N'en jetons presque plus ! Trions, reprenons, détournons.
L'essentiel est presque bien dit et redit, en long, en large...
Reprenons serré, de travers, à travers.
Par les moyens d'avenir du présent. Pour le présent de l'avenir.
(OTTO)KARL

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2010-12-31

écart, tellement...

Qu’il fasse mauvais t’évitait la culpabilité de ne pas sortir. Tu pouvais rester chez toi sans qu’apparaisse l’anomalie de ton enfermement. Personne ne venait alors t’interroger sur ton goût pour la chambre.
(...)
Ton corps, comme celui d’un animal, produisait plus d’énergie que nécessaire. Le trop-plein de puissance que tu accumulais se retournait contre toi si tu ne l’évacuais pas. Si tu passais une semaine sans te dépenser, tu trépignais, tes muscles étaient tendus dès le réveil, et ne se relâchaient qu’à la tombée de la nuit.
(E.L. – merci à S.)

cf. in su ici de
cf. délicatescence
cf. amphibie

2010-12-10

le silence infini de l'amer

Vercors dédie [son livre Le Silence de la mer] à Saint-Pol-Roux, « Poète assassiné ». Saint-Pol-Roux est un écrivain, vieil homme qui meurt de chagrin en 1940 quand son manoir contenant tous ses textes inédits est pillé, peu après qu'un soldat allemand a violé sa fille et tué sa servante. Tout comme Le Silence de la mer veut évoquer une résistance muette au bord des cris, cet homme qui meurt brisé, presque futilement, est le symbole même de la lutte silencieuse de Vercors.

Saint-Pol-Roux, ami de Jean Moulin et de Max Jacob, est mort en décembre 1940 à l'hôpital de Brest six mois après qu'un soldat allemand ivre eut forcé la porte de son manoir, tué sa servante et violé sa fille, Divine (le viol fut réfuté par la suite).

Dans la nuit du 23 au 24 juin 1940, un soldat allemand investit le manoir, tue la fidèle gouvernante et blesse grièvement sa fille, Divine, à la jambe, d'une balle de révolver. Il sera souvent dit et écrit que le soldat viola Divine, chose qu'elle réfuta par la suite. Saint-Pol-Roux échappe miraculeusement à la mort. Le soldat allemand s'enfuit, effrayé par le chien de la maison, [il] fut arrêté, condamné à mort par un Conseil de guerre et fusillé.
Saint-Pol-Roux, qui était à Brest pour s'occuper de sa fille suite à ce méfait, avait négligé de mettre ses inédits en lieu sûr. Lorsqu'il retourna à Camaret, il trouva le manoir livré au pillage et ses manuscrits déchirés, dispersés ou brûlés : il ne se remit pas de ce second choc. Transporté le 13 octobre à l'hôpital de Brest, Saint-Pol-Roux « le Magnifique », « mage de Camaret », atteint d'une crise d'urémie, y meurt de chagrin le 18 octobre [1940].
[Son] « manoir de Coecilian » fut bombardé en août 1944 par les avions alliés et complètement incendié. Il ne reste, de nos jours, que quelques vestiges de cette demeure.



En 1882, Saint-Pol-Roux (natif de Marseille) part s'installer à Paris et commence des études de droit, qu'il ne terminera jamais. Il fréquente en particulier le salon de Stéphane Mallarmé pour qui il a la plus grande admiration. Il gagne une certaine notoriété, essaie quelques pseudonymes et signe à partir de 1890 « Saint-Pol-Roux ». Il tente de faire jouer une de ses pièces, la Dame à la faux, par Sarah Bernhardt. Il est même interviewé par Jules Huret, en tant que membre du mouvement symboliste. Il aurait peut-être participé à la Rose-Croix esthétique de Péladan. Mais il n'y appartient pas très longtemps, car il ne figure pas parmi les signataires sur l'original du document. Saint-Pol-Roux s'est sans doute intéressé à cette audacieuse tentative littéraire, et a dû la quitter rapidement. En 1891, il rencontre sa future femme, Amélie Bélorgey. À cause de difficultés financières, Saint-Pol-Roux quitte Paris.
Son exil l'amènera d'abord à Bruxelles, avant qu'il ne trouve une retraite paisible dans les forêts d'Ardenne. C'est là, en toute tranquillité, qu'il terminera sa Dame à la faux. Après un court retour à Paris, Saint-Pol-Roux quitte la capitale définitivement en 1898.

Il exécra rapidement la capitale pour son ostracisme et la médiocrité du milieu de la critique littéraire, qu'il ignora avec autant de superbe qu'elle le méconnut.

Il s'installe ensuite avec sa femme à Roscanvel dans le Finistère, où naît sa fille Divine. La « chaumière de Divine » devenue trop petite, il s'installe à Camaret-sur-Mer et fait de la Bretagne le centre de gravité de son œuvre.

Il profite des subsides que lui avait assurés un opéra, Louise, dont il avait rédigé pour Gustave Charpentier le livret. Il acheta en 1903 une maison de pêcheur surplombant l'océan, au-dessus de la plage de Pen-Had, sur la route de la pointe de Pen-Hir. Il la transforme en manoir à huit tourelles dont la maison formerait le centre et baptisa la demeure « Manoir du Boultous ». À la mort de son fils Coecilian, mort en 1914 près de Verdun, il le renommera « Manoir de Coecilian » dont on peut encore voir les ruines.

Il reçoit de nombreux artistes et écrivains comme André Antoine, Victor Ségalen, Alfred Vallette, Max Jacob, André Breton, Louis-Ferdinand Céline et même, en 1932, Jean Moulin, alors sous-préfet de Châteaulin. Les membres du mouvement surréaliste le considèrent comme un prédécesseur. André Breton publia son "Hommage à Saint-Pol-Roux" le 9 mai 1925 dans Les Nouvelles Littéraires, où il revendiqua Saint-Pol-Roux comme le seul authentique précurseur du mouvement dit moderne.

Saint-Pol-Roux représente l'archétype du « poète oublié ». C'est à ce titre qu'André Breton lui dédie le recueil Clair de terre (ainsi qu'à « ceux qui comme lui s'offrent le magnifique plaisir de se faire oublier ») et que Vercors lui dédie Le Silence de la mer (« le poète assassiné »).

De son vivant même, son œuvre restait méconnue, pourtant il a été célébré aussi bien par les symbolistes (notamment Rémy de Gourmont) que les surréalistes (qui donneront un banquet à la Closerie des lilas en son honneur en 1925, lequel tourna au pugilat et dont Saint-Pol-Roux s'enfuit, effrayé).

À partir de la Libération, Divine tentera en vain que l'oubli ne se fasse pas sur l'œuvre de son père. Malgré les études de Michel Décaudin, la parution d'un volume dans la collection "Poètes d'aujourd'hui" chez Seghers et les émissions de Jean-Pierre Rosnay à la radio, où il fit dire quelques-un de ses poèmes, Saint-Pol-Roux reste largement méconnu.

Saint-Pol-Roux a tenté de créer une œuvre d'art totale. Ce rêve de la littérature symboliste, consistait à créer une œuvre parfaite répondant à tous les sens. Saint-Pol-Roux s'était donc intéressé au genre théâtral et à l'opéra, pendant ses années parisiennes. A la fin de sa vie, il s'émerveille des possibilités artistiques offertes par le cinéma.
[w.]

2010-11-17

fragmentisme

C. — Je crois que la philosophie n'est plus possible qu'en tant que fragment. Sous forme d'explosion. Il n'est plus possible, désormais, de se mettre à élaborer un chapitre après l'autre, sous forme de traité. En ce sens, Nietzsche a été éminemment libérateur. C'est lui qui a saboté le style de la philosophie académique, qui a attenté à l'idée de système. Il a été libérateur, parce qu'après lui, on peut tout dire… Maintenant, nous sommes tous fragmentistes, même lorsque nous écrivons des livres en apparence coordonnés. Ce qui va aussi avec notre style de civilisation.
F.S. — Cela s'accorde également avec notre probité. Nietzsche disait que dans l'ambition systématique, il y a un manque de probité…
C. — À propos de la probité, je vais vous dire quelque chose. Quand quelqu'un entreprend un essai de quarante pages sur quoi que ce soit, il part de certaines affirmations préalables et il en reste prisonnier. Une certaine idée de la probité l'oblige à aller jusqu'au bout en les respectant, à ne pas se contredire ; cependant, tandis qu'il progresse, le texte lui présente d'autres tentations, qu'il lui faut rejeter, parce qu'elle s'écarte de la voie tracée. On est enfermé dans un cercle que l'on a soi-même tracé. C'est ainsi qu'en se voulant probe, on tombe dans la fausseté, et dans le manque de véracité. Si cela se produit dans un essai de quarante pages, que ne se passera-t-il pas dans un système ! Là est le drame de toute réflexion structurée : ne pas permettre la contradiction. C'est ainsi que l'on tombe dans le faux, que l'on se ment pour sauvegarder la cohérence. En revanche, si l'on produit des fragments, on peut, en une même journée, dire une chose et son contraire. Pourquoi ? Parce que chaque fragment est issu d'une expérience différente, et que ces expériences, elles, sont vraies : elles sont l'essentiel. On dira que c'est irresponsable, mais si tel est le cas, ce le sera au sens même où la vie est irresponsable. Une pensée fragmentaire reflète tous les aspects de votre expérience ; une pensée systématique n'en reflète qu'un seul aspect, l'aspect contrôlé, et par là même, appauvri. En Nietzsche, en Dostoïevski, s'expriment tous les types d'humanité possible, toutes les expériences. Dans le système, seul parle le contrôleur, le chef. Le système est toujours la voix du chef : c'est pour cela que tout système est totalitaire, alors que la pensée fragmentaire demeure libre.
(C.)

