Pour De Certeau, les usagers (les consommateurs) des mass media ont un espace d'autonomie : leurs pratiques d'usages.
Les consommateurs/usagers sélectionnent des éléments d'un texte ou d'un discours médiatique, les interprètent à leur manière et les mettent en relation avec d'autres éléments extérieurs.
Le quotidien est parsemé de failles, d'inventivité. Il n'y a pas de conformité dans les comportements des récepteurs.
Les usagers utilisent des stratégies et des tactiques et s'approprient d'une manière invisible la technologie. C'est ce que De Certeau appelle le braconnage.
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De Certeau assimile les producteurs de sens à des propriétaires terriens qui imposent le sens des biens culturels aux consommateurs, grâce à la règlementation des usages et accès. Il compare alors les consommateurs/usagers à des "braconniers" sur ces terres, au travers des mailles du réseau imposé, mais recomposant leur quotidien par leur marche propre. De même la lecture répond à l'acte d'évidement, de mort de l'auteur, par une sélection active du fait du lecteur.
Les propriétaires élaborent des stratégies, des actions de contrôle de l'espace pour piéger les dominés qui, eux, mènent des actes de résistance consistant en des micro-libertés face au pouvoir, à une réappropriation de ce réseau imposé au consommateur, par l'intermédiaire de "ruses" ou "procédures". M. de Certeau élabore ainsi, en parallèle à la théorisation du système panoptique de M. Foucault, surveillance et contrôle par "le haut" de la société, une théorie des tactiques de résistance au champ de l'autre, subversion mais de l'intérieur et de la base même du système. Si ceux qui écrivent semblent imposer leur pouvoir à ceux qui disent et font, de Certeau montre bien que les publics ne sont pas si dominés et restent actifs devant la réception des messages qu'on leur envoie, avec des paroxysmes critiques quand le "dire" s'écarte trop du "faire".
(W.)
cf. postmédiation
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