Paraît-il que ma voisine d'en face serait morte.
Elle devait avoir 100 ans bientôt. Ce mois-ci, même, je crois.
Et il se pourrait bien que ce soit le coup de bouderie de sa soeur, l'autre jour, qui lui ait foutu un coup. C'est mon analyse. Elle était déconfite, ce jour-là, qui à duré toute une journée, si je puis dire. Car c'est après elle que sa soeur en avait, dans sa fugue. Maintenant, cette dernière se retrouve seule, comme une..., seule, dans l'appartement qu'elles partageaient, et comme elle est à moitié aveugle, elle va peut-être atterrir en maison de retraite, je sais pas. Sa soeur était incroyablement en forme pour son âge. C'était vraiment incroyable. (Adèle pourrait en témoigner.) Elle faisait encore ses courses, et son ménage, épaulait sa soeur pour marcher, et discutait même avec moi de fenêtre à fenêtre !... Je me disais encore hier, hier encore, que j'étais en contact, là, en présence, à quelques mètres en face, en con-temporanéité avec quelqu'un qui nous venait quand même du début de XXème siècle ! 1910 ! Une sorte de monstre du passé, persistant jusque devant moi. M'englobant dans l'histoire – je sais pas si je dois l'écrire avec un H majuscule, je pourrais. C'est une émotion que tout le monde ne partage pas, je suppose. Comme cette petite solitude de Barthes, dans La chambre claire. Moi ça me fascine. Je fais partie de ceux-là, profondément.
« Un jour, il y a bien longtemps, je tombai sur une photographie du dernier frère de Napoléon, Jérôme (1852). Je me dis alors, avec un étonnement que depuis je n'ai jamais pu réduire « je vois les yeux qui ont vu l'Empereur. » Je parlais parfois de cet étonnement, mais comme personne ne semblait le partager, ni même le comprendre (la vie est ainsi faite à coups de petites solitudes), je l'oubliai. Mon intérêt pour la Photographie prit un tour plus culturel. » (Barthes, La chambre claire.)
(o.K.)
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