On a le don d’étouffer toute vie en cherchant et en posant un premier principe abstrait. (…) En fait, le premier principe est toujours un masque, une simple image, ça n’existe pas, les choses ne commencent à bouger et à s’animer qu’au niveau du deuxième, troisième, quatrième principe, et ce ne sont même plus des principes. Les choses ne commencent à vivre qu’au milieu.
(G.D.)

2010-11-16

le monde aura passé notre tour

Il faudrait y vivre tout seul, et en hiver. Comme moi, quoi. Mais enfin tout ça est généralisé. Cet isolement de chacun, de presque chacun. Ça se retrouve même sur internet. Ça devrait changer un jour, mais en attendant ça aura été notre époque, notre jeunesse sacrifiée, notre « guerre ». Sida (M.S.etc.), préservatif, chômage, glaciation sociale... et j'en passe !... Bref, pour nous, ça aura été ce refrain de brigitte fontaine : « Il fait froid dans le moooonde ! » Qui continue par :  « Ça commence à se savoir. »
Mais le temps de s'en rendre compte, en prendre acte, que ça réagisse, et s'organise... on aura passé, pour ce qui est de notre compte(ur). Passé notre tour. Le monde aura tourné... « tourné sans nous... sans nous attendre. »

2010-11-15

le crépuscule n'est pas la nuit

Du crépuscule c'est pas l'horaire mais la lumière! qui me déchante. Cet orangé dégueulasse, rouquin, cette agonie du jaune. Jaune étant ma couleur préférée, comme le soleil. (Comprendre aussi à cet égard mon immémorial penchant pour les filles blondes, solaires, et le contraire pour les rouquines, crépusculaires – que je distingue des simples rousses. Peut-être.) En tout cas voilà. Et le crépuscule n'est pas la nuit, donc. Question lumière : rien à voir. La nuit est mon autre couleur préférée, le noir. À la nuit mon rythme s'apaise, ralentit, s'approfondit, je m'appartiens mieux. La journée me rend troublé, limite affolé, comme un insecte par la lumière électrique ; tandis qu'avec la nuit s'installe ma vitesse de croisière, le calme pour faire ; légèrement hors du monde, du mondain, et plus ou mieux au coeur du mien.
(O.K.)

La nuit, tu percevais moins l’écoulement du temps. Les devoirs urbains étaient repoussés au lendemain. Aucun acte social ne pouvait être entrepris, rien ne te distrayait plus de toi-même. Tu devenais contemplatif sans culpabilité, et sans autre limite que ta fatigue.
(E.L. – merci à S.)

Le jour m’éblouit.
Le soir m’apaise.
La nuit m’enveloppe.
(E.L. – merci à S.)

2010-11-13

à la réaction

« La folie actuelle », oui, ou les prémices de l'avenir, ma chère. Balbutiantes ou maladroites. Mais l'humanité déroule son destin, dont on n'est guère que grains. Et pas plus que d'où elle vient on ne sait vraiment où elle va, quel est-il, ce destin. (J'entends « destin » au sens cosmo-logique plus que programmatique.) S'en faire une idée et juger tout en fonction, c'est ce qu'on appelle la morale : à défaut de connaître l'origine de cette humanité on délire volontiers sur sa fin, sinon son sens – qu'on prend alors pour une direction, à tenir. Voilà le lieu, l'enjeu de la morale. Et c'est n'y pas comprendre grand chose, en fait... à la grande chose – que j'appelle la cosmo-logique. Précisément, même, moins on comprend, plus on moralise, disait deleuze, qui comprenait manifestement beaucoup de choses. Bref, le monde et l'Homme tels qu'on les connaît ou croit les connaître ne sont que passage et métamorphose, avec tout le reste. Donc, au moins, l'Homme actuel n'a « rien de définitif », il n'est qu'un pont. Un pont entre les ponts. Tout est devenir. Le reste n'est que Morale.
(O.K.)

2010-11-12

[u] en étais-je ?

Oui, les génies, ça ne manque pas. À notre niveau il n'y a plus qu'à recopier ! Et recycler, par montages. C'est ce que font déjà certains présents génies... du futur. Eh oui, les génies sont d'abord de simples vivants, parmi les autres, avec des amis, des manies, des simplicités, avant de devenir reconnus par les siècles. Voilà aussi pourquoi ils passent d'abord inaperçus, souvent. Les vrais. Non pas les faux à la mode : c'est plus rares. Inaperçus même auprès de leurs proches. Et surtout ? Puisqu'on en est à nietzsche, prenons seulement nietzsche. Etudie son cercle d'amis. Moi je le connais. Catastrophe. Solitude immense, et, je pourrais dire : absolue. Certes ontologique, déjà, comme tout le monde. ; seulement, aggravée, accentuée, radicalisée par le génie. Sur « la cime », quoi. Glacée. Vertigineuse. Et je pourrais aligner les noms : flaubert, etc. Mais presque tous. Et je dirais même : tous, par définition. Même eux-mêmes ne sont pas en mesure de mesurer à quel point ! Naturellement. (Sinon ils deviendraient (tous) fous sur place. Je peux te le dire. Je crois pouvoir te le dire. On ne mesure pas, ou pas tellement, et mieux vaut ne pas mesurer, tellement.) Mais... j'en étais où ? Qu'est-ce que je voulais dire ?...
(O.K.)

cf. conpréhensiom
cf. l'ascésure
cf. ottocrédit
cf. k.abbale
cf. les certitudes, ça, (g)rands fous
cf. au fond, proust, c'est moi (1)
etc.

amphibie

Mon amphivie. (o.k.)

cf. écart tellement...

2010-11-11

1910-2010

Paraît-il que ma voisine d'en face serait morte.
Elle devait avoir 100 ans bientôt. Ce mois-ci, même, je crois.
Et il se pourrait bien que ce soit le coup de bouderie de sa soeur, l'autre jour, qui lui ait foutu un coup. C'est mon analyse. Elle était déconfite, ce jour-là, qui à duré toute une journée, si je puis dire. Car c'est après elle que sa soeur en avait, dans sa fugue. Maintenant, cette dernière se retrouve seule, comme une..., seule, dans l'appartement qu'elles partageaient, et comme elle est à moitié aveugle, elle va peut-être atterrir en maison de retraite, je sais pas. Sa soeur était incroyablement en forme pour son âge. C'était vraiment incroyable. (Adèle pourrait en témoigner.) Elle faisait encore ses courses, et son ménage, épaulait sa soeur pour marcher, et discutait même avec moi de fenêtre à fenêtre !... Je me disais encore hier, hier encore, que j'étais en contact, là, en présence, à quelques mètres en face, en con-temporanéité avec quelqu'un qui nous venait quand même du début de XXème siècle ! 1910 ! Une sorte de monstre du passé, persistant jusque devant moi. M'englobant dans l'histoire – je sais pas si je dois l'écrire avec un H majuscule, je pourrais. C'est une émotion que tout le monde ne partage pas, je suppose. Comme cette petite solitude de Barthes, dans La chambre claire. Moi ça me fascine. Je fais partie de ceux-là, profondément.

« Un jour, il y a bien longtemps, je tombai sur une photographie du dernier frère de Napoléon, Jérôme (1852). Je me dis alors, avec un étonnement que depuis je n'ai jamais pu réduire « je vois les yeux qui ont vu l'Empereur. » Je parlais parfois de cet étonnement, mais comme personne ne semblait le partager, ni même le comprendre (la vie est ainsi faite à coups de petites solitudes), je l'oubliai. Mon intérêt pour la Photographie prit un tour plus culturel. » (Barthes, La chambre claire.)
 (o.K.)

pré-tention

Ma sorte de « prétention » n'est, au fond, qu'une forme d'impatience. Intenable.
(O.K.)

cf. vague al'arme

KE6PZH

Connu mondialement par les radioamateurs sous les indicatifs KE6PZH et FO5GJ, [Marlon] Brando est inscrit dans la base de données du FCC sous le nom de Martin Brandeaux. À l'occasion, on pouvait l'entendre avec son indicatif FO5GJ émettant depuis son île privée en Polynésie française. En 1994, au cours d'une entrevue sur CNN avec Larry King, Marlon Brando avait confirmé qu'il s'intéressait toujours au radio amateurisme. En réponse à une question d'un téléspectateur, il avait révélé que le radio amateurisme lui permettait d'avoir l'opportunité « d'être simplement lui-même ».
(w.)

2010-11-10

le second souffle

J'avais le secret du plaisir à vivre – c'était par les petites choses, les moindres choses, celles où l'on n'ose pas voir l'immensité, – les oeuvres du temps dont l'éternité est jalouse. (La jalousie n'a rien à voir là-dedans; l'éternité ne s'occupe de rien, les petites choses le savent, pas nous.)
(H.T.)

