Sortir de la philosophie, faire n´importe quoi, pour pouvoir la produire du dehors. Les philosophes ont toujours été autre chose, ils sont nés d´autre chose.
C´est tout simple, écrire. Ou bien c´est une manière de se re-territorialiser, de se conformer à un code d´énoncés dominants, à un territoire d´état de choses établies : non seulement les écoles et les auteurs, mais tous les professionnels d´une écriture même non littéraire. Ou bien, au contraire, c´est devenir, devenir autre chose qu´écrivain, puisque, en même temps, ce qu´on devient devient autre chose qu´écriture. Tout devenir ne passe pas par l´écriture, mais tout ce qui devient est objet d´écriture, de peinture ou de musique. Tout ce qui devient est une pure ligne, qui cesse de représenter quoi que ce soit. (...) On trace une ligne, et d´autant plus forte qu´elle est abstraite, si elle est assez sobre et sans figures. (...) Ca veut dire écrire comme un rat trace une ligne, ou comme il tord sa queue, comme un oiseau lance un son, comme un félin bouge, ou bien dort pesamment. Devenir-animal, à charge pour l´animal, rat, cheval, oiseau ou félin, de devenir lui-même autre chose, bloc, ligne, son, couleur de sable - une ligne abstraite. Car tout ce qui change passe par cette ligne : agencement. Être un pou de mer, qui tantôt saute et voit toute la plage, tantôt reste enfoui le nez sur un seul grain. Savez-vous seulement quel animal vous êtes en train de devenir, et surtout ce qu'il devient en vous, la Chose ou l'Entité de Lovecraft, l'innommable, "la bête intellectuelle", d'autant moins intellectuelle qu'elle écrit avec ses sabots, avec son oeil mort, ses antennes et ses mandibules, son absence de visage, toute une meute en vous à la poursuite de quoi, un vent de sorcière ?
(G.D.)
cf. autophilosophe
cf. postphilosophie, ou : pour une philosophie artiste
cf. de la lecture sans lecture à l´écriture sans écriture
C´est tout simple, écrire. Ou bien c´est une manière de se re-territorialiser, de se conformer à un code d´énoncés dominants, à un territoire d´état de choses établies : non seulement les écoles et les auteurs, mais tous les professionnels d´une écriture même non littéraire. Ou bien, au contraire, c´est devenir, devenir autre chose qu´écrivain, puisque, en même temps, ce qu´on devient devient autre chose qu´écriture. Tout devenir ne passe pas par l´écriture, mais tout ce qui devient est objet d´écriture, de peinture ou de musique. Tout ce qui devient est une pure ligne, qui cesse de représenter quoi que ce soit. (...) On trace une ligne, et d´autant plus forte qu´elle est abstraite, si elle est assez sobre et sans figures. (...) Ca veut dire écrire comme un rat trace une ligne, ou comme il tord sa queue, comme un oiseau lance un son, comme un félin bouge, ou bien dort pesamment. Devenir-animal, à charge pour l´animal, rat, cheval, oiseau ou félin, de devenir lui-même autre chose, bloc, ligne, son, couleur de sable - une ligne abstraite. Car tout ce qui change passe par cette ligne : agencement. Être un pou de mer, qui tantôt saute et voit toute la plage, tantôt reste enfoui le nez sur un seul grain. Savez-vous seulement quel animal vous êtes en train de devenir, et surtout ce qu'il devient en vous, la Chose ou l'Entité de Lovecraft, l'innommable, "la bête intellectuelle", d'autant moins intellectuelle qu'elle écrit avec ses sabots, avec son oeil mort, ses antennes et ses mandibules, son absence de visage, toute une meute en vous à la poursuite de quoi, un vent de sorcière ?
(G.D.)
cf. autophilosophe
cf. postphilosophie, ou : pour une philosophie artiste
cf. de la lecture sans lecture à l´écriture sans écriture
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