N'en jetons presque plus ! Trions, reprenons, détournons.
L'essentiel est presque bien dit et redit, en long, en large...
Reprenons serré, de travers, à travers.
Par les moyens d'avenir du présent. Pour le présent de l'avenir.
(OTTO)KARL

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2011-12-25

au fond, le Christ, c'est moi

A.R.-G. — On retrouve cette névrose chez Kierkegaard, dans son opposition entre reprise et répétition que j'utilise dans mon prochain roman : la seconde est un mouvement tournée vers l'arrière, tandis que la première est résolument dirigée vers l'avant. « Mais, précise le philosophe, il n'y a de véritable reprise que si je deviens le Christ. » C'est surprenant !
              — Vous avez si peu parlé du Christ…

A.R.-G. — Mais parce que le Christ, c'est moi !
              — Pourtant le Christ n'est pas le Créateur. Il ne crée rien, Jésus. C'est mieux d'être Dieu, non ?

A.R.-G. — Sauf que [le] Dieu [que vous concevez] n'existe pas. Le Christ, si. Et il s'est fondé comme le Dieu vivant.

2011-12-22

créateur, de conscience

Il y a des artistes inconscients et d´autres parfaitement conscients.
Les premiers ne sont ni inférieurs ni supérieurs aux seconds. Mais les seconds sont indispensables aux périodes de transition.
(J.R.)

Cependant, il est une chose entre toutes que les critiques supportent mal, c'est que les artistes s'expliquent. (…)
    Ici encore, on constate que les mythes du XIXe siècle conservent toute leur puissance : (...) le « génie » est une sorte de monstre inconscient, irresponsable et fatal, voire légèrement imbécile, de qui partent des « messages » que seul le lecteur doit déchiffrer. Tout ce qui risque d'obscurcir le jugement de l'écrivain est plus ou moins admis comme favorisant l'éclosion de son oeuvre. L'alcoolisme, le malheur, la drogue, la passion mystique, la folie, ont tellement encombré les biographies plus ou moins romancées des artistes qu'il semble désormais tout naturel de voir là des nécessités essentielles de leur triste condition, de voir en tout cas une antinomie entre création et conscience.
    Loin d'être le résultat d'une étude honnête, cette attitude trahit une métaphysique. Ces pages auxquelles l'écrivain a donné le jour comme à son insu, ces merveilles non concertées, ces mots perdus, révèlent l'existence de quelque force supérieure qui les a dictés. [Celui-ci], plus qu'un créateur au sens propre, ne serait alors qu'un simple médiateur entre le commun des mortels et une puissance obscure (…) …
    Il suffit en réalité de lire le journal de Kafka , par exemple, ou la correspondance de Flaubert, pour se rendre compte aussitôt de la part primordiale prise, déjà dans les grandes oeuvres du passé, par la conscience créatrice, par la volonté, par la rigueur. Le travail patient, la construction méthodique, l'architecture longuement méditée de chaque phrase comme de l'ensemble du livre, cela a de tout temps joué son rôle.
(A.R-.G.)

cf. artiste conscient
cf. au fond, proust, c'est moi
cf. chapitre : autorevendication

2011-12-21

… entre autres le Projet.

… entre autres le Projet. Si vous voulez, pour reprendre la célèbre opposition de Saussure, je ne travaille pas sur la langue (ce français du XXe siècle que j'utilise tel que je l'ai reçu) mais sur la parole d'une société (ce discours que me tient le monde où je vis). Seulement, la parole en question, je me refuse à la parler à mon tour, je m'en sers comme d'un matériau, ce qui revient à la faire rétrograder en position de langue, afin de développer à partir d'elle mon propre discours.
(…) un travail de déconstruction sur des éléments découpés dans le code, désignés comme mythologiques, datés, situés, non-naturels, tirés au grand jour au lieu de baigner obscurément dans le plasma d'origine : l'ordre établi, qui a justement pour fonction de les faire passer inaperçus, comme allant de soi, vivant depuis toujours et à jamais, ce qui définit précisément une Nature.
        En outre, je ne suis pas de ceux qui croient que la sécrétion du mythe par les sociétés vient uniquement de l'aliénation de l'homme… (…) « Tant qu'il y aura de la mort, il y aura du mythe. » Aussi ne s'agit-il pas pour moi d'essayer de me débarrasser une fois pour toutes des éléments mythologiques qui m'entourent, mais au contraire de les parler, c'est-à-dire d'exercer sur eux le pouvoir de ma liberté au lieu de les subir comme des pièges, au fonctionnement fixé à l'avance et fatal.
(A.R-.G.)

cf. pour le détournement
cf. relevons
cf. chapitre : ottopostmoderne

au fond, otto, c'est moi (ottodémonstration)

2011-12-20

ottodéfense

— Constance —
otto karl, votre philosophie, plutôt n’est-ce pas celle de P.B-C.R-I.C-G.B-A.S-L.F-M.T-S-I.D-P.M-A.B-W.G-M.P-F.N-P.N-M.D-C.T-C.P.E entre autres, sans oublier naturellement P.S ?
(...)
    Si je le peux, j’énonce le fait qu’une femme continue a être une palette multicouleurs même si elle est devenue mère. Et je ne vous permets pas de me dire si je suis ou non une salope (ni où je dois le dire), vous ne me connaissez pas.

— O. KArl —
Mais moi je me permets. Qu’y puis-je si aujourd’hui encore vous prenez ce mot pour une offense ? Onfrayienne ? « Encore un effort… ». En attendant, car tout espoir est permis, laissez peut-être P.B-C.R-I.C-G.B-A.S-L.F-M.T-S-I.D-P.M-A.B-W.G-M.P-F.N-P.N-M.D-C.T-C.P.E et P.S de côté. Sous votre plume, donc votre pensée, ça ne donne rien qui vaille, qu’une suite de lettres. Même pas une phrase, voyez ? Même pas un mot. Du balbutiement, du bredouillement, de la récitation. Je ne vous connais pas, certes, mais je vous reconnais bien là, il n’empêche. (C.Q.F.D.)

— J —
    Constance, (...)
    Concernant l’obscure série d’initiales qui tombe des étoiles, je me pose des questions.
    Des articles de monsieur O. sont certes constitués de phrases qui proviennent d’ailleurs, mais… vos (nos) messages sont constitués de mots qui proviennent du dictionnaire et je n’ai pas l’impression que les idées que vous exprimez (nous exprimons) soient celles du dictionnaire pour autant, si ?
    Les livres de monsieur Onfray sont, eux aussi, constitués de mots, de phrases, d’idées, qui proviennent d’ailleurs que de lui-même, peut-être de façon moins flagrante, peut-être aussi de façon plus importante ; lui en avez-vous fait la critique de la même façon ?

    Si nous pouvons exprimer une pensée propre à l’aide de mots que nous n’avons pas créés, nous pouvons également exprimer une pensée propre à l’aide de phrases que nous n’avons pas construites mais que nous assemblons dans une syntagmatique qui nous est propre.

— Edgar —
   Oui, je voulais y revenir aussi, à ça. (...) À l’attaque des initiales. Mais J. l’a fait pour moi, et avec brio. Ouf. Ça fait ça de moins à faire. Et ça fait plaisir de le lire. J’ajouterai, Constance, que vous n’êtes pas sans suivre les séminaires de michel onfray à l’université populaire de caen, et vous ne trouvez pas que la pensée de tous ces auteurs relus et reliés, cités et présentés par onfray n’est pas sans parenté sinon ressemblance confondante avec la pensée dite onfrayienne ? Bref, j’en aurais à dire, là-dessus. Mais otto karl s’en explique lui-même en partie, sur son blog. Donc pourquoi insister ? En tout cas, je vous laisse peut-être réfléchir encore un coup, après coup, sur la transparence, la gratitude, la modestie et somme toute la fraîcheur de la démarche ottokarlienne. Démarche écologique, en plus. Et littéralement (on ne peut plus) subversive. Mais ça, ce serait trop long d’expliquer tout ça… à ceux n’en sont pas là.


— Constance —
     La bataille d’ego qui fait rage ici n’a rien avoir avec la philo-sophie.
    « Remarquez votre attachement à vos points de vue, à vos opinions. Percevez-bien l’énergie mentale et émotionnelle derrière votre besoin d’avoir raison et de donner tort à l’autre. C’est l’énergie de l’ego » E. Tollé
    Tous les auteurs se trouvant sur votre blog, otto karl, vous permettent de mettre en lumière votre philosophie, qui puis-je si vous prenez cela pour une offense ?
    On ne convainc pas en disant simplement à l’autre qu’il a tort (argument de la mauvaise foi qui ferme inévitablement tout débat) et qu’il y aurait manque (d’intelligence) à ne pas voir la vérité (la vôtre) comme une évidence.