Le temps diminue chez nous l'intensité des plaisirs absolus, comme parlent les métaphysiciens ; mais il paraît qu'il accroît les plaisirs relatifs : et je soupçonne que c'est l'artifice par lequel la nature a su lier les hommes à la vie (...)
(C.)

cf. tant la vie

2010-11-09

corpsolution

O.K. — Écoute, je t'ai toujours dit : on connaît la solution. Elle est souvent devant nous, en nous. Et on la connaît, mais on lui donne pas voix, ni voie. On veut pas la reconnaître, l'assumer. Pour plusieurs raisons. Par lâcheté, en gros. On pressent de fâcheuses conséquences. Alors on essaie de prendre sur soi, de faire avec, ou sans, en même temps des maladies ou des troubles s'installent, mais qu'on finit par prendre pour notre économie naturelle, et croire qu'on a pas de chance, mais bon, qu'en attendant plus grave, un jour, c'est un moindre mal. Et on occulte la cause de tout ça. Refoulée. Mais qu'on connaît !... En se creusant... Avec un brin de courage. Question de gestion, de vie.
Et là où je voulais en venir, c'est que tu dis toi-même, tu n'arrêtes pas de dire que cette activité (...) te détruit, te dégoûte de toi-même, etc. Et c'est pas assez, ça ? Comme déclaration. Ça ne dit pas tout ? Tout le problème ? Le fond du problème.
Donc, ton médicament je te le donne, si vraiment tu veux guérir : emploie-toi à mieux gérer concrètement cette activité-là, c'est-à-dire généralement ton temps, tes désirs. Mais vraiment. Ou alors arrêter. Et ce qui t'en empêche c'est des raisons extérieures (attentes, conventions, etc.) que tu admets comme des nécessités, des obligations, mais tu sais bien que si tu n'écoutais « que » toi, au fond... Et le voilà le problème : tu ne suis pas, ne respectes pas ton sentiment le plus intime, le plus juste, ta propre intelligence... à toi-même. Certes c'est un apprentissage. Mais alors il faut s'y atteler ! Et prendre ça très au sérieux, la gestion de tout ça. Le voilà, l'apprentissage, le vrai ! Le premier. Le seul qui compte. (...) Autrement, tu pourras toujours continuer de te plaindre, de solliciter les médecins et tout leur bricolage. Ils te le disent eux-mêmes, d'ailleurs ! Et encore, ils imaginent mal. Eux croient encore beaucoup au bricolage. C'est leur métier – voire leur beurre. Mais réfléchis un coup... Profondément. Et tu sais déjà tout. Tout ce qu'il faut. Seulement tu te brides. Alors ton corps te le fait payer. Tout... simplement. Il envoie ses signaux. Ces signaux que tu me décris là, donc. Et impressionnants, non ? Donc, à toi de voir. N'oublie pas que tu es ton corps. Et s'il se plaint c'est donc toi qui te plains, à toi-même. À toi de t'entendre. (Et tu te dis quoi ? À ton avis ?)


A. — Mais la philo toute seule m'enlève pas cette putain de [maladie] !! désolée mais là j'ai vraiment envie de me faire traiter. (...) je suis bien d'accord de travailler sa tête mais une fois que c'est arrivé il y a pas grand-chose à faire. c'est comme si je disais que j'ai froid et tu me dis « Imagine que tu as très chaud ». Vraiment...

O.K. — Pour le Nième fois : la philosophie c'est pas la tête ! C'est le corps, direct. La philosophie est une pratique, la pratique de vie, et dont dépend directement la santé. C'est un traitement de soi. Aux résultats souvent moins immédiats que ceux de la médecine, mais plus authentiques, plus sains, profonds et durables. Maintenant, oui, pour dépannage... urgence... Mais pour la suite ?...


cf. CHAPITRE : physio-logique
cf. CHAPITRE : défausophie

2010-11-06

... les moyens de ses intuitions

Vous savez, moi je crois que les livres, ça sert à tout sauf précisément à leur emprunter des idées. Je sais pas à quoi ça sert ! Mais ça sert à quelque chose, ça, sûrement. On peut emprunter à un livre tout ce qu’on veut (...), mais on peut pas lui emprunter la moindre idée ! Ça va pas, ça... Le rapport d’un livre avec l’idée c’est quelque chose de tout à fait différent.
Alors dans le cas de Spinoza, on peut toujours trouver une tradition dans la philosophie du livre : ah oui, bon, elle se continue et passe par Spinoza, tout ça... Mais, en un sens, il emprunte rien... rien, rien, rien... (...) un philosophe il a une intuition, et qu['il] cesse pas d’essayer de l’exprimer, quoi...
(G.D.) 

 
(...) à mon sens, ce qui se transmet, ce ne sont pas des « idées », mais des « langages », c’est-à-dire des formes que l’on peut remplir différemment ; c’est pourquoi la notion de circulation me paraît plus juste que celle d’influence ; les livres sont plutôt des « monnaies » que des « forces ».
(R.B.)

Je n'ai subi qu'une fois l'influence de quelqu'un : avant de tourner Citizen Kane, j'ai vu quarante fois La Chevauchée Fantastique. Je n'avais pas besoin de prendre exemple sur quelqu'un qui avait quelque chose à dire, mais sur quelqu'un qui me montrerait comment dire ce que j'avais à dire... 
(O.W.) 

... afin d'avoir sous la main quelques formules, signes, moyens d'expression de plus. 
(F.N. — EH 3B§3)


cf. hein ? confluences

à mesure

Quand on a été bien tourmenté, bien fatigué par sa propre sensibilité, on s’aperçoit qu’il faut vivre au jour le jour, oublier beaucoup, enfin, éponger la vie, à mesure qu’elle s’écoule.
(C.)

2010-11-04

ii

.... enclin à ne plus faire que savourer autant qu'on peut, approfondir les quelques choix qu'on opère, qui s'opèrent, qui se sont opérés d'eux-mêmes, accepté qu'il n'y aura guère plus que ça, que c'est avec ça qu'il faut faire, faudra faire, poursuivre ; creuser. Relire. Relier.
Ne plus être tout à fait jeune : approfondir sa jeunesse. Voilà peut-être ce qui serait en train de m'arriver.
(O.K.)

cf. jeune pousse

tandis que j'agonise

S. — Pourquoi tu fais pas une entrée "otto karl" [sur Wikipédia] ?

O.K. — Non, impossible, il faut une existence dans le  « vrai » monde. Ce qui est considéré comme tel aujourd'hui. En attendant qu'ils comprennent, que ça avance. En attendant que « ça » comprenne. (Considération de la publication numérique et, plus loin, même, de l'écriture proprement numérique et audiovisuelle.) D'ici-là je serai loin, et peut-être disparu, ou démissionnaire depuis longtemps. Car au jour d'hui on me semble encore loin, ou trop loin pour mon urgence. Familiale, avant tout. Cela une fois dit, c'est peut-être et sans doute encore les mêmes ou une bonne partie des mêmes qui passeront alors devant. Les Héritiers. Quand le vent aura tourné, tourné de ce qu'il faut, tout juste ; et alors tourné comme le lait, pour ce qui est de ma poire. Ah, les héritiers... la reproduction... Tandis que j'agonise...

2010-11-03

supérioridité

Il voulait susciter le désir, mais sans entrer dans les manoeuvres séductrices. Par profonde timidité, ou par sentiment de supériorité mais c'est souvent lié !
(C.T.)

Ne pas oser ? Être timide ? C'est souvent se prendre au sérieux.
(F.C.)

Simple, être simple / Ça arrive / Même à des gens très biens / Je me dis ça / Tous les matins.
(V.d.L.)

just wanna have fun

Tu connais le journal où je travaille :  ce que nous essayons de créer c'est une humanité factice, frivole, qui ne sera plus jamais accessible au sérieux, ni à l'humour, qui vivra jusqu'à sa mort dans une quête de plus en plus désespérée du fun et du sexe ; une génération de kids définitifs. Nous allons y parvenir, bien sûr ; et, dans ce monde-là, tu n'auras plus ta place.
(M.H.)

2010-11-02

ferme

Décidément, mon dessein était trop vaste et l'énoncé d'un vaste dessein en est toujours une trahison. Nul ne peut dire sans être comique qu'il s'apprête à quelque intervention renversante : il doit renverser, voilà tout.
(G.B.)

2010-11-01

re-tenue

Question
Pourquoi ne donnez-vous plus rien au public ?

Réponses

C’est que le public me paraît avoir le comble du mauvais goût et la rage du dénigrement.
(...) une disgrâce me ferait peut-être beaucoup de peine.
C’est que je ne dois pas troubler mon repos, parce que la compagnie prétend qu’il faut divertir la compagnie.
C’est que je travaille pour les Variétés Amusantes, (...) et que je
mène de front, avec cela, un ouvrage philosophique, qui doit être imprimé à l’Imprimerie Royale.
C’est que le public en use avec les Gens de Lettres comme les racoleurs du Pont Saint-Michel avec ceux qu’ils enrôlent : enivrés le premier jour, dix écus, et des coups de bâton le reste de leur vie. (...)
Exemple de M. Thomas, insulté pendant toute sa vie et loué après sa mort. (...)
C’est que j’ai peur de mourir sans avoir vécu. (...)
C’est que j’ai à travailler et que les succès perdent du temps. (...)
C’est que si j’avais donné à mesure, les bagatelles dont je pouvais disposer, il n’y aurait plus pour moi de repos sur la terre.
C’est que j’aime mieux l’estime des honnêtes gens, et mon bonheur particulier que quelques éloges, quelques écus, avec beaucoup d’injures et de calomnies. (...)
C’est que jamais, comme dit Bacon, on n’a vu marcher ensemble la gloire et le repos.
Parce que le public ne s’intéresse qu’aux succès qu’il n’estime pas.
Parce que je resterais à moitié chemin de la gloire de Jeannot.
Parce que j’en suis à ne plus vouloir plaire qu’à qui me ressemble. (...)
C’est que j’ai connu presque tous les hommes célèbres de notre temps, et que je les ai vus malheureux par cette belle passion de célébrité, et mourir, après avoir dégradé par elle leur caractère moral.
(C.)

cf. quelques trompettes sur la renommée

2010-10-31

sur(le)coté

Il en est de la valeur des hommes comme de celle des diamants, qui, à une certaine mesure de grosseur, de pureté, de perfection, ont un prix fixe et marqué, mais qui, par delà cette mesure, restent sans prix, et ne trouvent point d’acheteurs.
(C.)

cf. ni vu ni connu

2010-10-27

rien d'avance. En avant.

