Quand ils étaient vingt à faire un peu près le même truc, ils croyaient avoir fondé une école. (...) Et je pensais : après avoir gratté, comment peuvent-ils se retrouver tous au café, presque tous pauvres, inconnus, crasseux ? Moi ça me casserait les pattes, j'aurais une telle trouille de leur ressembler...
Evidemment, j'avais de la chance ; ils me la reprochaient. (...)
Eux aussi, ils avaient croupi depuis quarante ans. — « Mais je n'ai pas croupi, leur disais-je. Il ne faut surtout pas croupir ; il faut s'aérer tout le temps et peindre au milieu des hommes. Les sociétés d'artistes sont des sociétés de singes dans un marécage où pointent quelques arbres, jamais assez pour se percher. » Et pour leur montrer que je n'avais pas croupi, je leur disais les travaux que j'avais faits en Toscane, bûcheron, vigneron, étalon. Barbouiller tout le temps, c'est la mort du peintre. Ça les amusait un peu. Il y en avait toujours un qui pensait : « Bon, si je veux, demain, je vais vivre d'olives et de pain dans une petite Cyclade. Je peins quand ça me gratte vraiment. Au fond, son truc, n'importe qui peut le faire... » De savoir que, s'ils voulaient... leur suffisait pour un temps. L'année d'après, on les retrouvait enfoncés dans leur marais. Déjà, on ne voyait plus que la tête. Bientôt on entendait gloup et il n'y avait plus qu'une grosse bulle. J'en ai vu disparaître des quantités.
(J.P.)

2008-08-20

vivant professionnel

D. aspirait à la maîtrise. Et son métier, c'était la vie.
(J.P.)

Vivre est un métier ; celui du philosophe est de vivre bien.
(O.K.)

2008-08-19

poten... tiel

Chaque jour où nous manquons à vivre au maximum de notre potentiel, nous tuons le shakespeare, le dante, l'homère, le [rimbaud] qui sont en nous.
[H.M.]

voeux pi(†)eux

19/02/07
Seigneur, pour mon amie Monique [à qui l'on vient] d'annoncer un cancer. (...) Fortifie notre foi en l'Espérance...


29/03/07
Pour Monique qui supporte mal son traitement, aide la seigneur.


11/04/07
Pour Monique que tu as rappellé. (...) qu'elle repose en paix.


(merci à dj kl de lepostier.fr)

2008-08-18

O+

Elle souffrait que je puisse m'accommoder des règles qu'elle avait elle-même édictées, que je n'eusse pas assez de force pour les enfreindre. Le premier jour, déjà, elle m'avait dit que je pouvais tout casser, c'était dire : tu peux tout faire pourvu que ce soit fait avec une force, un désir suffisants. Le « non, je ne veux pas » d'une femme ne signifie [pas forcément] une volonté formelle. [Mais bien souvent un :] « Sois plus convaincant, sois plus amoureux, transporte-moi dans la région où je n'ai plus de volonté, où ma volonté devient la tienne par amour et non par faiblesse. »
(J.P.)[O.k.]
cf. king/kang
cf. couple mégéré
cf. les trop chères tyrans chéries

2008-08-16

des-ordres

Je fais des phrases avec des choses. (...)
Le comble de l'art c'est de mettre un peu d'ordre ; à la fois dans sa tête et dans ce qui est autour.
(L.P.)

2008-08-15

otto mobile

... bourgeois.
C'est désormais la forme raciale de l'humanité.
Peut-être que s'engager contre tout ça
ne veut pas dire écrire, en homme engagé,
dirais-je,
mais vivre.
(...)
Voilà.
Voilà, ce sont les oeuvres que je voudrais faire,
qui sont ma vie future — mais aussi passée —
et présente.
Tu sais — je te l'ai dit, vieil ami (...) —
que rien ne vaut la vie.
C'est pourquoi je ne voudrais que vivre,
même en tant que poète,
parce que la vie s'exprime aussi par elle-même.
Je voudrais m'exprimer avec des exemples.
Jeter mon corps dans la lutte.
(...)
— en tant que poète je serai poète de choses
Les actions de la vie
ne seront que communiquées,
et seront, elles, la poésie,
puisque je le répète,
il n'y a pas d'autre poésie que l'action réelle
(...)
Je ne ferai pas cela de bon coeur
J'aurai toujours le regret de cette autre poésie
qui est action elle-même,
dans son détachement des choses,
dans sa musique qui n'exprime rien
sinon son aride et sublime passion
pour elle-même.
(P.-P.P.)

le récepteur idéal

Montrer mes dernières peintures à S., c'était toujours la même fête, le plus grand plaisir d'intelligence. Il comprenait aussitôt tout ce que j'avais voulu faire, s'émerveillait de ce que tout autre eût pris pour une faute.
(J.P.)

en avant ? gare !

Que se passe-t-il dans l'esprit d'un créateur pour qu'il secrète sa propre beauté [ou vérité] tellement à contre-courant du goût populaire ?
(J.P.)