— O. KArl —
    Tout en vous demandant (de vous demander) ce qu’on ferait sans ego, dans la vie, je me demande d’où vous viennent toutes ces valeurs morales réflexes, sans me le demander vraiment. Militante du dépassement de « l’ancien corps », vous ? « Encore un effort… »
    Votre leçon très entendue sur l’art de convaincre me convaincrait peut-être elle-même si, comme vous, manifestement, j’en étais encore tout à fait là. Or…
    http://nordexpress.blogspot.com/2011/03/ts.html
    Chapitre :
    http://nordexpress.blogspot.com/search/label/injustifier

    Et pourtant, je vais faire un pas.
    Mais d’abord, une chose – sur la mauvaise foi : vous voudriez faire gober cette opération à qui ?
    « Tous les auteurs se trouvant sur votre blog, otto karl, vous permettent de mettre en lumière votre philosophie… »  =  « otto karl, votre philosophie, plutôt n’est-ce pas celle de P.B-C.R-I.C-G.B-A.S-L.F-M.T-S-I.D-P.M-A.B-W.G-M.P-F.N-P.N-M.D-C.T-C.P.E entre autres, sans oublier naturellement P.S ? »
    Ensuite, pour être gentil avec vous, et avec moi – qui m’en resservirai peut-être par ailleurs –, je vous concéderai cette fois cette réponse : oui, ma philosophie c’est ça : P.B-C.R-I.C-G.B-A.S-L.F-M.T-S-I.D-P.M-A.B-W.G-M.P-F.N-P.N-M.D-C.T-C.P.E, etc-etc. Autrement dit, sans même évoquer pour preuve la vie que je mène, une pensée capable d’opérer une synthèse singulière inédite, par la voie éco-logique du recyclage, subversive du détournement flagrant (délit) ou inframince, etc., en un mot, par une voie postmoderne… à venir. Ou plus simplement, et pour faire suite aux vaillantes interventions de J. et d’Edgar que je salue :
    http://nordexpress.blogspot.com/2011/09/centons.html
    Alors, une lumière ? Voire convaincue ?
    Chapitre :
    http://nordexpress.blogspot.com/search/label/ottopostmoderne


— Constance —
     C’est cela que j’aime le moins (à voir, le plus ?) chez vous : vous semblez inaccessible.

    Quelle défense mise en place par J et edgar, pour une petite chose insignifiante, moi, qui ne sais même pas faire une phrase !

    Evidemment, votre philosophie est une synthèse. Comme celle de Michel Onfray. Mais je n’en suis qu’à novembre 2009, vous verrez, je rajouterai peut-être encore quelques initiales :) . Vous dites être en quête de reconnaissance, il faudra pour cela coucher sur papier vos idées, permettre à vos lecteurs d’avoir un support, lire, prêter, emporter, y revenir, crayonner. Je ferai quelque chose pour vous dans mon banquet.

    Oui, soyez gentil avec moi. Je suis irraisonnée, jeune et irraisonnée.


— Constance —
[C’est cela que j’aime le moins (à voir, le plus ?) chez vous : vous semblez inaccessible. ]

— O. KArl —
Inaccessible ? Ou à moitié. C’est fait pour. Optimiser les chances d’échapper aux emprises extérieures. De toute sorte. Alors philosophe presque fantôme, certes, mais pour philosophie bien réelle, et d’autant plus réelle que philosophe presque fantôme. Pour vivre heureux, vivons caché. (Au-) tant qu’on peut. Alors on essaie, à moitié. Jusqu’à nouvel ordre.
http://nordexpress.blogspot.com/2009/04/quest-ce-quun-philosophe.html
http://nordexpress.blogspot.com/2011/02/quelques-trompettes-sur-la-renommee.html
http://nordexpress.blogspot.com/2010/02/ecran-total.html

D’autant plus réelle, cette philosophie, je disais, que plurielle, qui l’inscrit dans le devenir, notamment, et me protégeant de cette emprise, « intérieure » cette fois, de la tentation de système, unitaire, identitaire… En tout cas, jusqu’à nouvel ordre.
http://nordexpress.blogspot.com/2010/11/fragmentisme.html

Et puis, « la poésie personnelle a fait son temps », la philosophie aussi, ou devrait.
http://nordexpress.blogspot.com/2009/03/au-fond-isidore-ducasse-cest-moi.html

Après tout, la vie elle-même « n’est pas quelque chose de personnel ».
http://nordexpress.blogspot.com/2010/05/redevenir-evenement.html
Mais au lieu d’un tel radicalisme, je fais le mix des deux (otto / karl), et d’ailleurs de tout ; contradictions y compris – là où il y a contradictions il y a de la vie, même sans espoir. C’est la voie (ottodite) postmoderne. Comment s’en sortir sans sortir ? S’en sortir postmoderne. (Point d’interrogation ?)
http://nordexpress.blogspot.com/2009/10/sen-sortir-postmoderne.html
http://nordexpress.blogspot.com/2009/04/postmoderne.html


— Constance —
[Evidemment, votre philosophie est une synthèse. Comme celle de Michel Onfray.]

— O. KArl —
Je n’ai jamais dit ça, ni de moi ni (edgar) de michel onfray. Veuillez noter la nuance : « Une pensée capable d’opérer une synthèse singulière inédite ». Sous-entendu : la pensée est avant tout intuitive. Le reste n’est que littérature.
http://nordexpress.blogspot.com/2010/11/les-moyens-de-ses-intuitions.html


— Constance —
[Mais je n’en suis qu’à novembre 2009, vous verrez, je rajouterai peut-être encore quelques initiales :) . ]


— O. KArl —
Ou finirez-vous peut-être par reconnaître à quel point ces « initiales » – pour continuer de filer notre métonymie – sont accessoires.
http://nordexpress.blogspot.com/2011/09/centons.html
http://nordexpress.blogspot.com/2011/03/signe-otto.html 
http://nordexpress.blogspot.com/2009/11/mes-postrealisations.html


— Constance —
[Constance — Vous dites être en quête de reconnaissance, il faudra pour cela coucher sur papier vos idées, permettre à vos lecteurs d’avoir un support, lire, prêter, emporter, y revenir, crayonner.]

— O. KArl —
(Le lien qui précède vous répondra déjà un peu sur ce point.) Il y faudrait plutôt la reconnaissance du support, du médium qui est le mien. Et le nôtre, de plus en plus. Vous entretenez vous-même un blog avec sérieux, constance, et à la fois pourtant cette idée ? Ne vous manquerait-il un peu d’ego, pour le coup ? Cette idée courante, rampante et jusque dans l’air, bref une idée-baygon, me ferait dire le marketing, selon laquelle un livre – lui-même objet commercial, je le rappelle – est un support plus noble et respectable, seul à même d’entériner un auteur en tant que tel. Ce n’est pas ce que vous avez dit, mais vous conviendrez peut-être de ce que ça implique, implicite et entretient… dans l’air… Au lieu de faire l’effort de mieux (encourager à) adopter ces nouveaux supports, qui permettent et inspirent déjà de nouvelles formes d’écriture, bien fraîches, autant dire aussi de vie…
http://nordexpress.blogspot.com/2010/02/ottopresentation.html

À l’heure, à l’ère où le livre se fait numérique, vous n’anticipez pas qu’il devienne très bientôt audiovidéo ? Et l’écriture avec, non ? Directement hypertextuelle, non seulement, mais je dis bien : audiovidéo. Seulement, malheur à moi qui suis en avance sur le support, en effet – et les mentalités qui suivront le pas, après l’avoir tant marqué. En attendant, votre bienveillant conseil voudrait que je me convertisse à l’ancienneté, ancien support et même ancien art, convenu, convenable et notable, celui de la formulation par alignement de mots noirs qui seraient « les miens » ? Alors question : vous conseilleriez à un breakdancer, par exemple, de se mettre à la danse classique pour espérer intégrer l’Opéra de Paris c’est-à-dire le monde ? Et continuer là, encore, de danser classique ? Drôle de figure imposée, n’est-ce pas ? Amusons-nous encore. Vous demanderiez à un cinéaste à histoires de raconter ses histoires dans un bouquin, pour espérer être enfin reconnu comme cinéaste ?… Et j’en passe. Le rap a mis de longues années pour sortir de l’underground. Aurait-il fallu que les protorappeurs se mettent à la chansonnette, en attendant ? pour se faire connaître ?
http://nordexpress.blogspot.com/2007/09/bizot-de-sous-la-terre.html