Je sais que la beauté ne va pas durer mais la vie me fera découvrir autre chose !
(Monica B.)

2010-10-24

un chien qui a mordu, remordera... à l'hameçon.

Personnally, I don't like a girlfriend to have a husband. If she'd fool her husband, I think she'd fool me.
(O.W.)

2010-10-20

hein ? confluences

« Ah, vous écrivez comme untel » ou « vous pensez la même chose que lui ! — Que qui ?  Comme qui ? » Ou : « Oui, mais je connaissais pas avant. » Phénomène courant. C'est pour dire que l'influence, j'y crois bof, et ce que je crois en revanche c'est que j'ai plutôt raison.
(o.k.)

Cette question des influences est très difficile à démêler. Ce serait comme de demander à ma fille Agathe dans quelle mesure elle doit sa jolie mine à la crème dont elle est si gourmande. L’écrivain est bien sûr impressionné par les œuvres dont il s’est nourri. Mais n’oublions pas qu’il ne les a pas choisies par hasard. Lorsqu’il est venu vers elles, c’est avec un instinct aussi sûr que celui des bêtes qui vont mâchonner l’herbe médicinale que leur état réclame. L’influence ne s’exerce que sur celui qui était prédisposé à la recevoir. Elle est elle-même déterminée, oserai-je avancer, et non seulement par goût du paradoxe. D’une certaine façon, elle est seconde, de même que l’eau n’étanche que la soif.
(E.C.)

Finalement, personne ne peut tirer des choses, y compris des livres, plus qu'il n'en sait déjà. Ce à quoi l'on n'a pas accès par une expérience vécue, on n'a pas d'oreilles pour l'entendre.
(F.N. - EH 3§1)

Il n'y a en littérature qu'un sentiment absolument sot : c'est la peur d'être influencé.
(J.P.)

cf. ... les moyens de ses intuitions
cf. intracession

2010-10-02

progression d'une relation amoureuse qui marche

(merci à edgar, de lepostier.fr)

Les lecteurs attentifs du philosophe otto karl n'apprendront pas grand chose ci-dessous, et seront même ramenés un peu en arrière, mais disons que...
La relation amoureuse est un processus en mouvement qui passe par différents stades. De la fusion à la relation durable, analyse d’un parcours d’obstacles qui demande ouverture d’esprit et adaptabilité…
« Etre amoureux n’est pas un état mais un devenir », écrivait le psychosociologue italien Francesco Alberoni dans Le Choc amoureux (Pocket, 1993). Depuis cet ouvrage de référence, on ne compte plus les études des thérapeutes de couple qui ont insisté sur le mode évolutif de l’état amoureux. Qu’elles mettent à jour trois, quatre ou six étapes, ces recherches s’accordent toutes pour dire que, du coup de foudre au rapprochement en passant par la différenciation, l’amour suit une chronologie.
Il ne s’agit pas de dire que toutes nos histoires de cœur se déroulent suivant un seul et même scénario ; chacun arrive dans le couple avec ses expériences, ses fragilités, ses forces, et c’est de la rencontre entre ces deux histoires que dépendront la nature et l’évolution de l’amour. Puis, selon le temps qu’ils prennent avant de cohabiter ou d’avoir des enfants, selon l’attention qu’ils portent à leur relation, selon leur âge aussi, les partenaires s’attardent plus ou moins longtemps sur l’une ou l’autre des étapes de la relation amoureuse. De même, le passage d’une phase à l’autre n’est pas définitif : il y a des temps de régression, d’accélération, de stagnation…
Il n’empêche : toutes les amours au long cours passent par des stades identiques. En nous appuyant sur les différentes études existantes, nous en avons défini trois. En quoi ces étapes sont-elles la clé d’une relation heureuse et durable ? Comment passer de l’une à l’autre ? Avec quelles conséquences ? Analyse de l’histoire d’amour vu comme un parcours.

La « fusion »
Les signes : « Tu es celle que j’attendais » ; l'illusoire « Nous sommes d’accord sur tout » ; l'idiot « Toi et moi ne faisons qu’un »… Aujourd’hui, toute relation, ou presque, commence par une attraction passionnelle. C’est l’amour intense, la « symbiose », d’après les psychologues Ellyn Bader et Peter T. Pearson. Pour les amoureux, chaque éloignement est un déchirement et chaque expérience partagée l’occasion de se découvrir de nouveaux points communs : il semble évident que l’on était faits pour se rencontrer.
Les avantages : cette étape est essentielle à la formation du couple puisqu’elle crée la complicité. La conseillère conjugale Françoise Sand ajoute qu’elle est « l’un des rares moments dans l’existence où l’on peut mûrir sans douleur » : elle permet de sortir de soi, découvrir des aspects de la vie que l’on n’avait pas envisagés seul ou dont on avait peur. L’amour passion donne des ailes.
Les pièges : cet amour passion repose en grande partie sur des leurres. En effet, chacun s’imagine que si cette relation est aussi intense, c’est parce que l’autre correspond parfaitement à l’image du partenaire idéal qu’il porte en lui. Autrement dit, plutôt que de le voir dans ce qu’il est réellement et globalement, il devient le support de nos projections. L’attente à son égard est si forte que nous l’idéalisons : ses défauts sont niés au bénéfice de ses seules qualités.
Les clés : profiter absolument de cette lune de miel, car elle est aussi agréable qu’éphémère. Elle durerait entre deux et trois ans, en moyenne. Après ? Le retour à la réalité s’impose de lui-même et cette fusion si rassurante devient peu à peu étouffante, aliénante. Le besoin d’air se fait sentir.

La différenciation
Les signes : « Tu n’es pas celui que je croyais » ; « Je ne comprends pas que tu puisses aimer cela » ; « Tu ne sais pas ce que je pense vraiment »… Avec la cohabitation, le partage du quotidien et les responsabilités à assumer, le couple descend de son nuage pour se confronter à la réalité. Alors qu’ils ne voyaient que ce qui les unissait, les partenaires découvrent peu à peu leurs différences. L’autre révèle toutes les facettes de sa personnalité. Déception ? Inéluctablement, puisqu’il s’agit de dire adieu à l’image idéalisée que chacun avait de l’autre, mais aussi de soi : la vie à deux nous fait découvrir des aspects de notre propre caractère, que nous n’avions jamais eu l’occasion de cerner et que l’autre nous aide à percevoir.
Les avantages : cette étape est fondamentale puisqu’elle permet de se retrouver soi-même, de reprendre contact avec ses propres intérêts et objectifs de vie. Sans cette étape, la fusion finit par être vécue comme un carcan dans lequel les personnalités de chacun sont niées… jusqu’à la crise. Sur une infidélité ou un départ soudain, plus d’une histoire d’amour se termine avant d’avoir dépassé cette phase.
Les pièges : il n’est pas simple de rompre avec sa vision fantasmée de l’amour et d’accepter de vivre une relation qui ne soit pas tous les jours synonyme de plaisir. Signe de notre attachement à une tradition romantique ou de l’influence d’une société qui fait de l’hédonisme une finalité : nous avons tendance à penser que la fougue des premiers temps est « la » définition de l’amour. L’autre difficulté tient au fait que cette étape du retour à la réalité n’intervient pas simultanément chez les partenaires : celui qui vit encore dans l’idéalisation peut se croire abandonné, moins aimé, tandis que l’autre ne se sentira pas reconnu dans une relation devenue étouffante.
Les clés : de l’air et de la communication. Prendre l’air, c’est savoir sortir du couple pour vivre ses loisirs, servir ses perspectives professionnelles… C’est redevenir « un », définir son territoire qui n’est pas le même que celui de son partenaire. Pour faire admettre cette prise de distance, la communication est indispensable : les partenaires doivent oser expliquer leurs envies, leurs besoins, afin d’éviter que cette différenciation soit interprétée comme une fuite ou un déclin de l’amour.

Le rapprochement
L’étape précédente a permis à chacun de se redéfinir, à ses yeux et à ceux de l’autre. Cette phase consiste maintenant à mesurer la compatibilité de ses attentes respectives et à réfléchir aux moyens que chacun est prêt à fournir pour travailler à la fondation de son couple. Ce n’est plus l’amour entendu comme : « un + un = un » (la fusion), ni « un + un = deux » (la distanciation), mais « un + un = trois » : toi, moi et notre couple. Ce troisième élément « couple » va naître de l’élaboration de projets communs sans cesse réactualisés, qui, à l’avenir, donneront à la relation sa dynamique et garantiront sa durabilité. Que veut-on vraiment pour soi et pour la relation ? Qu’attendons-nous de notre vie ensemble ?...
Les avantages : dans ce temps du rapprochement, l’amour exprime véritablement son désir d’avenir. Une certaine sérénité amoureuse devient possible. Arrivé à cette étape, le sentiment amoureux sait admettre les divergences et donne l’envie de trouver des réglages pour les dépasser.
Les pièges : consolidé par le temps et les épreuves partagées, cet amour tend à virer à l’amitié.
Le risque : sombrer dans une cohabitation heureuse, mais où le désir, les élans passionnés n’auraient plus leur place, et lasser l’un ou l’autre des partenaires en mal d’un état amoureux plus pétillant.
Les clés : pour pérenniser cet amour solide, le défi consiste à sortir de temps en temps du confort qu’il offre. D’abord, en sachant remettre régulièrement en question les projets établis et en élaborant ensemble de nouveaux objectifs. Ensuite, en bousculant parfois la tranquillité de son amour pour y intégrer de la passion : réactualiser ces petites folie qui sublimaient les premiers mois de la relation... même le temps d’un week-end, mais plus, si possible. C’est dans ce subtil mélange entre raison et passion que le couple se donnera les chances d’inventer un amour, un vrai...

