N'en jetons presque plus ! Trions, reprenons, détournons.
L'essentiel est presque bien dit et redit, en long, en large...
Reprenons serré, de travers, à travers.
Par les moyens d'avenir du présent. Pour le présent de l'avenir.
(OTTO)KARL

> page d'accueil

2016-03-29

quarante( )aire

(M.S.)(I.K.)(J.D.)
J'ai eu quarante ans (...) Certes, c'est déjà la mort qui vient, mais c'est aussi l'occasion de participer d'une vérité éternelle : quoi de plus éternel, quoi de plus vrai en effet que le temps qui passe ? (...) il y a dans l'acceptation lucide de ce que nous sommes quelque chose de salutaire. (...) comme si de ne plus trop attendre de la vie était la meilleure façon de l'aimer, comme si de ne plus trop attendre des autres était la meilleure façon de les apprécier. Ce n'est pas une pensée qu'on a à vingt ans (...). À quarante ans, c'est différent : il faut apprendre à vivre avec cet écart entre ce que la vie aurait pu être et ce qu'elle est réellement. Intégrer le poids étrange du temps...
(Ch.P.)

Mais...
Atteindre la quarantaine ? Alors que je n'ai vécu pour ainsi dire que ça.
(O/<.)

>
29 mars 2009
29 mars 2010
29 mars 2011
29 mars 2012
29 mars 2013
29 mars 2014
29 mars 2015

 

comme en 39

Un miroir me fait face, et son regard me sort par les yeux.
(O.K.)
 
Je regardais ce visage dans le miroir, je regardais ce visage déjà vieux et pourtant mien, et c'est un état qu'il est des plus étranges de devoir associer à soi-même la vieillesse, ou du moins – car je n'étais pas encore vraiment vieux, j'allais avoir quarante ans dans quelques mois –  la fin incontestable des caractéristiques de la jeunesse lisible sur les traits de son propre visage.
(J.-P.T.)


2016-03-27

du philosopoétique

Mon philosophique sera poétique ou ne sera pas.
(O.K.)

Mais ce qui m'excite presque physiquement, c'est ton mélange fantastique d'intellect et d'une irrationalité absolument et frénétiquement logique, cette poésie philosophique, cette philosophie poétique dont nous avons un peu parlé (…) mais dont la portée dépasse de très loin les bornes de notre conversation. Car ce n'est pas qu'il y ait deux sphères côte à côte – la philosophie et la poésie – c'est que leur fusion donne naissance à une troisième chose dont on ne saurait sans doute même pas saisir la valeur.
(…)
Le vrai charlatanisme, ce sont ces écoles à produire des philosophes diplômés, ceux qui ont obtenu leur brevet de pensée philosophique – quelle ignoble et effroyable absurdité que de tester quelqu'un sur la connaissance de x manuels et de lui octroyer le titre de philosophe (…). Cela n'a rien à voir avec la philosophie (…)
Voilà pourquoi ton travail [philosophique] est tel qu'il est, voilà pourquoi il a servi à d'autres fins que purement philosophiques, qu'il peut être un point de départ et une base sur laquelle construire. Je ne crois pas et ne croirai sans doute jamais qu'en philosophie on puisse parvenir où que ce soit à pied sec, en suivant la voie de l'érudition, de l'instruction policée.
(…)
… ta philosophie n'est pas assez rébarbative pour orner les rayonnages des bibliothèques académiques, c'est sa supériorité et non son défaut et c'est surtout son plus grand espoir (...)
tu as (…) éprouvé le besoin de faire ce qui a du sens, même si en fait c'est à un moment donné un sens que tu ignores ou qui ne se révélera qu'au bout d'un certain temps, voire d'un temps certain. Fais confiance à ce don (…)
… cette vision qui te donne des longueurs et des longueurs d'avance. (…) qui est le terreau nourricier de la poésie et de la philosophie mais aussi de ce qui n'a pas encore de nom, ce qui résulte de leur mélange homogène. (…) S'il existe un espoir concret que tu produises un fruit mûr (et tel est bien le cas) alors c'est seulement à condition que ce fruit te comprenne tout entier, avec tes chaussettes, ton horreur des bibliothèques, ta barbe, ta bière, ta fantaisie, ton intellect, ta queue, tout ce qui se rapporte à toi. Rien ne m'enthousiasme tant que l'espoir d'une oeuvre qui naîtra en lien direct avec tout cela, une oeuvre (…) crue, brute et monstrueuse, mais absolue.
(J.C.)