Est-ce à dire, donc, que de ma « pensée » vous sauriez à ce point dissocier le fond de la forme, vous ? Faire ainsi (si) peu de cas de sa dimension artistique… Eh oui, car j’ai modeste revendication d’une philosophie artiste, tout de même, que voulez-vous – d’autre ?
http://nordexpress.blogspot.com/2011/12/ca-dit-tout.html
http://nordexpress.blogspot.com/2011/03/livre-vous.html

Tout ça une fois dit, figurez-vous que j’y songe, en effet. Au livre à faire. Le monde est si mal fait, par des mentalités si lentes, que je suis forcé, acculé d’y songer, oui.
http://nordexpress.blogspot.com/2007/06/sur-le-champ.html

Mais alors un livre d’entretiens avec vous ? Comme vous avez le chic… Ou, pour commencer – ou pour finir, ou continuer –, rassembler notre discussion-hypertextuelle-ci en vue d’une autopublication hypertextuelle (donc audiovidéo par le fait) ? Allez, ce sera fait au moins sur Nordexpress, si vous le permettez. Et sur votre Banquet, un jour, qui sait, quand vous y serez, je pourrais peut-être m’amuser à évoquer, en bonus d’appoint, d’à-propos, mon rapport à michel onfray, tenez ! Depuis mille-neuf-cent-quatre-vingt-seize ou dix-sept. « Hommage (critique) d’un philosophe nouvelle génération/formule » ? (Smiley)
Bonne continuation de découverte (de mon blog), en tous les cas – où vous vous en sentiriez la constance. Enfin, sachez que vraisemblablement d’ici fin janvier, sans parler d’ensuite, j’y aurai, à cette discussion genre autoplaidoyer, donner bonne suite – à ma manière, mon ôttre manière… « Inaccessible » ?

cf. créateur, de conscience

2011-12-17

moi, même, sûr, de mon oeuvre

Mais vous avez dit intellectuel heureux. C'est vrai qu'une des choses qui me sont reprochées, c'est mon optimisme. D'une part je crois à ma propre oeuvre d'une façon tout à fait démesurée. C'est le cas de quantité de créateurs ; simplement, comme j'ai un peu plus d'humour, je le dis, et je le dis en riant, ce qui choque deux fois. C'est comme si je donnais l'impression aux gens de me croire infiniment plus malin qu'eux. Ce qui est, d'ailleurs, souvent vrai, en un sens. Heureux. Façon de parler. Je suis un optimiste inquiet, à chaque instant plein de souci pour des tas de choses, grandes et petites. Mais je garde un optimisme fondamental, un optimisme de résistance.
(...)
Je ne me déteste pas, et je suis tout à fait étonné quand je vois à quel point des gens que j'ai un peu connus, comme Sartre, ou beaucoup connus, comme Barthes, se détestaient profondément, et en chaque occasion. C'est très répandu, et très bien porté chez les intellectuels de se détester. Tant pis pour moi.
(A.R-.G.)


cf. chapitre : autorevendication

2011-12-16

le K., d'un enfant surdoué mésestimé


 
Vous m’engueulez, moi, le roi des génies temporels, et après cela, vous osez me demander à moi, [K.] le Grand, à l’aide d’une phrase simpliste comme : « Dis-nous bonsoir », de pardonner votre manque de respect incontrôlé envers ma précieuse personne, le Génie du siècle, l’étoile et l’exemple des décennies à venir.
Et moi, le surdoué, je devrais vous grâcier, ayant comme excuse de n’être pas maître de votre cerveau à 100% comme moi, le tout puissant après Dieu et Jésus.
Et bien laissez moi vous dire que moi, l’incomparable [K.], je suis d’une bonté égale à ma supériorité intellectuelle c’est à dire sans limite.
Et cette fois encore, moi, l’extraordinaire génie temporel, je vous grâcie vous, oui vous, misérables normaux.
Mais, attention, calmez vous, vous et votre joie, car je ne supporterai guère plus d’une dizaine de manques de respect envers moi comme celui-ci de votre part, dans ma trop courte vie d’une centaine d’années, ma vie à moi, l’éternel meilleur.
(K., 11 ans, discours aux parents)

cf. complexe intelligence type

2011-12-15

complexe intelligence type

En préambule à : surdoués adultes, com me, com(m)e to(o) me




(O.K.) (Merci à PhD.)

    Aux (...) esprits (...) que ce genre d’énonciations chiffrées continue de révolter au delà de la période officielle de l’adolescence, ai-je noté moi-même plus tôt qu’à mon tour, un conseil : relire cet article, autant de fois qu’il faudra pour si possible comprendre de quoi il en retourne véritablement, si ce n’est avant tout d’handicap, plus ou moins lourd… dans un monde massif d’abrutis moyens, voyant et créant ainsi de la compétition partout (...). Bref, c’est par ce genre de bien-pensance-réflexe de travers qu’on n’avance guère, et que certains crèvent… comme d’autres, par d’autres différences tout aussi incomprises.
(E.)

La moyenne statistique de l’intelligence mesurée par le quotient intellectuel (QI) est de 100. Un surdoué possède par définition un QI d’au moins 130. On estime que c’est le cas de 2,2 % de la population, mais les spécialistes préfèrent désormais parler d’un indice qui oriente le diagnostic. La détermination du QI est donc une étape incontournable mais insuffisante. Même si les échelles permettant de déterminer le QI des enfants évoluent régulièrement et explorent désormais différentes composantes de l’intelligence. Certains modèles détaillent jusqu’à sept types d’intelligence (langagière, logico-mathématique, spatiale, musicale, somato-kinesthésique, inter-individuelle, introspective) et chaque enfant présente à la fois des zones de compétence et des zones de fragilité. Impossible de réduire l’enfant à un chiffre. Même celui du QI.

... l’originalité de la pensée des enfants surdoués. « Ce sont des enfants dont l’intelligence n’est pas seulement différente en termes de QI, mais aussi en termes d’organisation et d’émotions », explique Jeanne Siaud-Facchin, psychologue clinicienne et auteur de L’Enfant surdoué. L’aider à grandir, l’aider à réussir (...).

[Ils] sont comme dotés d’office d’un ordinateur de dernière génération et du haut débit, là où les autres disposent de connexions plus classiques et d’un matériel plus modeste. « Ils ont une architecture cérébrale différente, mais c’est surtout le fonctionnement qui est original, en raison de l’hyperconnectivité des réseaux neuronaux, ajoute la psychologue. La pensée est plus créatrice, plus complexe, plus intriquée avec l’affectif, mais elle est aussi plus difficile à organiser, à structurer » (J.S.-F).

Les parents ne s’en rendent pas toujours compte tout de suite et le diagnostic peut même tomber lorsqu’un enfant (surdoué méconnu) est en échec scolaire, ce qui arrive tout de même à un surdoué sur trois. « Le cliché auquel on se heurte le plus souvent, tant dans l’Éducation nationale que du côté des professionnels de santé, c’est de penser qu’un enfant à haut potentiel est forcément en réussite scolaire», insiste le Dr Sylvie Tordjman, pédopsychiatre (...). Oui, des enfants surdoués peuvent être en difficulté scolaire. Non, tous les enfants en difficulté ne sont pas des surdoués.

L’enjeu, pour mieux aider et guider les enfants dans leurs potentialités, est de comprendre leur façon particulière de fonctionner. «Par exemple, ces enfants comprennent vite et vont donc avoir rapidement un avis, une pertinence de raisonnement, un sens critique très développé… Mais cela peut gêner, voire agacer l’entourage », explique le Pr Laurence Vaivre-Douret, neuropsychologue clinicienne (...).

(...) « La singularité de leur fonctionnement intellectuel et cognitif permet de comprendre pourquoi ils peuvent rencontrer des difficultés, notamment à l’école ». (J.S.-F.)