> L'amour inventé, à réinventer... : réinventé, par otto karl.

2010-09-30

2010-09-29

ni vu ni connu

Caché dans la chambre des parents de Thomas, Antoine attend qu'on le trouve. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Thomas et tous les invités jouent à cache-cache. Sauf que personne n'est venu et que les autres sont partis jouer aux fléchettes dans le jardin, sans Antoine. Personne ne l'a trouvé parce que personne ne l'a cherché. Ça se passe toujours comme ça pour Antoine. On ne se souvient jamais qu'il est là, qu'il joue, qu'il existe. Au fond, personne ne l'aime ou le déteste vraiment. C'est comme s'il était invisible. Ce jour-là, Antoine décide de se faire oublier pour de bon. Il ne rejoint pas le groupe dans le jardin, il veut rester caché. Puisqu'il a un don pour passer inaperçu, il va s'en servir. Ni vu ni connu...
(O.A.)

cf. sur(le)coté

2010-09-28

2010-09-27

riskant

Im Flugzeug :
« Was mache ich hier eigentlich, so hoch, so schnell ? » (1)
(O.K.)

Salut [karl],
le temps - c´est trop vite pour moi.
J´aime cette phrase de toi: "das ist riskant, aber das Leben!" (2)
toll!
(B.S.)


(1) Dans l'avion : « Qu'est-ce que je fais ici, en fait, si haut, si vite ? »

(2) « C'est risqué, mais la vie ! »

au-dessus des nuages le soleil, au-dessus du soleil le noir

Au-dessus des nuages, toujours le beau temps, fixe, plein soleil, impassible, inaltérable. (Il n'y a jamais qu'à prendre quelque avion pour le vérifier.)
Les nuages n'auraient qu'à dégager...
Ou, nous, à nous élever.
(O.K.)

Jour et nuit
Au-dessus de l'été
Il y a du noir
(E.G.)

2010-09-26

vers le m u r

Droit vers le mur...
Et de près, in extremis, on verra s'il y a une ouverture.
(O.K.)

2010-09-25

régression n(e)in-ja!


Female Ninjas Magic Chronicles, vol. 1 (1991) :: 1'27''::

Plus j'achète, moins c'est cher !

Ça me fait penser à ce réflexe qu'on a, du moins, beaucoup de consommateurs, d'acheter un truc en plus grande quantité (genre « par lot ») parce que c'est moins cher au kilo, mais alors qu'on en a pas vraiment besoin, on dépense davantage, en réalité, puisque le prix à payer est supérieur à celui que nous coûterait la simple dose, nécessaire. Mais sous prétexte que c'est moins cher au poids, on se croit gagnant. Bref, j'ai pas le temps de le dire mieux, mais tu vois ? Ton réflexe [dans un autre domaine] me ferait faire ce rapprochement...
(O.K.)

Plus j'achète, moins c'est cher !
(Netto)

2010-09-24

dans ses vaines

[L’homme] sait le grand secret de toute créature. […] Il sait que l’on n’est pas heureux. Il sait que depuis qu’il y a l’homme nul homme jamais n’a été heureux. […] Or il n’a qu’une pensée. C’est que son fils soit heureux.
(C.P.)

2010-09-23

point : virgule

Sauf que : « lucides », il faudrait nuancer. Il y a aussi la tendance, tentatrice, à noircir l'avenir. Généralement par conservatisme, au fond, même affublé d'autres noms. « C'était mieux avant », « on va vers le pire », etc. Peut-être, mais pour qui ? Tout est pharmakon, pharmacologique. Les alarmistes ignorent souvent les vertus retorses du supposé poison, son envers. C'est qu'ils voudraient à tout prix faire éviter la part de perte – fût-elle certes catastrophique à l'échelle humaine – inhérente à toute métamorphose. Or fondamentalement, tout n'est jamais que métamorphose, transition, devenir, immense... Cosmo-logique, car faut-il rappeler que le monde n'est pas constitué à notre échelle : le monde n'est pas humain.
(O.K.)

... la tâche de la philosophie c'est de dire ce que c'est qu'aujourd'hui et de dire ce que c'est que « nous aujourd'hui ». Mais en ne se donnant pas la facilité un peu dramatique et théâtrale d'affirmer que ce moment où nous sommes est, au creux de la nuit, celui de la perdition la plus grande, ou, au point du jour, celui où le soleil triomphe, etc. Non, c'est un jour comme les autres, ou plutôt c'est un jour qui n'est jamais tout à fait comme les autres.
(M.F.)

2010-09-22

génération ? passons.

Bref, tout est vraiment bouché — avec certes d'infimes failles pour les plus chanceux, triés sur le « relais ». C'est à peine croyable. Génération sacrifiée. Ça a l'allure d'un cauchemar, vraiment. Aucune issue. Vous êtes qui ? Vous repasserez. Mais je n'ai qu'une vie, monsieur, et elle passe. On vous rappellera. (Lévi-strauss avait raison, de s'en plaindre déjà : on est trop nombreux sur cette terre) Alors ? L'arrêt de tout et la réclusion volontaire ? Mais à la charge de qui ? Je te le demande. Alors le suicide ?... Bref. Le cauchemar un peu pour de vrai, quand même. Mais passons. Oui, de toute façon, dans la vie, il n'y a que ça ; on ne peut compter que là-dessus : passer.
(Tant pis. J'aurai fait l'essai.)
Aux suivants...
(O.K.)

cf. le monde aura passé notre tour

2010-09-09

des vrais défauts

Pendant que j'étais à admirer le côté curieux, déconcertant de Cézanne que je ressens depuis nombre d'années, arrive Renoir. Mais mon enthousiasme n'est que de la Saint-Jean à côté de celui de Renoir, Degas lui-même qui subit le charme de cette nature de sauvage raffiné, Monet, tous... sommes-nous dans l'erreur ?... je ne le crois pas... Les seuls qui ne subissent pas le charme, sont justement des artistes ou des amateurs qui par leurs erreurs nous montrent bien qu'un sens leur fait défaut. Du reste, ils évoquent tous logiquement des défauts que nous voyons, qui crèvent les yeux, mais le charme... ils ne le voient pas... Comme Renoir me le disait très justement, il y a un je ne sais quoi d'analogue aux choses de Pompei si frustes et si admirables...
(C.P.)

2010-09-05

J'aime le j'aime-j'aime pas de Robbe-Grillet

Version audiovisuelle, raccourcie :


Version texte, intégrale :

J'aime la vie. Je n'aime pas la mort.
Pourtant, j'aime assez ce qui demeure immobile (j'aime les chats, je n'aime pas les chiens).

J'aime l'impression d'éternité, les vieilles demeures de province au décor immuable, les lourds velours rouges passés depuis toujours, la mousse dans les allées, les carpes entre deux eaux dans les bassins.

Je n'aime pas le téléphone, je n'aime pas la voiture. J'aime les longs voyages en chemin de fer: Paris-Bucarest, New York-Los Angeles, Istanbul-Téhéran, Moscou-Khabarovsk.

J’aime aussi marcher, dans les rues ou à travers la campagne. J'aime les automnes humides et doux, les feuilles brunes luisantes de pluie, en l’épais tapis spongieux sur les chemins.

Je n'aime pas le bruit. Je n'aime pas l'agitation. J'aime les belles voix. Je déteste les cris.

J'aime les foules joyeuses. Je n'aime pas ce qui plaît aux foules. Je ne fais pas confiance aux masses populaires.

J'aime les jours où je me sens plus intelligent, plus instruit, plus aigu. J'aime apprendre. J'aime enseigner.


Je n'aime pas faire une conférence après un bon repas. [J'aime le vin rouge. Je n'aime pas le scotch. J'aime la langue française.

J'aime la vie. J'aime la littérature.

Je n'aime pas... Points de suspension. Je n'aime pas penser à ce que je n'aime pas.

J'aimais la voix de Roland Barthes.]

J'aime bien les petites filles, surtout si elles sont jolies, je n'aime pas trop les petits garçons.

J'aime le joli. Je n'aime pas trop la mode du laid.

J'aime dire ce que je pense, surtout si cela ne se dit pas. [Je n'aime pas les militants, quelle que soit leur tendance.]


J'aime connaître la règle. Je n'aime pas la respecter.

[J'aime ce qui est petit. J'aime les rues de New York, les grands paysages de l'Ouest américain. Je n'aime pas les grands mots.

J'aime comprendre. J'aime analyser les choses.
] J'aime connaître les théories, littéraires ou scientifiques.

J'aime la liberté. Je n'aime pas le gaspillage. Je n'aime pas la salade journalistique.

J'aime mon papa et ma maman. Je me méfie des psychanalystes.

J'aime bien agacer les gens, mais j'aime pas qu'on m'emmerde.

(A.R.-G.)

cf. JaimejaimEpas

2010-08-17

encore un mot postsexuel

Ne plus être attiré par le sexuel (et ses dérivés directs) aussi bêtement que ces insectes par la lumière et chaleur électriques, qui viennent irrésistiblement s'y cogner, machinalement, séance tenante, affaires cessantes, indéfiniment, aveuglément, à y brûler leurs ailes, leurs nuits et jusqu'à leur vie.
(O.K.)

> crap(r)auds sexuels

2010-08-08

cap

Le courage, c'est de dominer ses propres fautes, d'en souffrir, mais de n'en pas être accablé et de continuer son chemin. Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un air tranquille ; c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel ; (...) c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains, aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.
(J.J.)

