Un jour, peut-être, le siècle sera deleuzien ... une fulguration s’est produite qui portera le nom de Deleuze : une nouvelle pensée est possible ; la pensée, de nouveau, est possible. Elle n’est pas à venir, promise par le plus lointain des recommencements. Elle est là, dans les textes de Deleuze, bondissante, dansante devant nous, parmi nous...
(M.F.)
... « la boîte à outils » inespérément postmoderne qu'il [deleuze] propose... C'est réjouissant, c'est « prodigieux », comme il dirait lui-même, de bergson et d'autres. (...) Quelques bémols, néanmoins, notamment un côté « gemütlich »** mais subtil, éthique, spinoziste, dirons-nous (et que je reproche d'ailleurs au spinozisme en général) (...) Le truc aussi qui me rétiçait, d'abord... je l'exprimais dans une réponse à [adèle], hier :
« Moi ? j'écoute deleuze, et deleuze.
En plus des travaux qui m'occupent.
Ah, il est fort. Son influence sur les jeunes in-tellos et les artistes branchés est telle que j'aimerais peut-être ne pas lui accorder autant de poids, mais... il faut avouer qu'il le mérite quelque peu, et mieux, en fait. Il place la barre extrêmement haut. À tel point qu'il se rend, c'est vrai, assez incontournable. C'est bien, il a gagné. (Bon, bien sûr, j'ai des critiques, mais pour l'instant je les laisse de côté, pour m'alimenter bouche bée à la source... qui le mérite.)
Et sinon : de la musique brute, sauvage. Et toujours cette « ritournelle » (tiens, un concept de deleuze) de Julian Casablancas, Tourist. Que j'écoute plusieurs fois par jour pour sa seule première minute, parfaite, et pas toujours au delà ; la première minute.
In Rainbows [de radiohead] ? J'ai réécouté récemment, tiens. Coïncidence encore. Ça tient toujours, oui, c'est clair. Là aussi il faut reconnaître que... malgré... eh bien, oui... il faut reconnaître. »
(...)
[Je comprends d'autant mieux ton rapport circonspect sinon réticent à deleuze que] j'ai eu le même. Mais parce qu'il avait pas trouvé ma porte, d'entrée, ma « portée ». J'avais essayé des livres à lui (pourparlers, quand même, m'avait légèrement capté), un livre sur lui, plutôt indigeste ; même l'abécédaire (sur arte), séduisant, n'emportant pas l'affaire. Il y avait trop d'écart entre la parole de l'abécédaire et le style (de pensée) de ses livres. Et puis, propre chemin faisant (...), je me suis récemment senti plus près et donc plus prêt... notamment grâce à ses cours (audio) et vlan! je commande et vlan qu'il m'arrive le livre « Dialogues » (deleuze-parnet).
(...)
En gros, peut-être et a priori, il invite à une existence moins personnelle, en un sens, et moins morale, et en suggère les moyens, les images, les concepts, les impulsions... Ce qui est considérable. L'antidote peut-être le plus puissant à la névrose.
(o.K.)
[Dialogues, oui,] mais peut-être plus facile et accessible, en introduction : les cours audio ; en particulier (pour toi) sur spinoza. (...)
Il y évoque d'ailleurs à plusieurs reprises, évidemment, le couple et pourquoi ça marche ou ça marche pas (vraiment). Toujours cette histoire de compositions de rapports plus ou moins bonnes, générant augmentation ou diminution de la puissance (d'être), ressentie sous forme de joie ou de tristesse, tristesse allant parfois jusqu'à la maladie, par « empoisonnement » (...), et ce, disons, par « défaut » de discernement rationnel requis à la progressive et relative com-préhension de ce qui est plus ou moins bon pour « moi ».
(...)
Bref. Quant à spinoza et deleuze, mollo mollo quand même, ça peut faire des dégâts... sains. Des éclats de santé, en fait, mais possiblement tranchants. (...) Et d'ailleurs je me doute bien que [encore une fois] tu prendras pas le temps. Alors même qu'en général, s'il y a un bien un truc qu'il faudrait prendre, dans la vie qui nous occupe (à gérer comme une oeuvre d'art — autrement dit, de santé —), c'est bien ça : le temps. Commencer par se le réapproprier. Mais bon... On n'en serait pas aux premiers dégâts humains, dans le destin du monde. La vie travaille à perte !
On en est tous...
(...)
[Encore trop jeune pour être heureux! dis-tu ?] Ha ! Mais je suppose que tu auras observé les vieux partout autour de toi, et leur bonheur éclatant ? Des vieux non-deleuzo-spinozistes, il faut croire. Et ils sont légion. Alors (qu') il ne tient qu'à toi de faire qu'elle te reste ou devienne de plus en plus étrangère — cette légion. Au plus vite, non ? Ou à ton rythme, oui. (Réappropriation du temps.)
Mais j'ai l'optimisme de croire, du moins d'espérer sinon tendre, à un siècle « deleuzien », oui... (pimenté d'un zeste nietzschéen de plus, peut-être.)
(o.K.)
** J'entends pas « gemütlich », ottoconcept emprunté à l'allemand, car n'ayant pas, semble-t-il, d'équivalent français, une certaine complaisance au et dans le confort. En français, le plus proche que j'ai trouvé pour l'instant est : « cosy », à condition d'en élargir le sens à ce qu'on pourrait appeler aussi bien un certain « esprit de confort » (pour le confort).
(...)
RépondreSupprimerEt, sinon paradoxalement du moins étrangement, cet album In Rainbows évoque plutôt la neige. Il y a quelque chose d'étouffé, de cotonneux, d'épais, et de paix...
Carrément, même. J'ai fait défiler les chansons, là, pour vérifier mes dires, et... carrément. Rondement.
(o.K)