Car, à côté de leurs aptitudes intellectuelles supérieures à la moyenne, il est une autre particularité de ces enfants souvent ignorée : leur hypersensibilité et leur réactivité émotionnelle. « Ceci était bien connu des spécialistes, mais c’est désormais validé par les neurosciences », s’enthousiasme Laurence Vaivre-Douret. « Ce sont des enfants chez qui une broutille peut déclencher un cataclysme émotionnel. Ils captent la moindre variation du monde qui les entoure et ont une empathie qui peut même être envahissante » (J.S.-F.). D’autant qu’ils sont aussi très sensibles à l’injustice, d’une curiosité insatiable, aiment faire plusieurs choses à la fois, ont une mémoire exceptionnelle, débordent d’énergie et, souvent, n’ont pas besoin de beaucoup de sommeil. De quoi agacer, en effet. « Ces enfants questionnent toutes les règles », remarque aussi le Dr Tordjman. Autant par soif de comprendre que pour le plaisir intellectuel de l’échange.
(...)
Mais le fait d’avoir des connexions plus rapides et plus diversifiées a aussi un revers : « Avoir un moteur de Ferrari et devoir rouler en ville à la vitesse des autres peut parfois être frustrant », conclut le Pr Vaivre-Douret.
(D.M.)(E.) (Merci à Edgar)

cf. tonus
cf. désertic
cf. chapitre : INTELLIGENCE

2011-12-14

despressions

Ton mal tu l'as pris en patience
Hélas à l'évidence
Rien jusque-là
Ne faisait tourner la roue

Tant bien que mal
T'as continué le combat
Le salaud n'allait pas
Mettre au garde-à-vous
Ta volonté d'aller de l'avant
De rebondir et d'en venir à bout.
(N.B.)

2011-12-13

des (gens) simples aux (gens) doubles

Les petites mains ça turbine / Pour construire les berlines / Que tu t'achètes en double.
(N.B.)

cf. à partir de là

2011-12-11

d'une génération frustrée



(trad. O.K.)

Je sens venir (...) l’âge proche d’une clandestinité moitié volontaire et moitié contrainte, qui sera le plus jeune désir, y compris politique.
(G.D.)

> génération solo forcé
> qu'il vient autre chose

2011-12-10

ça ? dit tout.

[Au coiffeur] — I love your hair ! What's going up there ? (J'adore votre coiffure ! Que signifie-t-elle ?)
[Le coiffeur]— Everything. (Tout.)
(S.C.)

Dans le grenier de Roche où Rimbaud écrivait (criait) Une saison en enfer, sa mère l'avait questionné sur la « signification » de ces « troublants poèmes » ; il lui répondit (...) : « J'ai voulu dire ce que ça dit, littéralement et dans tous les sens »…
(A.B.)

    En outre, il est évident que les idées restent brèves, par rapport aux oeuvres, et que rien ne peut remplacer celles-ci. (...) nous savons que c'est surtout au niveau de l'écriture que cette recherche s'opère, et que tout n'est pas clair à l'instant de la décision. (...)  « Expliquez-nous donc pourquoi vous avez écrit ce livre, ce qu'il signifie, ce que vous vouliez faire, dans quelle intention vous avez employé ce mot, construit cette phrase de telle manière ? »
    Devant de pareilles questions, on dirait que son « intelligence » ne lui est plus d'aucun secours. Ce qu'il a voulu faire, c'est seulement ce livre lui-même. (...)
    Toute la conscience critique du romancier ne peut lui être utile qu'au niveau des choix, non à celui de leur justification. Il sent la nécessité d'employer telle forme (...). Mais de cette nécessité il ne peut produire aucune preuve (sinon, parfois, après coup). Il supplie qu'on le croie, qu'on lui fasse confiance.
(A.R.-G.)

> mys-tère
> pour le sens de la forme
> comprendre un peu / beaucoup / passionnément, sans comprendre
> la langue-clé des détails

2011-12-09

tout dit, toudi...


J'ai tout dit / J'ai terminé ma phrase / J'ai tout dit / C'est gravé dans le marbre
Et si ma soeur / Tu veux que l'on se parle / Oh ma soeur Hildegarde / Je suis le bruit / Des oiseaux dans les arbres
J'ai tout dit / J'ai fui à la hussarde / J'ai tout dit / Et les rats m'ont suivie
Et si ma soeur / Tu as peur pour ma vie / Oh ma soeur Hildegarde / Je suis le bruit / De la pluie dans les arbres
J'ai tout dit / J'ai rompu le charme / J'ai... tout... dit... / Maintenant je vous regarde
Et si ma soeur / Tu veux sécher mes larmes / Oh ma soeur Hildegarde / Je suis le bruit
Du vent dans les arbres
Et si ma soeur / Tu donnes un jour ton coeur / Oh ma soeur prend garde / Ne dis pas tout /
Ou tu mourras d'ennui
(C.)

2011-12-08

objection ou votre honneur

C’est une douce violence, laissez-vous aller. Il ne s’agit pas de discuter. Comprenez la bêtise des objections.
(G.D.)

Chaque fois qu'on me fait une objection, j'ai envie de dire : « D'accord, d'accord, passons à autre chose. » (…) C'est pareil quand on me pose une question générale. Le but, ce n'est pas de répondre à des questions, c'est de sortir, d'en sortir.
(G.D.)

2011-11-24

tu charles, Karl !

Karl : forme germanique de Charles.
(merci à S., ma mère)

Signification du prénom Karl
Etymologie : Fort et viril (germanique).
Fête : 2 mars, 4 novembre

Qui est il ?
[Dur,] doux et sécurisant, agréable et charmant, Karl est un homme séduisant, au charme discret, non dépourvu d'une certaine aura de mystère. Il cherche à plaire et à être dans les grâces d'autrui et cela peut se traduire tant par le souci de son apparence raffinée [pourtant hirsute] que par un besoin de séduire. De même, il est fortement concerné par son environnement familial avec lequel il ressent le besoin d'être en harmonie, quitte à donner de sa personne. Il excelle lorsqu'il se met dans la position de celui qui console, soutient ou prend en charge. Il est de ceux que valorisent les responsabilités. Toutefois, si sa famille n'a pas privilégié l'échange et contribue à le rendre narcissique ou à l'infantiliser (deux erreurs à ne pas commettre), il peut très bien prendre le chemin inverse, celui de l'égoïsme et de la non-prise en charge de lui-même. Karl est souvent perfectionniste et parfois maniaque, même si cette tendance ne s'exprime pleinement que dans certains domaines de prédilection. Pour l'un, ce sera d'apporter un soin particulier à son habillement, pour l'autre, cela se traduira par des scrupules plus ou moins étouffants à l'égard de [ses proches] vis-à-vis [desquels] il se sent des obligations. Ses exigences peuvent s'exercer dans la sphère professionnelle où il ne se permet aucune faille, se montrant même, vis-à-vis d'éventuels collègues ou subalternes, particulièrement exigeant et autoritaire. Karl est indépendant, épris de nouveauté et amoureux du changement. Sa nervosité est grande et s'exprime par le besoin de se mouvoir, par le goût des voyages, de la vitesse ou des remises en question. Il est attiré par l'aventure et cela peut provoquer un itinéraire un peu anarchique ou agrémenté de nombreux virages. Son activité est inégale, intimement liée à sa motivation. Il oscille entre hyperactivité, laisser-aller et paresse... Enfant, Karl devra être élevé avec souplesse et fermeté. Il n'est pas vraiment utile de trop le valoriser ou encore moins de l'encenser, car il n'a que trop tendance à l'autosatisfaction. En revanche, il a besoin d'amour et d'équilibre. Il serait souhaitable de lui donner de bonne heure des responsabilités à assumer, notamment familiales, afin d'éviter un certain narcissisme. Enfin, une activité artistique est à encourager chez ce garçon souvent esthète.

Qu'aime-t-il ?
Karl est un individualiste qui aime commander, diriger et prendre à pleines mains les rênes de sa destinée. Il est ambitieux[, réaliste] et idéaliste, cherche à briller, à rayonner et à obtenir [chronologiquement, du moins] la première place. Généreux, il est capable de beaux gestes, mais cela n'exclut pas un égocentrisme certain. La vie sentimentale et le plaisir [plutôt le désir] prennent une place importante dans sa vie : Karl est un séducteur. Il n'est pas toujours caractérisé par sa fidélité, mais quel charme ! Autoritaire et directif dans la relation à deux, il est comblé si sa partenaire lui voue une admiration sans bornes et si elle la lui exprime souvent... D'ailleurs, n'est-il pas merveilleux !...

Que fait il ?
Il n'est pas impossible qu'il reprenne une activité familiale. Sinon, Karl sera particulièrement attiré par les professions à caractère artistique ou esthétique, (...) où la prise en compte des autres est importante..., en rapport avec le mouvement, l'action, la mobilité, la vitesse, les voyages... [dans l'ordre de l'action comme de la réflexion].

source

cf. 57 pieds sous et sur terre

 

2011-11-23

dépligner

L'aspect du monde pour nous serait bouleversé si nous réussissions à voir comme choses les intervalles entre les choses — par exemple l'espace entre les arbres sur le boulevard — et réciproquement comme fond les choses elles-mêmes — les arbres du boulevard.
(M.M.-P.)

