Comment cela : vous n’avez pas d’enfant ? Vous n’êtes pas une mère ? Vous n’avez jamais désiré un bébé ? Impossible ! Toute femme désire un bébé. C’est son instinct, l’accomplissement de sa nature. Une femme sans enfant est une femme inachevée. Elle mérite à peine ce nom. Pour cet être contre nature, il faudrait inventer un autre terme. (...) Me reviennent en mémoire les mots d’un médecin exaspéré de devoir être complice d’une femme aussi peu concernée par ses virtualités de reproduction : « Vous n’êtes pas fatiguée à la longue d’avaler des contraceptifs ? » Non, je n’étais pas fatiguée. Du tout. Je trouvais même que la pilule avait bon goût. Par contre, croyais-je, et c’était quand même à moi d’évaluer mes capacités d’endurance, je serais fatiguée d’élever une famille. Chacun son point faible. (...) Il ne voulait pas en entendre davantage ; je n’avais pas envie d’en dire plus. Face à une hostilité que viennent conforter, dans une unanimité confondante, aussi bien la loi de l’espèce que le commandement de la religion et la bénédiction des médias, comment me défendre ? Que pourrais-je dire ? Que rien dans cette histoire ne m’a jamais attirée, ni la grossesse, ni l’accouchement, ni le quotidien de nourrir un enfant, de m’en occuper, de l’éduquer. (...) Que je n’ai pas d’énergie pour ce qui risque de durer toujours, pour ce qui ne vit pas au rythme des « intermittences du coeur ». J’aurais pu dire aussi que j’habitais des chambres trop petites, d’où je déménageais trop souvent. Que j’avais du mariage un imaginaire nul et un sens des responsabilités inexistant. Que j’étais égoïste, infantile, trop portée à m’amuser pour m’intéresser aux jeux d’un autre. (...) J’ai observé de jeunes enfants avec des mères : ils n’arrêtent pas de les interrompre ! Le temps fragmenté, en réalité, c’est celui de la mère de famille. Et il relève de son savoir-faire et de sa discrétion d’en masquer l’épuisante répétition, l’aliénant labeur. Comme l’écrit marguerite duras, la femme au foyer « doit inventer son emploi du temps conformément à celui des autres gens, des gens de sa famille et de ceux des institutions extérieures (...). Une bonne mère de famille, pour les hommes, c’est quand la femme fait de cette discontinuité de son temps, une continuité silencieuse et inapparente. » Tu verras, à ton tour, quand tu auras des enfants, me disait ma mère. Eh bien ! Je n’ai pas vu. J’ai sauté mon tour...
Je me tais. Je n’ai rien à évoquer. Aucune raison convaincante. C’est un thème sur lequel il ne m’importe pas de faire des adeptes. Un thème inconsistant à mes yeux. D’où le silence des femmes sans enfant. Il contraste avec l’intarissable parole des mères et sur les mères. Avec l’omniprésence des Vierges à l’Enfant. (...)
Une femme qui refuse la maternité est verbalement moins excitées — moins [«]philosophique[»] et déclamatoire. Faible avocate de sa cause, minoritaire dans son propre sexe...
(C.T.)
cf. jeu d'adulpte
cf. de génération sans génération
cf. la maternité en question
Je me tais. Je n’ai rien à évoquer. Aucune raison convaincante. C’est un thème sur lequel il ne m’importe pas de faire des adeptes. Un thème inconsistant à mes yeux. D’où le silence des femmes sans enfant. Il contraste avec l’intarissable parole des mères et sur les mères. Avec l’omniprésence des Vierges à l’Enfant. (...)
Une femme qui refuse la maternité est verbalement moins excitées — moins [«]philosophique[»] et déclamatoire. Faible avocate de sa cause, minoritaire dans son propre sexe...
(C.T.)
cf. jeu d'adulpte
cf. de génération sans génération
cf. la maternité en question
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