N'en jetons presque plus ! Trions, reprenons, détournons.
L'essentiel est presque bien dit et redit, en long, en large...
Reprenons serré, de travers, à travers.
Par les moyens d'avenir du présent. Pour le présent de l'avenir.
(OTTO)KARL

> page d'accueil

2008-06-27

feu !

Un jour il me sembla qu'en silence et à jamais, une porte s'était fermée entre moi et toutes les adresses et les catalogues d'éditeurs. Alors je me dis : maintenant je vais pouvoir écrire. Maintenant, je vais pouvoir ne faire qu'écrire.
(W.F.)

ces ânes

Peu de créateurs ont été plus incompris, plus solitaires.
(M.-P.F)
Peu de génies ont été aussi mal compris que lui de son vivant ; et pourtant Cézanne était si heureux que l'on aime sa peinture…
(-)

2008-06-24

citétranse

Parler avec les mots des autres. Ce doit être ça, la liberté.
(J.E.)

Les idées s’améliorent. Le sens des mots y participe. Le plagiat est nécessaire. Le progrès l’implique. Il serre de près la phrase d’un auteur, se sert de ses expressions, efface une idée fausse, la remplace par l’idée juste.
(I.D.)

(...) Si le premier fascicule des Poésies fait entendre le refus de devenir un lecteur aliéné et soumis par une certaine rhétorique professorale, le deuxième a pour enjeu de nous proposer une autre lecture : un rapport insolent aux textes renversant la docte méthode des [professeurs], un rejet de la fidélité effacée du bon exégète au profit d’une appropriation active qui contraint le lecteur à l’engagement le plus compromettant. Deux brefs paragraphes soulignent en effet qu’il n’y a jamais de formulation définitivement acquise et qu’une vraie lecture est aussi une réécriture.
(...)
Redoutable transgression que le « plagiat » selon isidore ducasse, qui justifie les lectures fautives et encourage à retoucher les textes au nom du Progrès – manière bien perverse de jouer une valeur contre une autre. Et cette lecture irrévérencieuse constitue précisément l’un des principaux procédés d’écriture des Poésies. Après tout, si « la poésie doit être faite par tous », l’encre rouge aussi appartient à tous. Et c’est bien de cette encre rouge que semble écrit le texte des Poésies, constitué pour une large part d’une soixantaine de maximes empruntées à Pascal, La Rochefoucauld et Vauvenargues – empruntées, mais surtout corrigées. (...) Comprenons [par là] qu’il n’existe pas d’autorité dont un lecteur ne puisse contester le texte figé, que le vrai réside dans le devenir d’une correction permanente, et non dans une fossilisation sacralisée.
(V.H.)

Transposez ou c'est la mort !
(L.F.-C.)

2008-06-20

àvienture

Quand je tâche de saisir d'un seul regard mes expériences d'enfant, il me semble que je les vois conduites par deux sentiments : l'un est que la vie est une aventure très longue et presque infinie. Qu'elle est, à vrai dire, l'aventure la plus longue que connaisse chacun de nous (ce qui est d'ailleurs évident mais paradoxal pourtant). Qu'il n'y a donc pas à se presser. Que nous arriverons, avec de la patience, à tout savoir. Qu'une seule année, un jour, une heure peuvent offrir une richesse d'événements presque inconcevable et qu'entre toutes les sottises que nous pouvons imaginer, il n'en est pas de plus sotte que celle qui consiste à penser (ou tout au moins à dire) que la vie est courte.
Il s'y joignait ce sentiment — absurde, il se peut — que si nous n'observons pas assez, ou assez bien, les événements qui passent, c'est par crainte de manquer de temps, de ne pouvoir pousser jusqu'au bout l'observation ni l'expérience. Donc que c'est par peur que nous nous contentons la plupart du temps de réflexions imparfaites ou d'observations controuvées. Mais c'est là une peur que dissipe (me disais-je) la plus légère réflexion.
Depuis j'ai vieilli, mais j'ai fermement gardé ce sentiment. Même je m'étonne quand je vois les savants tenter d'expliquer cette impression — qui serait, à les entendre, courante — que les jours et les heures semblent à l'enfant passer avec une grande lenteur, mais au vieillard très vite.
(J.P.)

