« Ah, vous écrivez comme untel » ou « vous pensez la même chose que lui ! — Que qui ? Comme qui ? » Ou : « Oui, mais je connaissais pas avant. » Phénomène courant. C'est pour dire que l'influence, j'y crois bof, et ce que je crois en revanche c'est que j'ai plutôt raison.
(o.k.)
Cette question des influences est très difficile à démêler. Ce serait comme de demander à ma fille Agathe dans quelle mesure elle doit sa jolie mine à la crème dont elle est si gourmande. L’écrivain est bien sûr impressionné par les œuvres dont il s’est nourri. Mais n’oublions pas qu’il ne les a pas choisies par hasard. Lorsqu’il est venu vers elles, c’est avec un instinct aussi sûr que celui des bêtes qui vont mâchonner l’herbe médicinale que leur état réclame. L’influence ne s’exerce que sur celui qui était prédisposé à la recevoir. Elle est elle-même déterminée, oserai-je avancer, et non seulement par goût du paradoxe. D’une certaine façon, elle est seconde, de même que l’eau n’étanche que la soif.
(E.C.)
Finalement, personne ne peut tirer des choses, y compris des livres, plus qu'il n'en sait déjà. Ce à quoi l'on n'a pas accès par une expérience vécue, on n'a pas d'oreilles pour l'entendre.
(F.N. - EH 3§1)
Il n'y a en littérature qu'un sentiment absolument sot : c'est la peur d'être influencé.
(J.P.)
cf. ... les moyens de ses intuitions
cf. intracession
(o.k.)
Cette question des influences est très difficile à démêler. Ce serait comme de demander à ma fille Agathe dans quelle mesure elle doit sa jolie mine à la crème dont elle est si gourmande. L’écrivain est bien sûr impressionné par les œuvres dont il s’est nourri. Mais n’oublions pas qu’il ne les a pas choisies par hasard. Lorsqu’il est venu vers elles, c’est avec un instinct aussi sûr que celui des bêtes qui vont mâchonner l’herbe médicinale que leur état réclame. L’influence ne s’exerce que sur celui qui était prédisposé à la recevoir. Elle est elle-même déterminée, oserai-je avancer, et non seulement par goût du paradoxe. D’une certaine façon, elle est seconde, de même que l’eau n’étanche que la soif.
(E.C.)
Finalement, personne ne peut tirer des choses, y compris des livres, plus qu'il n'en sait déjà. Ce à quoi l'on n'a pas accès par une expérience vécue, on n'a pas d'oreilles pour l'entendre.
(F.N. - EH 3§1)
Il n'y a en littérature qu'un sentiment absolument sot : c'est la peur d'être influencé.
(J.P.)
cf. ... les moyens de ses intuitions
cf. intracession
En tout cas, ça rend modeste ! Je serais moins contre de mourir, maintenant que je me découvre un certains nombres prédécesseurs. Je sais que beaucoup de choses ont été faites et dites, avec génie. La part que je pourrais peut-être y ajouter devient moins essentielle. Ce ne serait presque qu'une variation de pointe. Mais vraiment, ces prédécesseurs je les vis de plus en plus comme des copains. Des copains admirablement brillants. Quelle compagnie stimulante ça me fait ! La vie en serait presque belle ! Si, du moins, je n'apprenais pas en même temps et une fois de plus que la reconnaissance n'a pas vraiment été au rendez-vous pour eux non plus.
RépondreSupprimerNombreux sont les philosophes qui souffrent de cryptomnésie:
RépondreSupprimer"Du grec kruptos « caché », «secret» et mneme « mémoire », « souvenir », littéralement « souvenir caché »
C'est un biais mémoriel par lequel une personne a le souvenir erroné d'avoir généré une pensée (une idée, une chanson, une plaisanterie), alors que cette pensée a été en réalité produite par quelqu'un d'autre. La cryptomnésie peut conduire au plagiat involontaire dont l'auteur fait une expérience mnésique qu'il ne peut distinguer d'une inspiration nouvelle."
À quoi je ferai répondre Vauvenargues : « Il est rare qu’on approfondisse la pensée d’un autre ; de sorte que, s’il arrive dans la suite qu’on fasse la même réflexion, on se persuade aisément qu’elle est nouvelle, tant elle offre de circonstances et de dépendances qu’on avait laissé échapper. »
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