N'en jetons presque plus ! Trions, reprenons, détournons.
L'essentiel est presque bien dit et redit, en long, en large...
Reprenons serré, de travers, à travers.
Par les moyens d'avenir du présent. Pour le présent de l'avenir.
(OTTO)KARL

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2012-01-04

le temps d'une oeuvre pour soi

R.M. — Quel conseil donneriez-vous donc à un jeune homme – ou à une jeune fille  – qui s'intéresserait à la littérature, et voudrait se développer, se tenir au courant ?

J.P. — Ça dépend. S'il veut simplement être capable de parler de littérature, qu'il s'abonne à l'un de ces cours de conversation mondaine, qui se trouvent un peu partout. Après dix leçons il saura très bien ce qu'on peut raisonnablement dire de Sartre ou de Maurois. Ou même de Simenon.

R.M. — Mais s'il s'intéresse véritablement à la littérature ?

J.P. — Ah !  s'il y croit véritablement, c'est tout différent ! Eh bien, je lui conseillerais de ne prendre qu'un auteur ! Un auteur qu'il se sente disposé à aimer bien entendu. Mais un seul auteur, qu'il épuisera, dont il lira l'oeuvre tout entière. Qu'il y passe un an s'il le faut ou deux ans. Mais qu'il le possède à fond ! Je ne sais rien de plus révélateur — ni qui montre mieux les tenants et les aboutissants, enfin les raisons d'être, de la littérature.

R.M. — Il sera conduit à lire pas mal de pauvretés.

J.P. — C'est donc que les pauvretés, les manques, les erreurs font partie de la littérature. (…)

R.M. — Mais ce ne sont pas des oeuvres si faciles à trouver.

JP — Eh bien, que votre amateur les cherche ! Qu'il aille les recopier dans les bibliothèques ! Qu'il s'associe avec huit ou dix camarades pour les acheter ! Ou bien qu'il lise au hasard (…). Qu'il se lance en pleine aventure ! Qu'il ouvre les livres dont personne ne veut. Ce sont les meilleur marché. Il arrive même qu'ils ne coûtent rien. (…)

R.M. — Il tombera sur de la mauvaise littérature.

J.P. — Mais peu importe. Les mauvais livres aussi sont nécessaires. Ce sont les plus excitants : ils donnent envie de les recommencer. Ils vous invitent à intervenir. Ils vous jettent en pleine littérature. Au lieu qu'un très bon livre est souvent un peu froid. Décourageant, en tout cas.

cf. re-li-re
cf. partenaires particuliers

1 commentaire:

  1. Evidemment pour pouvoir pratiquer la lecture comme un art, une chose avant tout autre est nécessaire, que l’on a parfaitement oubliée de nos jours — il se passera donc encore du temps avant que mes écrits soient « lisibles » —, une chose qui nous demanderait presque d’être de la race bovine et certainement pas un « homme moderne », je veux dire : savoir ruminer…
    (F.N. — GM 0§8)

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