2008-08-14

disciplination

Je discipline le fouillis, j'allège ; ce dont je suis parti n'est plus qu'un souvenir, mais je peins toujours, avec le même force.
(J.P.)

UNdivisiblE

Je dois me presser à fond. Une si longue toile, qui sera à la fois une et divisible.
(J.P.)

2008-08-13

le mariage

Le mariage est la cause principale de divorce.
Le mariage c'est résoudre à deux les problèmes qu'on n'aurait pas eus tout seul.
Avec le mariage, quelque chose finit pour les hommes. Pour les femmes, c'est l'inverse : quelque chose commence.
Beaucoup de divorces sont nés d'un malentendu. Beaucoup de mariages aussi.
Le mariage est une expérience chimique dans laquelle deux corps inoffensifs peuvent, en se combinant, produire un poison.
Le mariage doit incessamment combattre un monstre qui dévore tout : l'habitude.
L'amour est un plat vite écoeurant, quand le mariage lui sert de sauce.
Ne sois pas déçu en surestimant le bonheur dans le mariage. Souviens-toi des rossignols qui chantent seulement dans les mois du printemps, mais sont généralement silencieux lorsqu'ils ont pondu.
Que d'époux ne sont séparés que par le mariage !
Le mariage n'est pas le plaisir, c'est le sacrifice du plaisir, c'est l'étude de deux âmes qui pour toujours désormais auront à se contenter l'une de l'autre.
Le plus grand malheur de l'homme, c'est un mariage heureux. Aucun espoir de divorce.
Le mariage est un état trop parfait pour l'imperfection de l'homme.
Les chaînes du mariage sont si lourdes qu'il faut être deux pour les porter. Quelquefois trois.
Le mariage est un dîner qui commence par le dessert.
Le mariage est comme la mort : peu de gens y arrivent préparés.
Le mariage est la mort morale de toute indépendance.
Le mariage, au contraire de la fièvre, commence par le chaud et finit par le froid.
La familiarité engendre le mépris, on le sait bien.
L'amour est aveugle, et le mariage, c'est le contraire.
La haine, comme l'amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va.
Le mariage révèle le masochiste qui sommeille en vous.
L'une des seules joies des gens mariés, c'est d'assister au mariage des autres... une joie bien perverse !
Le mariage semble inventé pour récompenser les pervers.
Faire la cour avant le mariage est un charmant prologue pour une pièce bien ennuyeuse.
Le mariage fait les êtres vieux et routiniers avant l'âge.
Le mariage met fin à beaucoup de brèves folies par une longue sottise.
Je suis pour l'indissolubilité du mariage. C'est le seul moyen de ne pas faire l'imbécile deux fois.
Le mariage vaut plus par ce qu'il nous épargne que par ce qu'il nous procure.
Tenter le mariage n'est pas grave en soi. Il y a de plus en plus de mariages à l'essai. Ce qui est plus grave, c'est qu'il n'existe pas encore de formule pour les « enfants à l'essai ».
Un bon mariage serait celui où l'on oublierait, le jour, qu'on est amants, la nuit, qu'on est époux.
[divers]

révolte individuelle de bien commun

Tu peux serrer une abeille dans ta main jusqu'à ce qu'elle étouffe, elle n'étouffera pas sans t'avoir piqué, c'est peu de chose, mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu'il n'y aurait plus d'abeilles.
(J.P.)

2008-08-04

si... la vie!

Je guérirai très souvent si je rencontre des amours, des amis comme vous ou des livres ; je guérirai tous les jours si je travaille tous les jours.
(J.P.)

le grand secret de la petite vie

- Pourquoi restez-vous curé ?
- Parce que j´ai commencé. C´est le secret de la vie de bien des gens.
(J.P.)
cf. la vie en creux

2008-08-02

la vie en creux

Moi, votre vie, je la comprends. Ça s´est passé tout doucement. Les chemins se sont fermés un à un et il ne vous en est plus resté qu´un seul. Vous y êtes et vous le trouvez bougrement étroit, tocard et pourtant vous continuez. Vous avez vaguement conscience que vous pourriez encore tout foutre en l´air, mais il y a les gosses, le creux du matelas, le boulot sûr, l´ignorance du monde.
(J.P.)

cf. le grand secret de la petite vie
cf. contre la misère misérable
cf. statistuquo
cf. la routine ça n'arrive qu'aux autres

2008-08-01

artiste conscient

Il y a des artistes inconscients et d´autres parfaitement conscients.
Les premiers ne sont ni inférieurs ni supérieurs aux seconds. Mais les seconds sont indispensables aux périodes de transition.
(J.R.)

La mission d´un artiste est de précéder le troupeau. Il doit réveler les sentiments cachés, ouvrir la fenêtre sur des paysages qui, bien sûr, existaient déjà, mais que nous discernions mal, cachés qu´ils étaient par le brouillard des fausses traditions.
(J.R.)

cf. créateur, de conscience
cf. le grand homme