FC — C'est ça. Au fond, si on regarde la vie dans sa positivité, nous avons des attentes, par exemple, nous découvrons un certain ordre, nous découvrons un ordre autre que celui que nous attendions, et nous disons « il y a du désordre ». Et il y a du désordre, il y a du non-ordre, c'est une façon…
RE — ... de prendre ses désirs pour des réalités.
FC — Et c'est une façon de refuser le monde, mais c'est aussi une façon commode de s'exprimer, et de passer sous silence le fait qu'il y a un ordre autre. Alors ça, en soi, c'est utile au quotidien, c'est même assez économique. C'est en ça, finalement, que le langage nous permet de nous accommoder du réel avec facilité, avec habileté aussi. Cependant, le danger vient quand cette notion – qui finalement n'est jamais qu'une forme du jugement, dit Bergson, une forme logique – prend la concrétion d'un élément du réel. Quand nous finissons pas penser qu'il y a du négatif dans le réel. Mais dans les faits, et si nous faisons un effort d'intuition, selon Bergson, nous ne trouverons jamais que de la positivité.

2011-11-19

parentable

[Pour le moyenhomme] Transmettre la vie, que l'on a soi-même reçue, représente une étape à franchir dans le cycle de l'existence ; être adulte, c'est aussi former un couple et devenir parents. Le mariage et la procréation font partie des devoirs fondamentaux des êtres humains (…) qui se vivent comme des maillons d'une chaîne, toujours en référence à un ordre social et à sa reproduction. C'est également ce qui permet d'être soi-même, à son tour, célébré après sa mort comme un ancêtre.
(E.S.)

La maternité est très idéalisée dans notre société ; toute petite fille grandit avec l'idée qu'elle aura des enfants un jour. Mais toutes les femmes n'en ont pas le même désir : cela peut être le désir d'aimer, celui d'être reconnue socialement, d'éduquer un enfant au quotidien… Il n'y a pas de jugement à porter là-dessus. Mais le savoir permet de faire des choix de vie.
(I.T.)

Pour celles qui éprouvent un grand désir d'enfant, et qui n'y arrivent pas, c'est extrêmement douloureux (…) ; plus que les hommes, car cela passe par leur corps. (…) Le désespoir est immense : la vie n'a plus de sens, comme si tout s'arrêtait. Elles se sentent à la fois exclues de la vie sociale, de la complicité féminine, de leur propre famille. (…)
(I.T.)

(…) nos familles et de leurs attentes qui peuvent être lourdes à porter.
(couple anonyme)

En effet, la femme est vue, et se perçoit comme une adulte non accomplie, si elle n'a pas franchi cette étape décisive. Hormis la sensation de « complétude narcissique » qu'apporte la grossesse, ce manque est vécu très douloureusement, comme l'équivalent d'une « castration symbolique » (…). (…) sur son désir narcissique de transmission, satisfaisant son fantasme d'immortalité.
(E.S.)

(…) solitude (...) face à l'absence de descendance, signe bien tangible de notre finitude.
(couple anonyme)


Ce n'est pas seulement d'un désir d'enfant qu'il faut faire le deuil, mais aussi de tout l'investissement, de tous les rêves faits autour de cet enfant. Cela prend beaucoup, beaucoup de temps…
(I.T.)

[Ces] femmes peuvent [enfin] alors prendre conscience que la maternité n'est qu'une composante de leur féminité, qu'elles disposent d'un espace, en temps et en énergie, pour faire ce que d'autres ne pourraient faire. Chacune l'occupe à sa manière… (…)
(I.T.)

Mais notre société est traversée par un paradoxe majeur, d'une part, elle promeut l'individu, lui offre une multiplicité de choix et de solutions possibles, ainsi que la liberté de vivre comme il le désire. Mais, d'autre part, son discours produit des modèles de pensée et d'action très normatifs, véhiculés par [la doxa et] les divers médias, exerçant alors une pression vers l'uniformisation des modes de vie. D'où le constat que l'on n'est pas si libre que cela !
(E.S.)

Dans le célibat choisi, l'exercice de la sexualité génitales et la procréation ne sont plus vécus comme une nécessité pour les individus ; ne sont plus ressentis comme une fatalité, au sens de "fatum", de destin impersonnel. Cela reste, naturellement, une nécessité de l'espèce, mais plus des individus.
(G.d.B.)(H.S.)

De plus, l'enfant ne représent[e] plus d'une manière aussi impérative un agent d'épanouissement. Il devient alors possible d'en exprimer l'absence de désir, sans danger. Ce qui nous révèle l'ambivalence fondamentale sous-jacente à tout désir d'enfant.
(E.S.)

Ceux qui refusent d'avoir des enfants. Les « No Kids » ou « Childfree » (« libres d'enfants » ou « sans enfants par choix »). Ce mouvement est né dans les années 1970 aux États-Unis. Les raisons sont philosophiques (peur de transmettre un mal-être, des conditions de vie insatisfaisantes [etc.]), [philosophico-]environnementales (ne pas augmenter la population de la planète, ne pas s'engager dans une démarche de consommation rendue nécessaire par la présence d'enfants [etc.]), ou simplement [philosophico-]personnelles (« Je suis heureux, un enfant m'enlèverait du temps, de l'argent, de la liberté. » [etc.])
(G.d.B.)
(merci à A.)

> chapitre : CHILDFREE
> chapitre : NOKIDDING


2011-11-11

À RÉINVENTER L'AMOUR


(O.K.) :: 21'13 ::

Note : Remontage unitaire et prolongement, pour résumé, renvois, synthèse et réouverture, de quelques-uns de mes articles et réalisations précédentes sur le sujet, de l'amour à réinventer.

2011-11-07

désir > ...

(...) deux ennemis, qui se confondent : la transcendance religieuse du manque, l’interruption hédoniste qu’introduit le plaisir comme décharge. (G.D.)(C.P.)

Certainement le plaisir est agréable, certainement nous y tendons de toutes nos forces. Mais, sous la forme la plus aimable ou la plus indispensable, il vient plutôt interrompre le processus du désir comme constitution d’un champ d’immanence. Rien de plus significatif que l’idée d’un plaisir-décharge ; le plaisir obtenu, on aurait au moins un peu de tranquillité avant que le désir renaisse : il y a beaucoup de haine, ou de peur à l’égard du désir, dans le culte du plaisir. Le plaisir est l’assignation de l’affect, l’affection d’une personne ou d’un sujet, il est le seul moyen pour une personne de « s’y retrouver » dans le processus de désir qui la déborde. Les plaisirs, même les plus artificiels, ou les plus vertigineux, ne peuvent être que de re-territorialisation. (G.D.)(C.P.)

C’est quand on continue de rapporter le désir au plaisir, à un plaisir à obtenir, qu’on s’aperçoit du même coup qu’il manque essentiellement de quelque chose. (G.D.)(C.P.)

Il n'y a de désir qu'agencé ou machiné. (G.D.)(C.P.)

Ce n’est certes pas une manière de privation. C’est la constitution d’un champ d’immanence, où le désir construit son propre plan, et ne manque de rien, pas plus qu’il ne se laisse interrompre par une décharge qui témoignerait de ce qu’il est trop lourd pour lui-même. (G.D.)(C.P.)

C’est le processus immanent du désir qui se remplit de lui-même, c’est le continuum des intensités, la conjugaison des flux, qui remplacent et l’instance-loi, et l’interruption-plaisir. Le processus du désir est nommé « joie », non pas manque ou demande. Tout est permis, sauf ce qui viendrait rompre le processus complet du désir, l’agencement.
(...) Ascèse, pourquoi pas ? L’ascèse a toujours été la condition du désir, et non sa discipline ou son interdiction. Vous trouverez toujours une ascèse si vous pensez au désir. (G.D.)(C.P.)

Que chacun, groupe ou individu, construise le plan d'immanence où il mène sa vie et son entreprise, c'est la seule affaire importante. Hors de ces conditions, vous manquez en effet de quelque chose, mais vous manquez précisément des conditions qui rendent un désir possible. (G.D.)(C.P.)


cf. l'éthique philosophique
cf. philosophie postsexuelle
cf. manque de philosophie
cf. libération vs libéralisme pulsionnel

2011-09-28

centons !

Un centon est une œuvre littéraire constituée d'éléments repris à une ou plusieurs autres, et réarrangés de manière à former un texte différent. Le terme est d'origine latine (cento) et désigne à l'origine une pièce d'étoffe faite de morceaux rapiécés.
(w.)