2008-06-19

l'or du temps colonisé

Si l’Homme est une marchandise, s’il est traité comme une chose, si les rapports généraux des hommes entre eux sont des rapports de chose à chose, c’est qu’il est possible de lui acheter son temps.
(D.M.)

cf. temps, tant de vie possible
cf. pas n'importe qui, quoi

2008-06-17

lettres mortes

Paris, 21 février 1870.

(...) Vous savez, j'ai renié mon passé. Je ne chante plus que l'espoir; mais, pour cela, il faut d'abord attaquer le doute de ce siècle (mélancolies, tristesses, douleurs, désespoirs, hennissements lugubres, méchancetés artificielles, orgueils puérils, malédictions cocasses etc., etc.). Dans un ouvrage que je porterai à Lacroix aux 1ers jours de Mars, je prends à part les plus belles poésies de Lamartine, de Victor Hugo, d'Alfred de Musset, de Byron et de Baudelaire, et je les corrige dans le sens de l'espoir; j'indique comment il aurait fallu faire.

Paris, 12 mars 1870.

Laissez-moi reprendre d'un peu haut. J'ai fait publier un ouvrage de poésies chez M. Lacroix (B. Montmartre, 15). Mais une fois qu'il fut imprimé, il a refusé de le faire paraître, parce que la vie y était peinte sous des couleurs trop amères, et qu'il craignait le procureur général. C'était quelque chose dans le genre de Manfred de Byron et du Konrad de Mickiewicz, mais, cependant, bien plus terrible. L'édition avait coûté 1200 f., dont j'avais déjà fourni 400 f. Mais, le tout est tombé dans l'eau. Cela me fit ouvrir les yeux. Je me disais que puisque la poésie du doute (des volumes d'aujourd'hui il ne restera pas 150 pages) en arrive ainsi à un tel point de désespoir morne, et de méchanceté théorique, par conséquent, c'est qu'elle est radicalement fausse; et par cette raison qu'on y discute les principes, et qu'il ne faut pas les discuter: c'est plus qu'injuste. Les gémissements poétiques de ce siècle ne sont que des sophismes hideux. Chanter l'ennui, les douleurs, les tristesses, les mélancolies, la mort, l'ombre, le sombre, etc., c'est ne vouloir, à toute force, regarder que le puéril revers des choses. Lamartine, Hugo, Musset se sont métamorphosés volontairement en femmelettes. Ce sont les Grandes-Têtes-Molles de notre époque. Toujours pleurnicher ! Voilà pourquoi j'ai complètement changé de méthode, pour ne chanter exclusivement que l'espoir, l'espérance, LE CALME, le bonheur, LE DEVOIR. Et c'est ainsi que je renoue avec les Corneille et les Racine la chaîne du bon sens et du sang-froid, brusquement interrompue depuis les poseurs Voltaire et Jean-Jacques Rousseau. Mon volume ne sera terminé que dans 4 ou 5 mois. Mais, en attendant, je voudrais envoyer à mon père la préface, qui contiendra 60 pages, chez Al. Lemerre. C'est ainsi qu'il verra que je travaille, et qu'il m'enverra la somme totale du volume à imprimer plus tard...
(I.D.)
cf. apprendre à nager

2008-06-15

le programme

« (...) Les jeux, les désirs, le programme de l'enfance restent armés en partisans cachés dans les forêts inhabitables de l'empire adulte. La vie ne cesse d'attendre le moment de sa contre-offensive. »
Depuis un mois, quoique me trouvant assez heureusement occupé par ailleurs, j'ai subordonné beaucoup des charmes de la vie quotidienne et de l'errance à l'achèvement de la critique du spectacle.
(G.D.)

veste

Certes l’admiration que voue le jeune Marcel pour la duchesse de Guermantes et pour tous ces gens du monde dont il ne cesse de chercher la reconnaissance et la compagnie finira par se transformer plus tard en critique acerbe et même cruelle, son désir du monde cédant enfin sur celui de la solitude.
(J.-P.L.)
cf. k.abbale

2008-06-13

le paludisme

La différence entre littérature et journalisme, c'est que le journalisme est illisible et que la littérature n'est pas lue.
(O.W.)

outre-temps

Soyons heureux en attendant la mort — elle aura peut-être un peu de retard.
(P.D. ?)

