Il ne faut pas réduire le Spectacle aux media ni à la passivité du citoyen électeur, il est un système de gestion matériel et psychologique du monde, dans tous les domaines. À l'aliénation économique de l'exploitation de l'homme par l'homme s'est ajoutée une aliénation de nature religieuse : le spectacle. Le capitalisme commercial, industriel puis financier s'est transformé en capitalisme bureaucratique qui des seuls rapports de travail et de propriété s'est vu étendre ses logiques sur l'ensemble des conditions d'existence (et de non-existence). L'individu est entouré de prêt à penser, prêt à jouir, prêt à voir au quotidien. Il était conscient de ne pas être maître de sa force de travail, il est désormais inconscient de n'être qu'un gadget qui se croit libre de consommer et de s'auto-consommer. L'aliénation du travail forcé a trouvé un alibi dans l'aliénation à la consommation forcée, que se soit celle des loisirs, de la culture ou de l'homme et de ses semblables. Le spectacle est la religion de la consommation où l'individu se croit aussi libre qu'un croyant est aliéné. La première production sociale est le spectacle qui se concrétise sous les formes essentielles de l'image-objet, de l'image-individu et de l'image-idée (l'idéologie). Le spectacle masque ainsi la réalité de l'objet et de l'individu comme il masquait à ses débuts par une série d'image-idées la fausse opposition entre les régimes capitalistes libéraux et les régimes capitalistes d'État.
(A.C.)
(A.C.)
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