Chaque fois que je fais un film, je suis pénétré très honnêtement et très sincèrement par le désir de plaire au public. Malheureusement, je ne sais pas comment cela se fait, il y a en moi une espèce de tendance qui vient de mon grand désir de classicisme (...)
Si La Règle du Jeu avait été traité comme un film romantique, si j'avais présenté des gens qui fondent en larmes et qui prennent leur coeur pour le tendre au public en disant : « Prends-le, bois-le ! », si j'avais pris des gens dont le visage se bouleversent, si j'avais usé de tout l'arsenal romantique, je suis persuadé que la même histoire aurait été valable. Mais l'esprit classique, qui est un esprit dans lequel on essaie de garder les choses plus intérieurement que de les montrer extérieurement, est apparemment un esprit extrêmement difficile à saisir de nos jours par un public qui, depuis [plus de] cent ans, est submergé de larmes romantiques. Le classicisme est un chemin très pénible, et je vous assure que je prends constamment des coups sur les doigts avec cela. Néanmoins, je suis décidé à continuer, et je suis persuadé qu'après avoir pleuré cent ans au mélodrame (...), on va tout de même en revenir et que nous allons retomber sur les solides vérités de messieurs shakespeare, molière et marivaux.
(J.R.)
cf. apprendre à nager
cf. saine de ménage
cf. CQFD de l'expressionnisme
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