2008-06-12

à la H.

En tonnes, vous m'entendez, en tonnes je vous arracherai
Ce que vous m'avez refusé en grammes!
(...) Les dents du loup ne lâchent pas le loup,
C'est la chair du mouton qui lâche.
(H.M.)

H.T. était certain de construire quelque chose d’important et avait une grande confiance en l’avenir. (...) Il note d’ailleurs, âgé de 23 ans : Un jour ce que j’aurai connu de solitude deviendra ma force.
(L.A.)

cf. henri, tome A

...tique

Il y a un moment où la vie cesse d'être plastique. Je crois que c'est à l'instant où l'on cesse soi-même de l'être. Quand tu suis l'événement, tout va bien. Quand tu veux déranger le cours des choses, te dresser contre, imposer ta volonté, redresser, recommencer, retrouver, tout va mal.
(J.P.)

2008-06-11

devenir jeune

On a besoin de beaucoup de temps, pour devenir jeune.
(P.P.)
Jadis tu fus jeune, maintenant — tu es mieux que jeune !
(F.N. — PDBM postlude)

que ça continue

Alors qu'on demanda à picasso, déjà âgé, s'il préférait commencer ou finir une chose, il répondit « j'aime que ça continue ».
[O.k.]

apprendre à nager

La première condition pour un artiste est de savoir nager.
(A.C.)

C'est au bord des larmes / que tu t'es noyée / C'est au bord des larmes / que tu as abandonné / Te regardant couler / non, je n'ai pas bougé / Je me suis contenté / d'apprendre à nager.
(C.B.)

Il existe une convention peu tacite entre l’auteur et le lecteur, par laquelle le premier s’intitule malade, et accepte le second comme garde-malade. C’est le poète qui console l’humanité ! Les rôles sont intervertis arbitrairement. (...)
Mais, ils ne m’en imposeront plus. Souffrir est une faiblesse, lorsqu’on peut s’en empêcher et faire quelque chose de mieux. (...)
En son nom personnel, malgré elle, il le faut, je viens renier, avec une volonté indomptable, et une ténacité de fer, le passé hideux de l’humanité pleurarde. (...)
les douleurs invraisemblables que ce siècle s'est créées à lui-même, dans leur voulu monotone et dégoûtant, l'ont rendu poitrinaire. Larves absorbantes dans leurs engourdissements insupportables !
Allez, la musique. (...)
Le désespoir, se nourrissant avec un parti pris, de ses fantasmagories, conduit imperturbablement le littérateur (...) à la méchanceté théorique et pratique. (...)
La mélancolie et la tristesse sont déjà le commencement du doute ; le doute est le commencement du désespoir ; le désespoir est le commencement cruel des différents degrés de la méchanceté. (...)
Voici un moyen de constater l'infériorité de Musset sous les deux poètes. Lisez, devant une jeune fille, Rolla ou [...] Elle tressaille, fronce les sourcils, lève et abaisse les mains, sans but déterminé, comme un homme qui se noie ; les yeux jetteront des lueurs verdâtres. Lisez-lui la [...] de Victor Hugo. Les effets sont diamétralement opposés. Le genre d'électricité n'est plus le même. Elle rit aux éclats, elle en demande davantage. (...)
Paul et Virginie choque nos aspirations les plus profondes au bonheur. (...) La description de la douleur est un contre-sens. (...) l'homme ne doit pas créer le malheur dans ses livres. C'est ne vouloir, à toutes forces, considérer qu'un seul côté des choses. O hurleurs maniaques que vous êtes ! (...)
Ne transmettez à ceux qui vous lisent que l'expérience qui se dégage de la douleur, et qui n'est plus la douleur elle-même. Ne pleurez pas en public. (...)
Si vous êtes malheureux, il ne faut pas le dire au lecteur. Gardez cela pour vous. (...)
Les sentiments sont la forme de raisonnement la plus incomplète qui se puisse imaginer.
(I.D.)
cf. lettres mortes

2008-06-10

concentré

Exige beaucoup de toi-même et attends peu des autres.
(C.)

deDAns

Quand je marche, je marche.
Quand je dors, je dors.
Quand je chante, je chante.
Je m'abandonne.
(...)
Je suis ici.
Je suis dedans.
Je suis debout.
Je ne me moquerai plus de tout.

