N'en jetons presque plus ! Trions, reprenons, détournons.
L'essentiel est presque bien dit et redit, en long, en large...
Reprenons serré, de travers, à travers.
Par les moyens d'avenir du présent. Pour le présent de l'avenir.
(OTTO)KARL

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2009-06-23

dyspaartition

cf. les trop chères tyrans chéries
Mais on sait bien que pour être plus « fort » qu'elle, pour ne plus t'en laisser imposer — ou moins, du moins —, on sait bien ce qu'il faudrait... Ce qu'il faudrait changer. On le sait exactement. Ou toi, peut-être seulement intuitivement ? Refoulé, sans doute. Mais on le sait !
Que tu deviennes moins attaché qu'elle à votre relation.
Car elle, se comportant comme elle se comporte, elle prend le risque à chaque fois de te perdre, de tout casser... ET ELLE LE PREND ; tandis que toi, la plupart des fois, et dans le fond, et jusqu'ici, tu fais à peu près tout, au contraire, pour éviter ça, pallier à ça ; tu t'appliques, t'inclines s'il le faut, à sauver l'affaire, le navire, autant que tu le peux. Et elle le sait bien. C'est votre jeu. Et elle en abuse. Car elle a une force de plus que toi, un avantage : elle est celle de vous deux qui tient le moins à votre relation. Ce qui ne veut pas dire qu'elle n'y tient pas, ça va sans dire, j'espère !, mais voilà : l'équilibre parfait n'existe pas dans un couple, ou pas que je sache : il y en a toujours un qui tient plus à la relation que l'autre. Et ça le rend plus faible, plus vulnérable, et plus soumis. Naturellement la répartition, le rapport de force peut s'inverser selon les moments, s'intervertir. Mais voilà, quoi. Et chacun le ressent, ressent (au moins subconsciemment, instinctivement) cette répartition. Répartition, comme je te dis, à peu près inhérente à toute relation, mais simplement plus ou moins équilibrée selon les cas ou les périodes.
Il y a toujours une des parties qui, tenant à la relation légèrement moins que l'autre, à un moment donné ou en général (mais quel que soit le cas, ça peut toujours basculer à tout instant), dispose d'un plus grand pouvoir, d'une certaine souveraineté sur le couple. Plus ou moins importante en fonction de l'équilibre. Et c'est là qu'intervient le profil de ceux qui abusent de ce pouvoir, sur l'autre, de cette relative souveraineté sur la relation ; et quand c'est une fille, j'appelle ça une princesse. C'est-à-dire qu'elle teste son pouvoir, voire en joue, cruellement, comme un tyran ou un enfant. Car d'autres, plus mûrs, filles ou garçons, et que j'appelle rois ou reines, s'en retiennent, au contraire — aussi dans ce cas où la répartition est oscillante, c'est clair. Mais dans ton cas, j'ai l'impression qu'elle est plutôt fixe. Et que ça penche toujours plus ou moins du même côté : que c'est elle qui domine de façon générale. Pourquoi ? je le répète : parce qu'elle sent, intuitivement, instinctivement, que, pour des motifs intimes, tu tiens plus à la relation qu'elle, et que tu te saignes à la défendre (la relation), à la sauvegarder. (Elle sait que c'est un ressort qui peut casser, mais elle joue avec, pour tester, se mettre en danger, ou plutôt en élan vers autre chose. Parce que quelqu'un qui tient plus à nous qu'on ne tient à lui, même si la différence est infime, relève toujours un peu du poids mort, même infime.) Bref, tu as pris ce rôle ; ou plutôt, la relation, cette relation-là, singulière, t'a attribué ce rôle. Et le dilemme, si tu en venais à taper du poing sur la table, le dilemme, comme je te le disais une autre fois, il y a quelques mois, c'est que, en ce qui vous concerne à présent, elle risque de ne pas tolérer (facilement) une brutale inversion du rapport de forces, et ce, précisément en vertu de sa dominance tacite (entérinée), et de ce qui la fonde ! (À savoir, un moindre attachement de son côté — dans l'état actuel des choses.) Et ça, bien sûr, tu le sens, tu le sens tellement bien que tu veux pas le risquer, le poing sur la table, le vrai, le ferme, le profond. Et elle le sent autant que toi, et ainsi de suite... Voilà le cercle vicieux. Selon moi. Tu ne veux pas la perdre, elle sent bien ça, et elle s'engouffre là-dedans, et en profite... pour exercer un petit pouvoir, non pas méchamment, mais pour elle-même, son intérêt naturel, égoïste (au sens neutre, ici, animal, vital), mais immaturément égoïste... pour... bref, s'éprouver, se prouver... blabla etc.
(O.K.)
cf. se déc(o)upler
cf. l'art de rencontrer d'aimer

2 commentaires:

  1. Et dans un de ces cours (admirables), Barthes analyse ce type d'« affolement » qui va jusqu'à (ce qu'il appelle) « la folie à deux » : ottonotes d'écoute :

    + Vous remarquerez en effet que dans l'un et l'autre cas, il y a une oisiveté… statutaire, en quelque sorte, de l'un des partenaires.

    + Deuxième caractère commun, c'est le caractère inquiet, difficile et fantasque de l'un des deux partenaires, aussi : [dans le premier cas] la tante Léonie à ce caractère capricieux et difficile, quant à Euloge [dans le deuxième cas] (…) [il] n'est bien nulle part, il n'est bien ni tout seul ni en groupe (...) Donc cette folie à deux se développe chez des sujets dont nous dirions que ce sont des enfants difficiles et gâtés.

    + Et dans les deux cas aussi : une inertie physique des partenaires.
    + Rapport infirmier.
    + Rapport intense de langage.
    + Un contrat très fort de cohabitation
    + L'existence d'explosions agressives, de scènes, ou de leurs fantasmes, de colère ou de passion. Recherche de l'argument le plus blessant, dans les deux cas.
    + Le seul dénouement, dans les deux cas, de cet espèce d'enfer à deux, c'est la mort.

    Alors voilà donc posée cette case de la folie à deux. Je dirais : dans combien de ménages, dans combien de familles, dans combien de couples n'y a-t-il pas de ces couplages — qui ne recoupent pas forcément le couple matrimonial. Ces couplages qui se définissent par un mélange inextricable de haine et d'amour (…). Et ce couplage très fort et très compliqué, puisqu'il est absolument ambivalent et donné comme tel, vise évidemment une relation disons archétypale qui est celle de la bête et du chasseur, ou de la victime et du bourreau — les rôles pouvant s'alterner.

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  2. La notion d'interdépendance est par ailleurs reliée à celle de pouvoir : [Norbert Elias] envisage le pouvoir comme un déséquilibre dans les interdépendances: si je suis plus dépendant de l'autre que l'autre ne l'est de moi, il a alors un pouvoir sur moi.

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