À partir d'un certain âge nos souvenirs sont tellement entre-croisés les uns sur les autres que la chose à laquelle on pense, le livre qu'on lit n'a presque plus d'importance. On a mis de soi-même partout, tout est fécond, tout est dangereux, et on peut faire d'aussi précieuses découvertes que dans les Pensées de Pascal dans une réclame pour un savon.
(M.P.)(merci à S.)

Je me sers de leurs expressions et je les cite avec plaisir. J'aime à leur faire dire malgré eux ce que je pense. (Ce n'est jamais que notre propre pensée que nous apercevons, selon Condillac.)
(J.J.)(merci à L.)


cf. OE
cf. sur/de mespostréalisations
cf. ottoprésentation
cf. le progrès l'implique, et le plaisir aussi !
...

2011-04-03

pour un revenu universel d'existence

(Revenu de base, revenu d'existence ou allocation universelle, des noms différents pour désigner un revenu de base inconditionnel pour tous...)

2011-04-01

pour une mutuelle re(con)naissance

re(con)naissance vitale


— Et alors plus tard, à chaque reconnaissance – parce que vous savez ce que ça veut dire, reconnaissance – vous avez eu le sentiment de vivre une renaissance, en fait.
— Ouais. Je ne saurais mieux le dire que comment je l'ai écrit. C'est une question assez mystérieuse. À travers tout geste artistique, certainement, il y a le besoin d'être reconnu ; mais ça prend des consistances différentes selon la quête qu'il y a derrière cette reconnaissance. Elle peut être très profonde, très déterminante, peut-être même vitale, et dans ce cas l'enjeu de la création, ou le livre ou le tableau, la musique, incarne cette question vitale de renaître aux yeux du monde à chaque expression. Ouais. C'est pas une mince affaire, ça.

2011-03-28

le fin de la fin

Pour tous ceux qui adorent Miles Davis, sa mort n'a aucune importance, l'important est qu'il soit né.
(M.-E.N.)

Ce qui est important, ce n'est pas de finir une oeuvre, mais d'entrevoir qu'elle permette un jour de commencer quelque chose.
(J.M.)

2011-03-26

si la mort n'avait rien à voir, circulez

Est-ce que la nuit ou le jour donne plus de réponse que le jour ou la nuit ? (...)
Eh oui, pourquoi la mort nous serait-elle un moment d'apocalypse (au sens dernier et premier), qui nous éteindrait ou nous éclairerait sur quoi que ce soit ? Ne pourrait-on pas concevoir qu'elle nous soit un prolongement de délire, ou le passage d'un délire à l'autre inspiré du précédent ? À l'image de la veille au rêve et du rêve à la veille. (...) Après tout, nos rêves nocturnes eux-mêmes ne sont-ils pas directement nourris de nos délires éveillés, et réciproquement ? Et à laquelle de ces réalités doit-on adhérer puisqu'on en alterne sans cesse ?
(...)
En bref, la mort ne s'avère peut-être pas la coupure radicale qu'on croit (ou nous fait croire), qui nous ferait basculer soit dans le néant (...) soit dans quelque révélation (...). [La mort n'est peut-être finalement ni le temps ni le lieu d'aucune extinction radicale ni de quelque révélation que ce soit. Voilà mon idée.]

Ce que je voulais dire l'autre jour, et disais effectivement à qui pouvait l'entendre pour avoir soi-même intimement dépassé (ou très vaguement intuitionné le dépassement possible de) ces deux croyances obtuses, ces deux dogmes qui s'affrontent encore aujourd'hui (...) c'est que : peut-être bien que le mystère de l'existence se prolonge jusqu'au coeur de ladite mort, sans révélation ni extinction complète, mais au contraire continuation du délire, autant personnel que collectif, et collectif à force de communion des délires personnels. (...) À l'instar de notre situation ici-même. Alors oui, un paradis ou un enfer, et tous leurs intermédiaires surtout, mais selon une tout autre conception. (...) D'une fondation d'objectivité par confluence chorale massive des délires objectivo-subjectifs. Bon, je sais pas si je suis très clair, mais je paresse à développer, là. (...)
En tout cas, peut-être ne plus concevoir la mort comme une coupure absolue, par une chute au néant ou une entrée dans quelque arrière-monde prédéfini, objectif... (...)
Aujourd'hui je vois ça comme un dogmatisme contre un autre, une foi contre une autre. Ni plus ni moins. (...) Et comme je disais encore à [untelle] avant-hier, sur la question de savoir si je crois à une vie après la mort : je ne crois plus « rien », a priori, pas plus à la vie après la mort qu'à la mort après la vie. C'est-à-dire, ni à l'une ni à l'autre de ces croyances, qui ne sont guère que cela – n'en déplaise à l'une d'elle.
(...)
(O.K.)

Rien, c'est trop peu; Dieu, ce serait trop.
(J.R.)

cf. d'un songe à l'autre, à l'autre... ?

2011-03-24

à portée d'aujourd'hui un bonheur

L.F. : Les choses ? C'est un titre qui intrigue, qui alimente les malentendus. Plutôt qu'un livre sur les choses, au fond n'avez-vous pas écrit un livre sur le bonheur ?
G. P. : C'est qu'il y a, je pense, entre les choses du monde moderne et le bonheur, un rapport obligé. Une certaine richesse de notre civilisation rend un type de bonheur possible : on peut parler, en ce sens, comme d'un bonheur d'Orly, des moquettes profondes, d'une figure actuelle du bonheur qui fait, je crois, que pour être heureux, il faut être absolument moderne. Ceux qui se sont imaginé que je condamnais la société de consommation n'ont vraiment rien compris à mon livre. Mais ce bonheur demeure un possible ; car, dans notre société capitaliste, c'est : choses promises ne sont pas choses dues.

2011-03-23

être et avoir, pour rachat

À force que la vie n'ait pas de sens, chacun lui en insuffle un (autant qu'il peut) : d'emprunt le plus souvent, mais encore ou sinon peu à peu, très simplement matériel, par ces petits plaisirs et ces joies fugaces dont on prend son parti (voire parti), ces petites saveurs qu'on s'incline à savourer de plus en plus, et de mieux en mieux, pour ce qu'elles sont, modestement, mais capables aussi bien de tout recouvrir bientôt, et ainsi de tout racheter ou presque, alors que... s'annonce maintenant le temps de tout quitter pourtant… aussi bien.
(O.K.)

cf. second souffle

2011-03-21

forsythi am


Le genre forsythia est un genre d'arbustes (...) connus pour leur abondante floraison jaune, qui se produit parmi les premières en fin d'hiver et début de printemps.
(...)
Période de floraison : mars...
Exposition : plein soleil ou ombre légère
Type de sol : sol peu fertile frais et bien drainé
Utilisation : massif d'arbustes, talus, sujets isolés
(...)
Rusticité : excellente

(W.)

livre à vous

[augmenté le 8 juin 2011]

Stanley K. répugnait à donner des entretiens. Il pensait en effet que toute déclaration d'un metteur en scène sur son oeuvre était réductrice, car elle imposait une version unique de son travail ; et il préférait laisser aux commentateurs, aux spectateurs la liberté d'interpréter comme ils le voulaient, et non d'imposer son propre jugement.
(M.C.)

Il [R.G.] préfère laisser le spectateur se faire sa propre idée, interpréter son œuvre et donner sa propre explication. Il expliquera son silence longtemps critiqué : « Il fallait laisser les gens interpréter sans accompagnement explicatif. Mon silence était nécessaire pour que les discours les plus contradictoires s’épanouissent. Les commentaires font partie de l’œuvre, à leur manière. »
(F.)

P.D. — Et puis-je vous demander pourquoi vous n'avez pas indiqué le mode d'emploi au lecteur ? Dans une préface (...)
M.B. — Ce n'est pas la première fois qu'on me pose cette question, mais évidemment je crois qu'il vaut mieux que ce soit les autres qui écrivent des articles de critiques sur les ouvrages. Et un livre comme celui-là il présente un caractère déroutant. Il se présente tel quel, et il doit pouvoir tenir sans trop d'explications préalables. Quand je publie un livre, je veux qu'il fasse son effet, si vous voulez, qu'il apporte son coup tout seul. Et je veux que le lecteur soit d'abord dérouté, désemparé, je prends le risque, volontairement, que le lecteur se perde, je veux qu'il se perde dans le livre avant de s'y retrouver. Comme un voyageur se perd dans n'importe quel pays nouveau. Et lorsqu'il s'y retrouve, s'il a eu à s'y retrouver tout seul, eh bien, naturellement, l'ouvrage ou le pays lui fait un effet beaucoup plus considérable que si on lui a par trop mâché la besogne.