2010-07-12

à bon amateur

Pour aimer un tableau, il faut être un peintre en puissance, sinon on ne peut pas l'aimer ; et en réalité, pour aimer un film il faut être cinéaste en puissance ; il faut se dire : mais moi j'aurais fait comme ci, j'aurais fait comme ça ; il faut soi-même faire des films, peut-être seulement dans son imagination, mais il faut les faire, sinon, on n'est pas digne d'aller au cinéma.
(J.R.)

cf. l'amatueur, ou l'artiste contre-bourgeois
cf. pour une révolution amateuriste

2010-07-11

de l'infantilisme politique


(o.K.) :: 0'49''::

Extrait : Ils finissent par préférer asservir les autres, plutôt que d'être libres eux-mêmes. C'est ça le secret de la servitude volontaire, c'est cette préférence d'être dans la position du dominateur plutôt que d'être libre soi-même...

2010-07-09

lueurologique

— C'est la proposition la plus connue de Leibniz : chaque âme ou sujet (monade) est entièrement fermé, sans portes ni fenêtres, et contient le monde entier dans son fond très obscur, tout en éclairant une petite portion de ce monde, portion variable pour chacun. Le monde est donc plié dans chaque âme, mais différemment, puisqu'il y a un petit côté du pli qui est éclairé. À première vue, c'est une conception très bizarre. Mais, comme toujours en philosophie, c'est une situation concrète. (…) on lit le monde plus qu'on ne le voit.
(...)
— « si le vivant implique une âme, c'est parce que les protéines témoignent déjà d'une activité de perception, discrimination et distinction... » « la matière est textures… » : quel est le statut de ce type de propositions ?
— (…) Quand les éthologues définissent les mondes animaux, c'est d'une manière très proche de Leibniz, ils montrent qu'un animal répond à un certain nombre de stimuli, parfois très peu, qui constituent ses petites lueurs dans le fond obscur de la nature immense.
(G.D.)

cf. dès lors : niet
cf. filtre

2010-07-08

anthropométrie

L'homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont, du fait qu’elles sont ; de celles qui ne sont pas, du fait qu’elles ne sont pas.
(P.)

cf. dès lors : niet

2010-07-01

au fond, d.h. lawrence, c'est moi (1)

• La vitalité a l'attrait de la beauté, et, chez Lawrence il y avait une fontaine continuellement jaillissante de vitalité. Elle ne cessait de sourdre en lui...

• Mais la conversation passionnée de Lawrence était topographiquement lointaine, et personnellement très proche. Des horreurs toutes proches - la guerre, l'hiver, la ville - il se refusait à parler. Car il était sur le point, croyait-il, d'aller établir cette colonie d'évasion à laquelle, jusqu'à la fin, il n'a cessé de rêver. (...) Ce qui importait, c'était Lawrence lui-même, c'était le feu qui brûlait en lui, et qui rayonnait d'un éclat si étrange et si merveilleux dans presque tout ce qu'il écrivait.
Dans un journal intime que je tiens régulièrement, je lis cette note à la date du 27 décembre 1927. « Déjeuné et passé l'après-midi avec les Lawrence. D.H.L. très en forme, cause merveilleusement. Il est une des rares personnes pour qui je sens vraiment du respect et de l'admiration. Pour la plupart des autres hommes éminents que j'ai rencontrés, je sens, du moins, que j'appartiens à la même race. Mais Lawrence a quelque chose de différent et de supérieur en qualité, non en quantité.
Différent et supérieur en qualité. Je crois que presque tous ceux qui l'ont connu ont dû sentir que Lawrence était cela. Un être, comment savoir, d'un autre ordre, plus sensible, plus profondément conscient, plus capable de sentir que même les plus doués des hommes ordinaires. Il avait, sans doute, ses faiblesses et ses défauts. Il avait ses limites intellectuelles — limites qu'il semblait s'être délibérément imposées. (...)

Être avec Lawrence était une espèce d'aventure, un voyage de découvertes dans un monde neuf et différent. Car, étant lui-même d'un ordre différent, il habitait un univers différent de celui des hommes vulgaires, un monde plus intense et plus éclatant, dont, au cours de sa conversation, ils nous faisaient les honneurs. Il regardait les choses, semble-t-il, de l'oeil d'un homme qui avait été aux portes de la mort, et pour qui, à mesure qu'il émerge des ténèbres, le monde se révèle insondablement beau et mystérieux. Pour Lawrence, la vie était une incessante convalescence ; c'était comme si, chaque jour de son existence, il renaissait d'une maladie mortelle. Ce que ses yeux convalescents voyaient, ces paroles les plus insignifiantes vous le révélaient. Une promenade avec lui dans la campagne était une promenade à travers ce paysage miraculeusement riche et chargé de sens qui est à la fois l'arrière-plan et le personnage principal de tous ses romans. Il paraissait savoir, par expérience personnelle, ce que signifiait être un arbre, ou une pâquerette, où une vague qui se brise, ou même la lune mystérieuse. Il pouvait entrer dans la peau d'un animal et vous dire, avec les détails les plus convaincants, ce qu'il sentait, et comment, obscurément, inhumainement, il pensait. De Suzanne-à-l'Oeil-Noir, par exemple, la vache de son ranch au Nouveau-Mexique, il ne se lassait pas de parler, pas plus que je ne me lassais d'écouter la description de son caractère et de sa philosophie bovine.
« Il voit, me disait un jour Vernon Lee, plus qu'un être humain ne devrait voir. Peut-être, ajouta-t-elle,
est-ce pourquoi il déteste tant l'humanité. » C'est pourquoi, aussi, il l'aimait tant.
(A.H.)

• Les relations humaines constituent la matière première de l'oeuvre de D.H. Lawrence, par l'intensité avec laquelle elles révèlent la circulation d'énergie entre les êtres humains. Nourri de rencontres et à la fois profondément solitaire — de la solitude du visionnaire et du misanthrope en même temps, (...) Lawrence erre, se frotte à d'autres peuples, d'autres climats, et son regard toujours pénétrant en retire des observations d'une grande sagacité sur l'autre culturel et l'autre amical, sans jamais que son périple ne le satisfasse ni ne le conduise à adhérer au monde. Cette insatisfaction imprègne également ses rapports humains, placée sous le double signe d'une empathie profonde et d'un esprit critique acéré (...).
(...) Fougueux et emporté dans ses lettres comme dans son oeuvre et dans sa vie, Lawrence qui nous apparaît ici est tranchant et vulnérable à la fois, incapable de ne pas déchaîner sa véhémence contre ses proches tout en ayant (...) besoin de leur soutien et de leur affection. (...)

Car Lawrence lutte avant tout contre lui-même : « La seule aventure est une question de lutte intérieure avec soi-même. » Or Lawrence est las de la « vie intérieure », il fustige ce narcissisme délétère chez M. comme ferment de faiblesse (...) « D'une façon ou d'une autre, vous n'avez pas été assez homme. » Lawrence s'immisce dans la vie intime de ses amis, (...) avec une âpreté déconcertante : c'est comme si, dès lors qu'il avait reconnu en eux une étoffe proche de la sienne, la frontière qui les séparait s'était dissoute, l'autorisant à émettre des conseils qui sonnent parfois comme autant de jugements. Ce faisant, il passe outre à la réserve habituellement observée entre amis. Mais il le sait, et agit ainsi par conviction qu'il peut « aider les gens à avoir foi ». (...)

« Autrement dit, les lettres qu'il aimait à écrire ou à lire était celles qui se gardaient de l'ennui et diffusaient une sorte d'énergie vitale. » (...) Lawrence se soucie très peu des formes épistolaires et, là comme dans son oeuvre, rejette les jougs qui pèsent habituellement sur cette forme d'expression. Cet impératif l'amène parfois à outrepasser les limites de ce qu'il est possible de dire à un ami, peut-être car on ne devrait pas non plus se le dire à soi-même. À trop vouloir changer les autres et le monde, on n'en vient parfois à ne pas se ménager suffisamment. « Je suis un être fastidieux pour moi-même et pour les autres. » Tant il est vrai que l'on ne peut rien pour autrui qu'il ne veuille d'abord pour lui-même.  Ainsi, l'idéal d'une vie commune est venu heurter l'affirmation courageuse de la vie en soi que Lawrence encourage chez ses proches, selon des lignes qu'il dicte parfois de façon autoritaire. Cette tendance cohabitant toujours avec un profond renoncement à la volonté, car « la vie et par elle-même source de vie », et une acceptation émerveillée de ce qui est . (...) « (...) Il me semble que tout ce qu'il écrit (...) a de l'importance. Et, en somme, ce que nous lui reprochons est encore un signe de vie. C'est un homme vivant. »
• Ne faisant pas de distinction entre l'art et la vie, Lawrence veut être porteur de renouveau en art mais surtout faire advenir le « nouveau » dans la trame même de la vie. (...)
(E.A.)

2010-06-29

détournier

Mon propos n'est pas d'innover dans la forme, mais de faire passer dans une forme aussi traditionnelle, préservée et rassurante que possible une matière ne possédant aucune de ces qualités.
(M.T.)

2010-06-25

pas de lieu, sans formule

S — et en même temps ce qui est terrible en ces temps de vie chère (...) c'est que vivre en couple est économiquement intéressant.

OK — Mais pas besoin d'être en couple. En duo suffirait. Et même en trio. Et même en équipe ! Encore moins cher. Bref, en réseau « suffirait », si je puis dire, puisque c'est « l'idéal ». Là aussi, sur cette piste, mon idée s'affine, ou du moins : s'affirme.

S — Certains ont essayé...

OK — Mais étaient-ils si avisés ? (...) D'un mot, le secret se trouve sûrement du côté d'un minimalisme politique et moral. Pratiquement aucune organisation. Plutôt constellation, à autorégulation, naturelle, éthique, bref, en un mot banal : autogestion, disons. Pour ça aussi. Et surtout. Et même : sans règles, sans cadre, sans quasiment rien, à la limite de l'existence, je dirais, et en tout cas à la limite de la formulation. Etc.


cf. chapitre : s'en sortir sans sortir
cf. vin nouveau
cf. ein stein, zwei steinbeck, drei...