2016-03-24

la médiocratie

Le système encourage l'ascension des acteurs moyennement compétents au détriment des super compétents ou des parfaits incompétents. Ces derniers parce qu'ils ne font pas l'affaire et les premiers parce qu'ils risquent de remettre en cause le système et ses conventions. Le médiocre doit avoir une connaissance utile qui n'enseigne toutefois pas à remettre en cause ses fondements idéologiques. L'esprit critique est ainsi redouté car il s'exerce à tout moment envers toute chose, il est ouvert au doute, toujours soumis à sa propre exigence. Le médiocre doit « jouer le jeu ».
(...)
Jouer le jeu veut pourtant dire accepter des pratiques officieuses qui servent des intérêts à courte vue, se soumettre à des règles en détournant les yeux du non-dit, de l'impensé qui les sous-tendent. Jouer le jeu, c'est accepter de ne pas citer tel nom dans tel rapport, faire abstraction de ceci, ne pas mentionner cela, permettre à l'arbitraire de prendre le dessus. Au bout du compte, jouer le jeu consiste, à force de tricher, à générer des institutions corrompues.
La corruption arrive ainsi à son terme lorsque les acteurs ne savent même plus qu'ils sont corrompus. (...) [Par exemple,] Quand l'université forme des étudiants pour en faire non pas des esprits autonomes mais des experts prêts à être instrumentalisés.
(...)
L'expert est souvent médiocre, au sens où je l'ai défini. Il n'est pas incompétent, mais il formate sa pensée en fonction des intérêts de ceux qui l'emploient. Il fournit les données pratiques ou théoriques dont ont besoin ceux qui le rétribuent pour se légitimer. Pour le pouvoir, il est l'être moyen par lequel imposer son ordre.
L'expert s'enferme ainsi dans les paramètres souhaités par telle entreprise, telle industrie, tel intérêt privé.
(A.D.)
Edward Said en parle très bien : l’expert ne se préoccupe pas de ce que son savoir génère. On peut très bien être géologue, aller chercher du zinc ou du cuivre au Katanga, mais être totalement incompétent quand il s’agit de penser les incidences de cette pratique à l’échelle du Congo. L’industrie ne veut pas qu’ils soient compétents, car ce n’est pas dans son intérêt. À l’inverse, l’intellectuel agira en « amateur », c’est-à-dire en aimant son sujet et en se sentant concerné par toutes ses dimensions, ce qui appelle nécessairement à l’interdisciplinarité.
(A.D.)

Sans surprise, c'est le milieu, le centre, le moyen qui dominent la pensée politique. Les différences entre les discours des uns et des autres sont minimes, les symboles plus que les fondements divergent, dans une apparence de discorde. Les « mesures équilibrées », « juste milieu », ou « compromis » sont érigées en notions fétiches. C'est l'ordre politique de l'extrême centre dont la position correspond moins à un point sur l'axe gauche-droite qu'à la disparition de cet axe au profit d'une seule approche et d'une seule logique.
Dans ce contexte médiocre, règne la combine. (...) Aucune vision d'avenir, tout le jeu politique est à courte vue, dans le bricolage permanent.

Comment résister à la médiocratie ? Résister d'abord au buffet auquel on vous invite, aux petites tentations par lesquelles vous allez entrer dans le jeu. Dire non. Non, je n'occuperai pas cette fonction, non, je n'accepterai pas cette promotion, je renonce à cet avantage ou à cette reconnaissance, parce qu'elle est empoisonnée. Résister, en ce sens, est une ASCÈSE [cf. Otto Karl], ce n'est pas facile.
Revenir à la culture et aux références intellectuelles est également une nécessité. Si on se remet à lire, à penser, à affirmer la valeur de concepts aujourd'hui balayés comme s'ils étaient insignifiants, si on réinjecte du sens là où il n'y en a plus, quitte à être marginal, on avance politiquement. Ce n'est pas un hasard si le langage lui-même est aujourd'hui attaqué...
(A.D.)

