Les belles aventures, comme on dit, ne peuvent avoir pour cadre, et origines, que les beaux quartiers. La notion de beaux quartiers changera.
(G.D.)
Lieu repoussant il y a encore vingt ans. Lieu repoussoir, lépreux, envahi par les herbes folles. Lieu cependant qui, dans sa laideur, a su attirer ceux qui savent regarder au delà des apparences. Ceux qui exigent d’une ville autre chose que ce qui se visite ordinairement. Ceux qui fuient l’institutionnel.
(...) Nous ne savions pas que nous étions nombreux à nous y promener. Nous ne savions pas que nous avions là, à portée de main, juste à côté de chez nous, un espace magique où notre imaginaire allait trouver à se nourrir.
(...) Il fallait vaincre sa peur et son dégoût pour arpenter tes rues désertes aux maisons murées et tombant en ruines. Il fallait savoir s’arrêter et observer (...). Il fallait savoir escalader les murailles, passer sous les barbelés, pour pénétrer les secrets de tes usines en ruines. Il fallait…
Il fallait se laisser envahir par le paisible cours du fleuve, qui te longe harmonieusement. Rêver au bord des berges, dans le silence seulement troublé par le chant des oiseaux. Sourire en apercevant l’agitation d’en face. Et enfin, un jour, à force d’y revenir, à force de s’y trouver bien, comprendre que, d’où que nous venions, les uns et les autres, nous étions d’ici. (...)
Et nous qui nous promenions ici, nous n’y étions pas solitaires. (...) Alors, peut-être, un jour, nous [y] retournerons (...). Tous ensemble. Heureux d’avoir su, grâce à nos photos, garder la mémoire d’un lieu qui aujourd’hui, après avoir été rasé presque en totalité, connaît une nouvelle jeunesse, avec un grand cinéma, un beau jardin botanique, avec la vie qui revient. Car nous ne sommes pas des nostalgiques d’une époque révolue.
Et pourtant, la vie, elle était belle (...)
Alors, nous qui ne sommes que des rêveurs, des poètes, des photographes, nous dédions aussi ce site aux Anciens (...), aux cheminots, à ceux qui, aux siècles passés, ont usé leur vie d’ouvriers dans les usines et les chantiers (...), à ceux qui y sont nés, à ceux qui y sont morts. A ceux qui ont aimé ces berges (...), ces paysages industriels, ces chantiers (...) en ruine, ces voies ferrées désaffectées, ces lieux paisibles où rien ne vient troubler la rêverie.
Car aujourd’hui, (...) l’histoire de ce faubourg ouvrier rentre enfin dans la légende. Et sa légende, et la magie de ses paysages, vont être connues du monde entier. Il l’a bien mérité, non ?
(B. L.)
« Un Français ! Aimer Leipzig ! » Un habitant de la Körnerstrasse s'étonna de ma passion pour sa ville. (…) Il ne comprenait pas pourquoi je photographiais sa rue. (…) Il trouvait sa maison et sa rue trop grises, trop négligées. Comment lui dire que j'aimais précisément ce gris, ce négligé, ce provisoire, ce non fini à l'infini ? Que l'impeccabilité des villes de RFA me faisait peur comme la propreté de Lausanne ? Certes, pour éviter les névroses du kitsch bavarois et de l'hygiénisme helvétique, Leipzig poussait le zèle un peu loin… (…)
Il me faudrait beaucoup de précautions, je ne voudrais pas faire de peine, je voudrais éviter le malentendu. Après avoir dit que je ne juge pas un pays à ses façades, que l'agrément d'une ville provient de la fraîcheur de ses habitants, plus que celle des crépis, après avoir dit que je trouve un plaisir éthique dans la totale absence de clinquant, je dois avouer que les délabrements de Leipzig m'enchantent. (…) Tout en craignant de faire l'éloge des ruines et de la négligence, je m'abandonne à leurs charmes. Immeubles desquamés qui montrent des briques inégales, fabriques éventrées dont la cheminée ne crache plus, linteaux rongés, gouttières interrompues, bordures de trottoirs affaissées, caniveaux rongés de sable ou de tilleul, fontaines rouillées… J'entre dans certains quartiers comme dans des laboratoires pleins de machines à remonter le temps, ou à l'abolir. Les jours sans soleil donnent le frisson d'un vieux film noir et blanc.
(M.B.)
Hiroshima mon amour (...) est un film franco-(...), [noir et blanc]. (W.)