(C.)

klar

L'eau était claire, nous étions dans l'eau.
(L.)

2008-06-07

les grandes raisons (se rencontrent)

Ce n'est pas du tout ma faute. C'est faux de dire : Je pense : on devrait dire : On me pense. — Pardon du jeu de mots —
Je est un autre. Tant pis pour le bois qui se trouve violon, et Nargue aux inconscients, qui ergotent sur ce qu'ils ignorent tout à fait.
(...)
Si les vieux imbéciles n’avaient pas trouvé du Moi que la signification fausse, nous n’aurions pas à balayer ces millions de squelettes qui, depuis un temps infini, ont accumulé les produits de leur intelligence borgnesse, en s’en clamant les auteurs !
(A.R.)

... celui qui est éveillé et conscient dit : Je suis un corps tout entier et rien d’autre chose. (...) Le corps est un grand système de raison, une multiplicité avec un seul sens, une guerre et une paix, un troupeau et un berger.
Instrument de ton corps, telle est ta petite raison que tu appelles esprit, (...), petit instrument et petit jouet de ta grande raison.
Tu dis « moi » et tu es fier de ce mot. Mais ce qui est plus grand, c’est — ce à quoi tu ne veux pas croire — ton corps et son grand système de raison : il ne dit pas moi mais il est moi.
Ce que les sens éprouvent, ce que reconnaît l’esprit, n’a jamais de fin en soi. Mais les sens et l’esprit voudraient te convaincre qu’ils sont la fin de toute chose : tellement il sont vains.
Les sens et l’esprit ne sont qu’instruments et jouets : derrière eux se trouve encore le soi. (...)
Derrière tes sentiments et tes pensées, (...), se tient un maître plus puissant, un sage inconnu — il s’appelle soi. Il habite ton corps, il est ton corps.
Il y a plus de raison dans ton corps que dans ta meilleure sagesse.
(F.N.)

> (r)évolution de conscience
> je pense, dont je suis
> la liberté ta soeur

cf. CHAPITRE : physio-logique

animeaux

Tout animal est dans le monde comme l'eau à l'intérieur de l'eau.
(G.B.)

j'a... t... tends

Ma technique dans la vie, c'est... j'attends. J' attends que les choses se passent, j'attends d'avoir une nouvelle idée, j'attends qu'on me contacte... (...) C'est vrai que le fait d'attendre, c'est bien. C'est comme : on réfléchit mieux quand on pense pas. C'est ce genre de trucs...
(S.T.)

2008-06-06

au café crème


(merci à adèle de lepostier.fr)

Les cafés (...) c'était l'ouverture (...) à des possibilités d'imprévisible, à la douceur et au danger du temps perdu. Les cafés offrent des surprises analogues à celles des livres : vous parviennent les bouts de récits de vie, des remarques, des commentaires adressés à vous et aux autres, qui produisent sur vous un effet de vérité venue du dehors. Ouvrez un livre, entrez dans un café [nord-express !] et une parole se fait entendre qui n'est pas la vôtre, mais qui vous procure pareillement un ébranlement, une excitation mentale...
(C.T.)

cf. du nord-express

2008-06-05

2008-06-04

2008-06-02

philosophie tout terrain

Sade ne change pas de registre et situe l'orgie et la dissertation au même niveau d'urgence philosophique.
(C.T.)

2008-06-01

o. karl

Il s'agit, bien entendu, d'intervenir directement dans la réalité plutôt que de faire des livres. Cela dit, il n'est pas interdit de publier ses résultats. (P.S.)

Il faut défendre la vie qu'on mène du moment qu'on est vivant. (P.S.)

Faire de ma vie une oeuvre d'art, dont une deuxième autant que possible. (O.K.)

L'art est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art. (R.F.)

Le poète (...) donnerait plus — (que la formule de sa pensée, que la notation de sa marche au Progrès !) (...) il serait vraiment un multiplicateur de progrès ! (A.R.)

cf. maudit ? mais pas trop.
cf. autodocumentaire du moment qu'on est vivant

dictatumanité

Je me trompais : la plupart haïssaient la liberté libre, et rêvaient en fait d'une dictature fondée sur leur propre ressentiment.
(P.S.)