- merci à M.S. -

2016-03-22

de l'étHiquette stylistique

C'est surtout la phrase, une façon d'écrire qui (...) a quelque chose de vagabond. (...) Le vagabondage, c'est là. Il suffit pas de le dire, il faut faire ce qu'on dit. Et donc j'ai essayé — j'ai un peu réussi, j'imagine — de rendre ça dans la phrase. (...) une écriture vagabonde et sans racine, la plus légère possible...
(J.-J.S.)

 …
 apparaît, derrière le style, à l'horizon, comme une morale. Il y a, on revient (...) à la musique, il y a dans le phrasé d'un écrivain — des bons écrivains, des meilleurs écrivains —, dans la musique, dans la tonalité, il y a la proposition d'un monde, d'un monde parfois très singulier, d'un monde auquel on peut adhérer ou non, il y a la proposition, j'y vois toujours la proposition d'une morale, en dehors du contenu. J'y vois une proposition de ne pas être statique, j'y vois un clin d'oeil qu'on me fait dans la pure forme, dans un balancement, comme une fille qui marche dans la rue, comme dans le rythme, la cadence de Baudelaire, dans sa prosodie, où l'on voit très vite que la morale [et alors plutôt l'éthique] est là, dans la phrase.
 (J.-J.S.) [O.K.]

2016-03-21

with/out camera

A camera is a tool for learning how to see without a camera. (D.L.)
(Une caméra est un outil pour apprendre à voir sans caméra.)

2016-03-20

totalité de sens contre sens totalitaire

J'ai voulu dire ce que ça dit, littéralement et dans tous les sens. (A.R.)
… au sein déconcertant de l'équiprobabilité ambiante, j'ai assisté (...) aux naissances multiples du sens. (A.R.-G.)
… le sens, en effet, se met à foisonner… (A.R.-G.)
Le sens, s'il est unique, est toujours totalitaire.
(A.R.-G.)

2016-03-18

un otteur : compositeur

... entre chiffonnier et scribe, je me vois plutôt comme ça. Là, je parle de choses matérielles, d'avoir les poches pleines de papiers, de petits papiers, de choses que j'ai trouvées, un côté « bout de ficelle », de devoir en faire un livre...
(J.-J.S.)

Je vous dis, je me vois à moitié comme scribe, à moitié comme chiffonnier et un tout petit peu commentateur.
(J.-J.S.)

Leur ordre a été un casse-tête. Qu’est-ce qui doit être avant ou après (...). Ces questions de composition m’intéressent davantage que l’écriture, qui est un processus qui ne me passionne pas : le montage, la citation, l’emprunt d’objets ou de textes trouvés, les intégrer ensemble, voilà ce qui me plaît. Ce que je préfère, c’est quand je prends deux textes qui ne sont pas de moi, un article de journal ou un extrait de livre, et que je les confronte. Là, j’ai l’impression de jouer une partition. Il y a le plaisir de travailler des choses extérieures à soi.
(...) Je n’ai pas de grille préétablie. J’ai quelques points forts (...) et j’essaie de faire tenir tout cela ensemble, en gardant un argument. (...)
L’écriture n’est pas une partie de plaisir, la composition ça peut l’être. (...)
Je recherche deux choses à la fois : la fluidité, le flux qui traverse les phrases, (...) et d’autre part, le rythme obtenu par le montage : deux choses antithétiques. Le flux hypnotique s’accommode très mal du coup de ciseau clinique du montage. J’aime faire rejoindre ces deux pôles très lointains.
(J.-J.S.)

>
au fond, jean-jacques schuhl, c'est moi
Chapitre : Compos(t)age
Chapitre : otteur

2016-03-15

téléchat sont gris

R.G. — Quel public visiez-vous ?