Tout le livre est construit sur ce que vous avez appelé ce « peu-à-peu », c'est-à-dire une compréhension peu à peu. Je sais que c'est peut-être un peu à contre-courant parce que la société d'aujourd'hui prône plutôt une espèce de facilité, de facilitation de la lecture. Moi je sais que mes grandes expériences de lecture, c'est des lectures où il faut se concentrer et où le sens se dévoile peu à peu, mais avec la participation du lecteur.  C'est-à-dire ce qu'on a appelé, peut-être un peu pompeusement, « le travail du lecteur »...
(B.C.)

[Dans ce roman] J'ai pas voulu que tout soit explicite. Je crois que c'est important pour le lecteur qu'il y ait des vides qu'il comble un petit peu à sa façon, et en fonction de ses fantasmes et de son ressenti. Je trouve que c'est toujours assez intéressant de ne pas tout expliciter, mais enfin…
(B.L.C)
 

Je crois qu'il faut de moins en moins expliquer les choses. Surtout si on s'en remet à la voie poétique (...), c'est-à-dire renoncer à la compréhension conceptuelle, et être de plus en plus ouvert à la compréhension poétique...
(C.R.)


Et à la lecture on a un rapport d'immédiateté avec ce qu'on lit. Enfin l'immédiat suppose que dans l'instant où on lit on se trouve retranché d'un passé, il n'y a pas évocation d'un passé : si le sens paraît manquant il y a appel au sens, donc on se trouve dirigé vers un futur.
(A.D.B.)

cf. comprendre un peu / beaucoup / passionnément, sans comprendre
cf. compris c'est compris
cf. s'injustifier
cf. à l'intellecteur parfait
cf. écran total 
...

2011-03-20

de passage à sage

Et ce moment si particulier où chacun d'entre nous passe la ligne de démarcation qui sépare la fin de la jeunesse du reste de la vie. Voilà.
(P.E.)

On se rend compte ainsi (...) que la vie d'un homme se divise en deux périodes, l'enfance et l'âge adulte, et qu'il est absolument inutile de raffiner l'analyse [?]
(M.H.)

Tout le monde abrite la question de savoir ce qu'est la vie adulte, quand elle commence, est-ce qu'elle finit, est-ce qu'elle a des signes avant-coureurs, est-ce qu'il y a des marqueurs qui disent que cette vie est adulte. Voilà.
(V.M.)

2011-03-19

écriture protégée

Personne ne comprend qu'un écrivain doit s'astreindre à une discipline.
(H.H.)(merci à P.S.)

La seule chose dont un véritable écrivain puisse être à peu près sûr, au cours de son existence, c'est que tout le monde essaiera plus ou moins de l'empêcher d'écrire. (…) Le premier travail d'un écrivain consiste donc à se protéger. Les cas diffèrent, les techniques aussi. Cela peut aller de la maladie à la perversion, en passant par le double jeu, l'identité d'emprunt, les virages inopinés, la retraite mutique, l'abjection revendiquée, l'alcool, la drogue ou la frivolité simulée. Hemingway, de ce point de vue, aura été un maître. Sa science de la protection rapprochée et de la désinformation de l'adversaire (l'adversaire étant l'incessant bavardage social) aura été un cirque de tous les instants. Quand le système n'a plus fonctionné : une balle dans la tête. De toute façon, un seul credo : « Tout passe et tout lasse, les nations, les individus qui les composent, autant en emporte le vent… Il ne reste que la beauté, transmise par les artistes. » (Les Vertes Collines d'Afrique.)
(P.S.)

On the other side,
on the other side
nobody's waiting for me.
On the other side
(T.S.)

s'administrer

Ne pas dire un mot de toute la journée, ne pas lire de journal, ne pas entendre la radio, ne pas écouter de commérages, s'abandonner absolument, complètement, à la paresse, être absolument, complètement indifférent au monde, c'est la plus belle médecine qu'on puisse s'administrer.
(H.M.)(merci à P.S.)

cf. actualituer

à courant d'avance

Au moment où presque personne ne voulait agir, Hemingway agit. Puis le décor change. Il faudrait maintenant (après la catastrophe) s'engager, militer, délivrer des messages, construire l'univers meilleur de l'humanité, penser à bien penser. Or c'est le moment où Hemingway, au contrainte (toujours à contre-courant), insiste exclusivement sur la littérature. Les mêmes qui étaient indifférents au fascisme font maintenant l'apologie du Bien ? Mais le Bien, devenu consensuel et abstrait, est une forme ravalée du Mal. En 1947 : « Pour ceux qui ont du talent, la bombe atomique n'est pas plus menaçante qu'une hémorragie cérébrale ou la sénilité. Qu'ils continuent à faire leur travail sans s'occuper du reste. »
(P.S.)

défiance à sa propre philosophie morale


(S.C.)(O.K.)

Puisque dès qu'on conçoit quelque chose, on s'y attache. Dès qu'on a une idée, on est content de l'avoir. C'est là le côté salonnard des idées. Mais pour le public, pour la masse, pour tout le monde au fond, une idée s'anime forcément. On y projette tout, puisque tout est affectif. Je dirais qu'il n'y a de réel que ce qui est affectif. (…) Puisqu'il y a affectivité, et qu'on projette l'affectivité dans les idées, toute idée risque de devenir passion, et donc un danger. C'est un processus absolument fatal. Il n'y a pas d'idée absolument neutre, même les logiciens sont passionnés. Je fais une petite remarque ici. Tous les philosophes que j'ai connus dans ma vie étaient des gens profondément passionnés, impulsifs et exécrables. On s'attendrait de leur part, justement, à une sorte de neutralité. J'affirme, et je ne sais pas combien de philosophes j'ai connus pendant ma vie, mais j'en ai connu pas mal quand même, que tous étaient des gens passionnés et marqués par cette affectivité. Donc, si ceux qui sont censés se maintenir dans un espace idéal ou idéel contaminent l'idée, si ceux qui justement devraient en être détachés, glissent dans la passion, comment voulez vous que la masse ne le fasse pas ? L'idéologie, qu'est-ce que c'est, au fond ? La conjonction de l'idée et de la passion. D'où l'intolérance. Parce que l'idée en elle-même ne serait pas dangereuse. Mais dès qu'un peu d'hystérie s'y attache, c'est fichu. On pourrait parler infiniment là-dessus, c'est sans issue.
(C.)

> pas sage philosophe parmi les gens
=> le milieu de la vie

2011-03-18

au fond, cioran, c'est moi (1)

L’obsession de Cioran, c’était d’aider sa famille… (...)
Cioran a essayé de s’en tirer, il faisait toujours comme ça, il essayait d’esquiver. Il a dit : je ne vais pas faire une préface, je vais écrire une lettre, une lettre à l’éditeur. (…)
Au fond, je crois qu’il n’aimait pas tellement écrire. (…)
Alors, il disait : j’ai promis d’écrire ça, pourquoi est-ce que j’ai promis, et voilà que la date arrive. II était dans tous ses états et disait : jamais je ne pourrai écrire cet article. Puis, tout d’un coup, il se retirait dans sa chambre, et il écrivait. Ça m’étonnait toujours, je trouvais ça extraordinaire qu’on puisse écrire avec cette facilité. (…)
Et Cioran répliquait : mais je ne suis pas capable d’écrire des mémoires, des récits. Je n’ai pas ce qu’il faut pour faire ça.

(…) Ce n’était pas un journal. Ce sont, je ne sais pas comment les décrire, des cahiers. (…) Cela participe aussi du cahier de brouillon il y a beaucoup de choses qu’il a reprises dans ses livres, certaines absolument mot pour mot. Pour certaines phrases, dans ces cahiers, il y a trois ou quatre versions à la suite les unes des autres. Et il veut arriver à un point de perfection dans la formulation. Mais il y a aussi beaucoup d’autres choses. (…)
— Et en quoi ces cahiers différaient-ils d’un journal proprement dit ?
— Ce n’est pas du tout quelqu’un qui écrit : aujourd’hui, j’ai vu Untel, j’ai fait ceci et cela. (…)
Certaines choses sont très travaillées, très réfléchies, d’autres spontanées au contraire. Il n’y a aucune unité. (...)
— (…) et enfin ces réflexions dont vous dites qu’elles sont si amères.
— (…) En même temps, certains passages sont comme une bouteille à la mer. (…)
Et ce qui revient, c’est toujours le sentiment d’échec. Ça me fait tellement mal de lire ces choses, penser qu’il était à ce point habité par le sentiment de l’échec, qu’il était malheureux.
— Ce sentiment d’échec, c’était par rapport à sa réussite en tant qu’écrivain, par rapport à sa renommée qu’il jugeait insuffisante ?
— (…) Nous étions absolument renversés parce que Cioran, en France, était le parfait inconnu, alors que… (…)
Le succès de Cioran est venu très très tard. (…)
Je crois que Cioran est mort sans savoir qu’il était reconnu. (...)
Certes, son attitude vis-à-vis de la gloire est ambiguë. (…)