Ce premier long-métrage d'Alain Resnais est un film phare (…). Resnais et Duras ouvraient des voies nouvelles au langage cinématographique. (CCC)
Ce film, en plus d'être un travail sur la mémoire, rappelle l'impossibilité de parler d'Hiroshima en soulignant l'écart entre représentation et réalité non-totalisable. Ce film souligne également l'écart entre l'Histoire (…) et l'histoire (…).
Le film s'inscrit dans la réflexion obsessionnelle menée par l'auteur sur la mémoire, tant collective qu'individuelle, et sa forme cinématographique.
Dans Table ronde sur Hiroshima, les critiques des Cahiers du Cinéma soulignent le fait que ce film n'a jamais eu aucun précédent dans l'histoire du cinéma et sa parenté avec la modernité dans d'autres arts (…).
(W.)
Les secteurs d'une ville sont, à un certain niveau, lisibles. Mais le sens qu'ils ont eu pour nous, personnellement, est intransmissible, comme toute cette clandestinité de la vie privée, sur laquelle on ne possède jamais que des documents dérisoires.
(G.D.)
Dans deux, cinq ou dix ans, je reviendrai peut-être à Leipzig comme on va à Hambourg, à Vienne ou Copenhague (...). Je me promènerai dans des avenues où s'élèveront des immeubles neuf et clairs à la place des maisons du XIXe siècle en ruines qu'on ne peut, paraît-il, sauver pour la plupart. Mais c'est maintenant qu'il fallait venir, dans ce temps sans nom entre deux équilibres.
(A.E.)
> l'exploration urbaine
> AVEc Michel Besnier
(G.D.)
Lieu repoussant il y a encore vingt ans. Lieu repoussoir, lépreux, envahi par les herbes folles. Lieu cependant qui, dans sa laideur, a su attirer ceux qui savent regarder au delà des apparences. Ceux qui exigent d’une ville autre chose que ce qui se visite ordinairement. Ceux qui fuient l’institutionnel.
(...) Nous ne savions pas que nous étions nombreux à nous y promener. Nous ne savions pas que nous avions là, à portée de main, juste à côté de chez nous, un espace magique où notre imaginaire allait trouver à se nourrir.
(...) Il fallait vaincre sa peur et son dégoût pour arpenter tes rues désertes aux maisons murées et tombant en ruines. Il fallait savoir s’arrêter et observer (...). Il fallait savoir escalader les murailles, passer sous les barbelés, pour pénétrer les secrets de tes usines en ruines. Il fallait…
Il fallait se laisser envahir par le paisible cours du fleuve, qui te longe harmonieusement. Rêver au bord des berges, dans le silence seulement troublé par le chant des oiseaux. Sourire en apercevant l’agitation d’en face. Et enfin, un jour, à force d’y revenir, à force de s’y trouver bien, comprendre que, d’où que nous venions, les uns et les autres, nous étions d’ici. (...)
Et nous qui nous promenions ici, nous n’y étions pas solitaires. (...) Alors, peut-être, un jour, nous [y] retournerons (...). Tous ensemble. Heureux d’avoir su, grâce à nos photos, garder la mémoire d’un lieu qui aujourd’hui, après avoir été rasé presque en totalité, connaît une nouvelle jeunesse, avec un grand cinéma, un beau jardin botanique, avec la vie qui revient. Car nous ne sommes pas des nostalgiques d’une époque révolue.
Et pourtant, la vie, elle était belle (...)
Alors, nous qui ne sommes que des rêveurs, des poètes, des photographes, nous dédions aussi ce site aux Anciens (...), aux cheminots, à ceux qui, aux siècles passés, ont usé leur vie d’ouvriers dans les usines et les chantiers (...), à ceux qui y sont nés, à ceux qui y sont morts. A ceux qui ont aimé ces berges (...), ces paysages industriels, ces chantiers (...) en ruine, ces voies ferrées désaffectées, ces lieux paisibles où rien ne vient troubler la rêverie.
Car aujourd’hui, (...) l’histoire de ce faubourg ouvrier rentre enfin dans la légende. Et sa légende, et la magie de ses paysages, vont être connues du monde entier. Il l’a bien mérité, non ?
(B. L.)