2010-06-18

l'enjoué de l'art

Au fond, nous sommes toujours renvoyé à cela : l'image aussi bien que le texte est par nature quelque chose qui est figé dans une configuration précise. L'enjeu artistique peut être alors de lui conférer une sorte de mouvement interne, inhérent, propre à déjouer ce côté figé qui éloigne de la vérité du monde.
(B.C.)
Il ne s'agit pas de peindre la vie, mais de rendre vivante la peinture.
(P.B.)
Je sais seulement que je sens mon tableau être là quand une quantité plus grande de mouvement est présente. Je m'arrête avant l'anecdote.
(H.M.)

cf. bon art

2010-06-14

peindre sans cinéma

Les Primitifs se fichaient pas mal de la religion. S'ils peignaient des anges et des vierges, c'est qu'on les leur avaient commandés. C'était aussi pour faire passer autre chose. Car ils avaient fait une découverte un peu difficile, un peu choquante. Ils avaient découvert qu'il était dangereux de trop bien peindre ; que les bleus et les ors et les perles, ça finit par être trop beau, trop brillant ; que ça écrase la peinture, ça lui enlève sa raison d'être et sa dignité. Justement on venait, dans leur temps, d'inventer de nouvelles couleurs, plus riches que les autres ; de nouvelles façons de perspective. De nouvelles sections plus ou moins dorées. Ils se défendaient comme ils pouvaient. Ils marquaient, à leur manière, qu'il n'y a pas de peinture qui vaille (ni d'oeuvre humaine peut-être) sans quelque défaut. C'est aussi bien là ce qu'ont su, de tout temps, les grands hommes, ceux qui ont (comme l'on dit) marqué leur époque. Les inventeurs des cérémonies, et des jeux d'eau et des jardins français, par exemple, savaient très bien ce que chacun eût pu savoir : c'est qu'un jardin doit être vaste et majestueux, c'est qu'il doit donner à la fois un sentiment d'aisance et d'ordre, d'indépendance et de majesté. Mais ils savaient autre chose encore qu'il est mille fois plus difficile de savoir (et, en tout cas, d'appliquer) : c'est qu'un jardin, et un jeu d'eau, et une cérémonie, doivent être légèrement ridicules ; d'un ridicule assez léger, pour faire passer toute le reste. Ce que je dis est très évident, et plutôt terre à terre. (...) [Les peintres chinois] ont très bien senti ce que ne savent pas toujours les peintres européens : c'est qu'un peintre ne doit pas abuser de la situation. Qu'il ne doit pas être trop peintre, ni trop fier de l'être. Que c'est là une sorte de singularité qu'il doit plutôt tâcher de faire oublier. (J.P.)
« Moi peindre ? disait le peintre Mi Fei, vous plaisantez. Je fredonne ma petite chanson. — Moi peindre ? disait le peintre sou-tong-po, vous voulez rire. Je fais cuire ma petite casserole. — Que puis-je y faire ? disait yu-k'o, sitôt que j'ai bu du vin, il sort de mon foie réjoui des rochers et des bambous. Ils sortent en grand nombre, et je ne puis les arrêter. »
(J.P.)

cf. pochoir
cf. de la lecture sans lecture à l'écriture sans écriture
cf. le génie du primitivisme ou le génie

2010-06-12

même en peinture

Quand j'ai commencé, j'étais très jeune, à aller dans les expositions de peinture moderne, j'ai vu très vite qu'on y rencontrait deux espèces de gens, dont les uns (devant Carrière ou Renoir, je suppose) rigolaient comme de petites vaches, se tapaient sur la cuisse et donnaient les signes, que je reconnaissais très bien, de la plus vive joie, devant l'hippopotame ou le tapir. Moi, j'étais pour eux, je les trouvais sympathiques. Il me semblait que c'est naturel de s'amuser. Que c'est plus naturel que de garder (comme faisaient les gens de l'autre espèce) une mine morose, et de parler de grandeur morale — devant Carrière — ; ou de joie de vivre — devant Renoir. Ou encore de section d'or (...) Donc, j'étais du côté des gens qui riaient. Je découvris plus tard autre chose.
C'est que les rieurs étaient mécontents de rire, et les gens sombres satisfaits d'être sombres. Voilà qui était plus sérieux. Voilà qui avait l'air d'une erreur tout à fait générale. Quand ils avaient fini de se taper sur la cuisse et de se cogner du coude, les gens joyeux disaient : « On s'est foutu de nous. Je n'y remettrai plus les pieds. Pauvre France. » Mais les gens tristes disaient : « Quelle âme ! Il faudra y amener ton beau-frère. Ah ! Jean dolent avait raison d'écrire... » (...) Et moi j'avais le sentiment qu'ils se trompaient tous, que ç'aurait dû être le contraire, que les gens joyeux auraient dû être satisfaits, et les gens tristes mécontents. Enfin, qu'il y aurait là une sorte d'accord à établir entre eux, une découverte à faire. (...) le fait est que je me trouvais d'accord avec les gens tristes (car enfin je voyais bien qu'ils avaient des raisons, qu'ils expliquaient les choses, qu'ils savaient de quoi il retourne en peinture.) Mais ça ne m'empêchait pas de m'amuser d'abord. De rigoler avec les gens qui rigolaient : d'une dame qui ressemblait à un éléphant ; d'un cheval qui était monté sur un toit ; d'une autre dame qu'on voyait à la fois de face et de profil. Eh bien ! j'étais à la fois de face et de profil, comme cette dame : je rigolais, mais je trouvais ça très beau. Je m'amusais, mais j'étais convaincu. (...) Et j'avais tort, ce n'est pas douteux. Et les événements semblaient, à chaque nouvelle exposition, me donner tort davantage. Car les bons peintres devenaient chaque jour plus sévères, plus stricts, magistraux. De toute évidence, ils savaient quelque chose. Il leur suffisait parfois pour le démontrer, d'une simple petite ligne, d'un fil. Moi, je tenais bon. À la fin, j'en ai été récompensé. Car il a fini par venir des peintres dont on pouvait rire sans les fâcher, qui acceptaient d'être plaisants, et qui étaient tout de même merveilleux. Dont les tableaux n'étaient pas du tout un ministère, ni un théorème, mais une sorte de réjouissance, quelque chose comme une fête publique, une grande farce. (...) Quelle joie ! Naturellement, j'étais content d'avoir (...) eu raison. Il y avait autre chose encore, de plus grave. C'est que je voyais bien que j'avais eu raison avec le monde entier. C'est qu'il est normal, il est même, je voudrais dire, humain que l'art et la peinture en particulier soient une sorte de fête ou de frairie, et ne cessent pas pour autant d'être admirables. Il y a des secrets de ce genre de tous les côtés, et il n'est pas toujours facile de les découvrir.
(J.P.)

2010-06-08

écollaboration / coélaboration

Comment nous mettons nos idées au point en parlant.
... dans [cette] nouvelle, qui reste inachevée, Kleist décrit de façon saisissante le passage d'une activité inférieure à une activité supérieure. Lorsque vous réfléchissez à un problème et que vous n'en trouvez pas la solution, dit-il, parlez-en à quelqu'un d'autre. Le seul fait de lui en parler vous mettra dans un régime d'activité tellement plus complexe, intense et entier qu'avec un peu de chance la solution se présentera d'elle-même.
(J.F.B.)
Les Trois lois de la robotique, écrites par l'écrivain de science-fiction Isaac Asimov, sont des règles auxquelles tous les robots positroniques qui apparaissent dans sa fiction doivent obéir. Exposées pour la première fois dans sa nouvelle Cercle vicieux (Runaround, 1942) mais annoncées dans quelques histoires plus anciennes (...)
Asimov attribue les lois à John W. Campbell, au cours d'une conversation qui se passa le 23 décembre 1940. Cependant, Campbell affirme qu'Asimov avait déjà les lois dans son esprit, et qu'elles avaient simplement besoin d'être formulées explicitement. Plusieurs années plus tard, un ami d'Asimov nommé Randall Garrett attribua les lois à une collaboration symbiotique entre les deux hommes, une suggestion qu'Asimov adopta avec enthousiasme (...) Même si Asimov colle la création des Lois sur une seule date, leurs interventions dans sa littérature furent présentes sur une certaine période.
(W — merci à J.)

> à l'intellecteur parfait

2010-06-03

DU SEns

Je continue à croire que ce monde n'a pas de sens supérieur. Mais je sais que quelque chose en lui a du sens (...)
(A.C.)

cf. tant la vie

2010-05-21

vivre presque en douceur

Entre le vivant et le milieu, le rapport s'établit comme un débat (...) où le vivant apportent ses normes propres d'appréciation des situations, où il domine le milieu, et se l'accommode. Ce rapport ne consiste pas essentiellement, comme on pourrait le croire, en une lutte, en une opposition. Cela concerne l'état pathologique. Une vie qui s'affirme contre, c'est une vie déjà menacée. Les mouvements de force (...) traduisent la domination de l'extérieur sur l'organisme. Une vie saine, une vie confiante dans son existence, dans ses valeurs, c'est une vie en flexion, une vie en souplesse, presque en douceur. La situation du vivant commandé du dehors par le milieu, c'est ce que G. tient pour le type même de la situation catastrophique. C'est la situation du vivant en laboratoire.
(G.C.)

2010-05-18

trop tard l...