Éric Van Beuren — On n'y réfléchissait pas trop. Ce qu'on souhaitait, c'était créer une émission comportant plusieurs niveaux de lecture. Le premier niveau était celui des enfants, le comique de situation. Mais Téléchat était remplie de références politiques ou sexuelles. Dans l’un des épisodes, Groucha interviewe le gluon du galet, qui se plaint d'être sec, mouillé, sec, mouillé, etc. Tous les adultes voyaient la référence au coït. Mais nous n'avons jamais été attaqués, ce niveau de lecture n'étant absolument pas discernable pour des enfants.

(ne pas) réfléchir, that is the question



2016-03-14

déclaration d'impôt

Denis [Diderot] se sait léger, papillonnant, curieux de tout. Il se plaît en éternel étudiant, mais il n'ignore pas que son goût insatiable d'apprendre, de rencontrer, d'échanger, de jouer sur les idées et sur les mots ne peut faire de lui qu'un superbe dilettante qui deviendra au fil des années un vieux jeune homme à la tête folle et aux mains vides. [La situation qu'il s'impose alors] lui impose (...) de produire, de cesser de butiner pour le seul plaisir, de fabriquer enfin du miel. S'obliger à gagner de l'argent, c'est s'obliger à écrire, à donner une consistance matérielle à ces pensées volatiles qui s'évaporaient dans les discussions de café et les discours de trottoir. Comme souvent dans sa vie, Diderot s'est fabriqué un joug pour se forcer à aller là où il doit.
(P.L.)

2016-03-10

« chevalier » moi

Cependant, les [chevaliers] qui cherchaient ce Graal, nous voulons croire qu’ils n’étaient pas dupes. Comme leur DÉRIVE nous ressemble, il nous faut voir leurs promenades arbitraires, et leur passion sans fins dernières. Le maquillage [spirituel] ne tient pas. Ces cavaliers d’un western mythique ont tout pour plaire : une grande faculté de s’égarer par jeu ; le voyage émerveillé ; l’amour de la vitesse ; une géographie relative.
(P.)

2016-03-07

en pointillés, mikhaël hers, c'est moi

C’est un format très granuleux, il y a de la matière, presque une épaisseur dans l’image, on pourrait avoir prise sur elle. Elle est imparfaite, très différente des images lisses, totalement définies, “sur-définies” du numérique [> le génie du primitivisme...]. Je pense que c’est un format qui se prête assez bien à la thématique du passage du temps, à l’enchevêtrement des époques.
 (...)
... en tout cas c’est un cinéaste [Éric Rohmer] qui compte énormément pour moi. La psychologie de ses personnages, leurs sentiments, la façon de filmer, de s’emparer d’un lieu, la topographie, l’économie de moyens avec laquelle il faisait ses films sont pour moi des références majeures. (...)
Je vois des films mais je n’ai pas un rapport obsessionnel avec le cinéma. Je peux m’en passer très bien alors que je ne peux pas me passer de musique, j’en écoute tous les jours. En revanche, je peux rester des semaines sans voir un film.
(...)
J’essaie de faire en sorte qu’on puisse voir mes films d’une manière assez primaire, assez sensorielle. Ce sont des films d’atmosphère, d’impression donc ça se rapproche du rapport assez direct qu’on peut avoir avec la musique. Cela ne passe pas par l’intellect. On est touché par une mélodie ou on ne l’est pas. J’aimerais que mes films soient musicaux, pas uniquement parce qu’il y a de la musique à l’intérieur. Je cherche un rythme dans lequel on puisse se sentir bien 
 (...)
... je connais assez peu de monde dans le milieu, je fais mes films et je prends plaisir à voir ceux des autres mais je ne pense pas appartenir à une famille, mais ça va venir…
(M.H.)

2016-03-04

perd ou... sévère

Je suis... merde...

Je suis dans la merde, voilà ce que je suis.
(C.S.)

J'aurais pu être millionnaire / Avec piscine et vue sur la mer / Mais je suis dans la merde / Et je vous emmerde.
Sentimentalement démissionnaire / Professionnellement suicidaire / Tu vois, moi je suis dans la merde / Et je vous emmerde.
(P.K.)