« Un Français ! Aimer Leipzig ! » Un habitant de la Körnerstrasse s'étonna de ma passion pour sa ville. (…) Il ne comprenait pas pourquoi je photographiais sa rue. (…) Il trouvait sa maison et sa rue trop grises, trop négligées. Comment lui dire que j'aimais précisément ce gris, ce négligé, ce provisoire, ce non fini à l'infini ? Que l'impeccabilité des villes de RFA me faisait peur comme la propreté de Lausanne ? Certes, pour éviter les névroses du kitsch bavarois et de l'hygiénisme helvétique, Leipzig poussait le zèle un peu loin… (…)
Il me faudrait beaucoup de précautions, je ne voudrais pas faire de peine, je voudrais éviter le malentendu. Après avoir dit que je ne juge pas un pays à ses façades, que l'agrément d'une ville provient de la fraîcheur de ses habitants, plus que celle des crépis, après avoir dit que je trouve un plaisir éthique dans la totale absence de clinquant, je dois avouer que les délabrements de Leipzig m'enchantent. (…) Tout en craignant de faire l'éloge des ruines et de la négligence, je m'abandonne à leurs charmes. Immeubles desquamés qui montrent des briques inégales, fabriques éventrées dont la cheminée ne crache plus, linteaux rongés, gouttières interrompues, bordures de trottoirs affaissées, caniveaux rongés de sable ou de tilleul, fontaines rouillées… J'entre dans certains quartiers comme dans des laboratoires pleins de machines à remonter le temps, ou à l'abolir. Les jours sans soleil donnent le frisson d'un vieux film noir et blanc.
(M.B.)
Hiroshima mon amour (...) est un film franco-(...), [noir et blanc]. (W.)
Ce premier long-métrage d'Alain Resnais est un film phare (…). Resnais et Duras ouvraient des voies nouvelles au langage cinématographique. (CCC)
Ce film, en plus d'être un travail sur la mémoire, rappelle l'impossibilité de parler d'Hiroshima en soulignant l'écart entre représentation et réalité non-totalisable. Ce film souligne également l'écart entre l'Histoire (…) et l'histoire (…).
Le film s'inscrit dans la réflexion obsessionnelle menée par l'auteur sur la mémoire, tant collective qu'individuelle, et sa forme cinématographique.
Dans Table ronde sur Hiroshima, les critiques des Cahiers du Cinéma soulignent le fait que ce film n'a jamais eu aucun précédent dans l'histoire du cinéma et sa parenté avec la modernité dans d'autres arts (…).
(W.)
Les secteurs d'une ville sont, à un certain niveau, lisibles. Mais le sens qu'ils ont eu pour nous, personnellement, est intransmissible, comme toute cette clandestinité de la vie privée, sur laquelle on ne possède jamais que des documents dérisoires.
(G.D.)
Dans deux, cinq ou dix ans, je reviendrai peut-être à Leipzig comme on va à Hambourg, à Vienne ou Copenhague (...). Je me promènerai dans des avenues où s'élèveront des immeubles neuf et clairs à la place des maisons du XIXe siècle en ruines qu'on ne peut, paraît-il, sauver pour la plupart. Mais c'est maintenant qu'il fallait venir, dans ce temps sans nom entre deux équilibres.
(A.E.)
> l'exploration urbaine
> AVEc Michel Besnier
il pleuvait sur leipzig
RépondreSupprimerdes corps de vieille garde
des corps - un ciel de zinc
pas de zinc, non, de jupes grises
et de soleil, l'été
recouvrait la ville
les toits, les murs en harde
pas en hardes, non, en regards
en rires de bon vieillard
en forêts grises pour y renaître
respirer
la vie entre les flaques et la vie dans les flaques
les rails vers rien
les gares
les hangars
les usines à déclarer
la douane du temps
du temps, à déclarer
du temps vieilli, oublié, content
la parcourent
le gris souris dans l'herbe verte
le vert de l'herbe dans les usines
les arc-en-terre de brique, de béton, de hangar
la rouille pour reposer les yeux
partout, les transats du regard et les invitations
les invitations à la marche, au soleil, à la pluie
aux averses
et les renards glissant sur les trottoirs
la nuit s'écoulant par les rues
les voix se parlant dans la nuit
les briques
la pluie
la ville
le soleil
l'ourlet vert brique des plantes sur le canal
et les vues sur la ville de leipzig
la ville en jachère
les savanes
et la vie, partout
partout la vie, si on voulait
Ah oui, j'ai ce poème dans mes archives. Il me semble. D'un poète allemand, non ? (C'est de) qui, déjà ?
RépondreSupprimerEn tout cas, plein d'autres poèmes suivront. Mais cinématographiques. Par Karl. Un jour...
(Quand il puisera le temps, et le secours de quelque main amie... « Mais pas une main amie ! et où puiser le secours ? »)
http://nordexpress.blogspot.com/2009/02/petite-annonce.html