... et je pense à toutes les heures que j'ai perdues. La vie se passe à gâcher le temps, à négliger une bonne occasion, à tourner le dos à l'utile pour se précipiter dans l'inutile.
[Lui] faisait partie de la très petite cohorte des êtres utiles.
Bien sûr, il était très occupé (...). Il eût été indécent d'abuser de son inlassable sociabilité. Et maintenant je regrette de n'avoir pas eu cette indécence. À tout moment sa présence me manque. Que de questions j'aurais encore à lui poser, que de coins noirs il pourrait éclairer, que de discussions passionnantes qui ne naîtront jamais.
(J.R.)

2010-05-12

redevenir-événement

Simplement ça se voit pas, on a tellement de mauvaises habitudes, on se prend pour des personnes et on est pas des personnes...


(G.D.)(O.K.) :: 18'27''::

> je pense, dont je suis
> ne soyez pas (...) même

2010-05-08

ne dire rien, suis-moi toi


(J.-L.G.)(O.K.) :: 4'33''::

Quelle fille ? (...) — Allez, viens, viens ! — Non! ça m'emmerde. Avec les filles il faut toujours jacasser. (...) — Je te parie que tu auras envie de la baiser. Elle a le même genre de bouche que leslie caron. — Non. Moi je ne couche qu'avec des filles dont je suis amoureux. — Dans ce cas, mon petit, je te parie que dans cinq minutes tu seras amoureux.

cf. dire tu

2010-05-07

filtre

C'est ce qui a généré tant de crises, d'incompréhensions... C'est ce dont j'aurais voulu te parler, d'ailleurs. Des différentes intelligences. Non pas directement supérieures ni inférieures, mais déjà différentes. Voilà pourquoi on aurait parlé d'animaux, etc.
(O.K.)

[Article] que j'ai pas encore lu entièrement, mais qui recoupe franchement une réflexion que je développe depuis quelque temps, autour d'une notion que je reformule gaiment : l'intelligence. Bref, on en reparlera, je crois que ça me devient une notion centrale. Et qui débloque à peu près tout : niveau éthique, et même évaluation éthique contre jugement moral. Mais passons, pour le moment.
(O.K)

D - Je survole pas autant que tu veux bien le croire. Je peux juste pas me pencher sur tout. (...) Après, y a des trucs qui, pour toi, paraissent essentiels, et qui m'interpellent moins, tout simplement.
OK - Analyse qui renvoie précisément à ce que j'appelle de plus en plus l'intelligence. Que je reformule en termes qualitatifs, différentiels, et non plus quantitatifs, hiérarchiques, comme l'implique la coutume.
(O.K)

Et peut-être parce que j'ai tort, d'un certain point de vue, autre que le mien – autrement dit d'intelligence divergente. (...)
Quant à la notion d'intelligence, je pars en fait de son étymologie supposée, la fait rejoindre une métaphore deleuzienne, celles des lignes, de paquets de lignes composant chaque rapport au monde individuel, et peu à peu je découvre qu'elle est en puissance chez d'autres penseurs, évidemment, qu'elle affleure souvent, même ! mais sans jamais prendre, oser prendre ce nom. À ma connaissance. (Je crois qu'on est intimidée par sa traditionnelle connotation hiérarchique, dont il faudrait faire la peau.) C'est comme pour mon concept d'esthéthique : un peu partout on s'empêtre à parler d'esthétique en la liant à l'éthique ou au politique, attention c'est lié, blabla, ou à dire « le style c'est l'homme », etc., sans jamais aller « au bout » et passer, par exemple, par cette conceptualisation toute simple, certes un peu cavalière étymologiquement. Il y en a un, que j'ai découvert récemment : Paul Audi, qui introduit ce qu'il appelle la théorie esth/éthique. Wouaw. Bien vu. Mais je crois, a priori, sans vraiment la connaître, que sa notion ne recouvre pas tout à fait la mienne. Pas tout à fait la même intelligence, donc, mais tout naturellement.
(O.K.)

• D - (...) Maintenant, je peux pressentir lorsque quelque chose n'est pas à mon goût, mais pourrait le devenir. Une sorte d'avant-garde de mon existence...
OK - Alors oui : intelligence. Intelligence à soi-même, en l'occurrence. Un dépli de l'intelligence, comme je dis. Et c'est en trouvant cette expression qui me semblait la plus adéquate — à mon intuition —, que je me suis dit : mais merde! Leibniz par deleuze !... Que je ne connais pas. Et en effet, après rapide renseignement, je crois que ça peut se rejoindre, et coller. Mais a priori Leibniz parle plutôt d'âme, que d'intelligence. D'où ma mission, tu devines.
(O.K.)

... le vocabulaire en philosophie (...) implique tantôt l'invocation de mots nouveaux, tantôt la valorisation insolite de mots ordinaires... (G.D.)
si ce n'est leur détournement. (O.K.)

cf.  lueurologique
cf. dès lors : niet

2010-05-06

d'écrire

Mais je crois vraiment que, pour écrire, il ne faut pas être paresseux et c'est justement l'une des difficultés d'écrire. Écrire est une jouissance, mais en même temps une jouissance difficile parce qu'elle doit traverser des zones de travail très dures, avec les risques que cela comporte : envies et menaces de paresse, tentations d'abandonner, fatigues, révoltes. (...) Et, effectivement, si l'on est fondamentalement paresseux, ou si l'on a décidé de l'être, ce qui se conçoit et se défend très bien, on ne peut pas écrire.
(R.B.)

2010-05-03

actualituer

Mais au-delà de ça, de voir ce blog, (trop) bien fait mais dont l'intérêt du contenu me file entre les doigts, lire son digne et bon édito, qui se vante de 30 000 lecteurs par mois... me fait faire un pas de plus, et bien pesé, vers mon désir grossissant de tout arrêter — avec l'actualité. Je ressens ça depuis un certain temps, cette montée. Par exemple avec mes voisins, déjà, et à cause d'eux ? (Deux d'entre eux, dont un, surtout, qui m'a exténué et qui pour l'heure a disparu on ne sait comment.) Mais déjà tous les gens que je croise par ailleurs, et les blogs, légion, avec ces multiples traitements commentateurs m'as-tu-vu de l'actu (autres que sur lepostier.fr), de jeunesse rebelle critique, auxquels des liens amicaux me renvoient sans cesse, inlassablement (...) Alors non, moi, ne plus parler, ne plus discuter d'actualité, ne plus rien avoir affaire avec ; ne plus la discuter, surtout ; ne plus lui faire cet honneur, en quelque sorte ; qu'elle gèle sur place! comme disait nietzsche de la morale. Il semble, oui, que j'en arrive à ce point, si j'y suis pas déjà, à ce point où...

C'est la guerre, mais la guerre sans poudre et sans fumée, sans gesticulations martiales, sans pathos et sans membres rompus - car tout cela serait encore de « l'idéalisme ». Les erreurs, l'une après l'autre, sont ignorées avec un mépris glacial, [l'actualité] n'est pas réfuté[e] - [elle] gèle ... Ici, par exemple, « le génie » meurt de froid ; un peu plus loin, c'est « le saint » qui est gelé ; le « héros » grelotte sous une épaisse calotte de glace ; à la fin, la « foi », la prétendue « conviction » est prise par les glaces - et la « pitié » aussi se refroidit singulièrement - presque partout, se congèle [l'actualité]...
(...) [Elle] n'est pas attaquée ; tout simplement, elle n'entre plus en ligne de compte. (F.N.)[O.K]

C'est mon « désir de neutre », après (celui de) barthes, de soldat couché dans la neige, sentant et pendant que la Terre tourne. Néanmoins :

Le désir de neutre n'est [peut-être] qu'une traversée : je traverse le neutre, mais peut-être demain il y aura un autre désir, et donc je traverserai autre chose. (...) Pour le moment, en moi, le neutre est purement réactif. (J'emploie un vocabulaire nietzschéen.) (...) Par exemple, petite anecdote : il y a huit ou 15 jours, j'ai reçu un livre, par la poste, de quelqu'un que je ne connais absolument pas — ce qui est normal, presque quotidien. Et hier, c'est-à-dire 15 jours après, hier ou avant-hier, ce quelqu'un m'a téléphoné pour me demander ce que je pensais de son livre. Et s'est levé aussitôt en moi, alors que j'avais le téléphone à l'oreille, encore, (...) s'est levé en moi, immédiatement, le désir du neutre. C'est-à-dire le désir de ne pas lire le livre, le désir de n'en rien penser, le désir de ne pas savoir ce que j'en pense, et le désir, si j'en pense quelque chose, de ne pas le dire. C'est-à-dire, au fond, s'est levé en moi le désir de ne pas désirer. Ou le droit de ne pas désirer. (...) Donc je traverse le neutre... (R.B.)

Je ne discute pas, je ne critique pas, je ne juge pas, — seulement, je m'en irai. C'est le seul mouvement qui dit tout, sans rien dire. (H.T.)

J’avais primitivement l’intention de répondre à de nombreuses critiques, et, en même temps, d’expliquer quelques questions très simples, totalement obscurcies par la lumière moderne (...) ; mais j’ai eu l’imprudence de lire ce matin quelques feuilles publiques ; soudain, une indolence, du poids de vingt atmosphères, s’est abattue sur moi, et je me suis arrêté devant l’épouvantable inutilité d’expliquer quoi que ce soit à qui que ce soit. Ceux qui savent me devinent, et pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas comprendre, j’amoncèlerais sans fruit les explications. (C.B.)

(...)
Je (me) recommande bien plutôt, par exemple, les cours de barthes (enregistrés) au collège france, sur « comment vivre ensemble » (1976-77) et « le (désir de) neutre » (1977-78), précisément. Et là, je ne sais comment insister assez... mais n'insistons pas ; n'insistons plus. Avec moi le déluge.
(O.K.)

cf. en attendant, que n'ai-je... 
cf. s'administrer
cf. à courant d'avance