(…) Vous savez comment était Cioran, il était très, il pouvait être très …
— Méchant ?
— Oui. C’est-à-dire, qu’il n’a jamais pu résister devant un mot drôle, une exagération. (...)
Cioran avait une manie, c’était d’aider les gens, de les conseiller, de les obliger même à faire certaines choses. Cioran aimait beaucoup donner des conseils... (…)

En ce qui concerne Cioran, le mot d’emploi du temps ne correspond à rien ! (...)
Cioran était absolument imprévisible, toujours. (…)  Avec lui, faire un projet, c’était absolument exclu. C’était quand même quelquefois compliqué pour moi, parce que je devais prévoir malgré tout. (…)
Je crois que j’ai eu au début des mouvements de révolte, mais on arrive toujours, si on doit vivre ensemble, à une sorte de modus vivendi, et lui aussi avait sans doute à supporter des choses, même si évidemment, je pense avoir été plus facile à vivre que lui !
(…) Et Cioran qui avait l’habitude de se lever et de se coucher à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, a compris qu’on ne pourrait pas tenir. (…)

(…) Pour lui, c’était comme le travail manuel, marcher, faire de la bicyclette, c’était évacuer la conscience, c’était ne plus être que dans le paysage, dans le mouvement de la marche.
Quand on faisait ces randonnées, à pied ou à bicyclette, on faisait des kilomètres, dans une journée, avec le sac à dos, on a même fait du camping. (...)
J’étais épuisée. Cioran increvable. (...)

Il adorait travailler avec ses mains. Pour lui, jardin égalait bonheur. Le revers de la médaille, c’était les conversations. (...)
Souvent, ils allaient dîner tous les trois, et c’était Cioran qui parlait, surtout. (…)
Beckett ne parlait pas, il était l’opposé absolu de Cioran, le balkanique ! Mais ils avaient des terrains d’entente très profonds. (…) Il y a la même chose chez Beckett, ce refus de la naissance : il aurait mieux valu ne pas être né, c’est tout. (…)
— Vous n'avez jamais souhaité avoir un enfant, essayé de le convaincre ?
— Vous imaginez, un enfant avec Cioran !
(S.B.)

2011-03-17

ts

J.-F. D. — C'est que, comme lui, vous êtes l'homme du fragment, et vos écrits, fragmentaires.
C — Oui. Tout. (...) Quand je me mets à développer, j'appelle cela de la frivolité. Malgré moi, j'ai approfondi certaines choses, puisque tout ce que j'ai écrit tourne autour des mêmes choses. Mais je n'aime pas insister, je n'aime pas démontrer. C'est pas la peine. Ce sont les professeurs qui démontrent.
— (…) Vous ne démontrez pas, vous affirmez ?
— Voilà ! Je ne démontre rien. Je procède par décrets – entre guillemets, n'est-ce pas ? Ce que je dis est le résultat de quelques chose, d'un processus intérieur. Et je donne, si vous voulez, le résultat, mais je n'écris pas la démarche et le processus. Au lieu de publier trois pages, je supprime tout, sauf la conclusion. C'est à peu près ça.
— Aphorismes et fragments… Dans l'un et l'autre cas, il y a la volonté de ne pas en dire trop, de se borner au minimum.
— C'est exactement ça. De ne pas convertir les gens. De ne pas les convaincre. (...)

2011-03-15

vague al'arme

Un impatient contrarié.
(...)
Après la pluie les nuages foutent le camp, et c'est le beau temps. Mais, si entre-temps la nuit est tombée…
Eh oui, quand la pluie dure
Depuis toujours cette fascination pour ceux qui arrêtent ; se « taire ». Rimbaud, Monk, . Voilà. Straight, no (more) chaser.
(K.)

cf. artistes conscients
cf. pré-tention
cf. au charbon !
cf. grand temps

avec ma carte de visite et puis sans, va

Jelly Roll Morton était le Schpountz du jazz. Le personnage de Marcel Pagnol, immortalisé par Fernandel, se présente comme le meilleur des acteurs avec une assurance invraisemblable. On se fout de sa gueule parce que, certain de réussir, il se croit l'égal des dieux, mais à la fin du film, qui retrouve-t-on bien placé dans l'Olympe ? Le Schpountz en personne ! L'histoire du jazz a donné raison à Jerry Roll Morton : il n'a pas cessé de s'autoproclamer le plus authentique pionnier du jazz… et c'était vrai ! (…)
(M.-E.N.)

Sur ses cartes de visite, on pouvait lire « Inventor of Jazz » (« inventeur du jazz »), « Originator of Stomp and Swing » (« créateur du stomp et du swing »), « World's Greatest Hot Tune Writer » (« le plus grand auteur de morceaux hot au monde ») et, plus de soixante ans après sa mort, bon nombre de critiques pensent désormais qu'il n'avait peut-être pas tort.
Bien sûr, il n'a pas tout inventé mais il a tout transformé...
(W.)

au fond, par coeur...

Charlie Parker n'avait qu'un souci : être reconnu comme étant Charlie Parker et non comme un type qui vie la vie de Charlie Parker en attendant que Charlie Parker meurt et que le monde entier puisse enfin reconnaître qu'il avait été Charlie Parker. Les plus intimes le soulignent : il était hanté par la reconnaissance. L'arrogance de ses plagiaires le minait. Le dédain des dandys le démolissait. Finalement, Bird n'est peut-être pas mort assez tôt : il a eu le temps de voir Dave Brubeck à la une du Time.
(M.-E.N)

Parker, aussi surnommé Bird, est considéré comme l'un des créateurs et interprètes exceptionnels du style be-bop. (…) il est l'un des musiciens les plus importants et influents de l'histoire du jazz.
Dans les années 1940, Charlie Parker avec Dizzy Gillespie et Thelonious Monk ont assis les premiers éléments du jazz moderne en participant activement à l'émergence du be-bop, (…)
Il décède en mars 1955 à seulement 34 ans.
(W.)

Parker n'avait pas de style. Il avait mille milliards de style qu'il combinait entre eux, inversant et retournant tout. (…)
(M.-E.N)

2011-03-13

simon oncle en avait...

J.P. — « (...) Je me connais. Si je le lisais, je l'imiterais toute ma vie ». Ou bien : « Je me suis arrêté à la troisième page. Il me ressemble trop. Si je continuais à le lire je serais influencé. »
R.M. — Est-ce que c'est là une opinion tellement sotte ?
J.P. — Sotte, je ne sais pas. Mais fausse, ça ne fait pas l'ombre d'un doute. J'ai vu mille fois le contraire. Je connais des auteurs qui ont écrit du Kafka toute leur vie. On le leur disait. Ils répondaient : « Allons donc, je ne l'ai jamais lu. » Et le plus fort, c'est que c'était vrai. Ils n'en connaissaient que cinq lignes, parfois une simple citation. C'était bien suffisant. Quand on est tant soit peu sensible à ces choses-là, il suffit de cinq lignes, il suffit d'une phrase pour qu'un auteur se livre à vous tout entier.

cf. ... les moyens de ses intuitions
cf. hein ? confluences

2011-03-11

pour une marge de ménagement (de la surménagère, par exemple)



Une jeune mère livre son témoignage dans son livre Mère épuisée...
« Je n'en peux tellement plus que j'en viens à ne plus vouloir de mes enfants » : dans son récit Mère épuisée, une jeune femme témoigne du burn-out maternel, encore trop peu reconnu, ni baby blues, ni dépression d'après accouchement.
La trentaine, Stéphanie Allenou, éducatrice spécialisée de formation, est mère de trois enfants, une fille qui aura 8 ans en juin et des jumeaux de 6 ans tout juste. Elle raconte dans son livre les trois premières années de sa vie de mère, les naissances, l'allaitement, les nuits sans sommeil, les journées qui n'en finissent pas, l'isolement qui s'installe. Les mille et une difficultés quotidiennes qui s'enchaînent sans répit : séances d'habillage collectif avant les sorties, trajets marathon, bêtises à répétition... On assiste à sa descente aux enfers.
« Une sourde angoisse monte petit à petit. La rage intérieure que je tente de maîtriser est croissante, et j'explose fréquemment. Je crie fort. De plus en plus fort. Je tape maintenant facilement : des fessées le plus souvent, des gifles parfois », écrit-elle. « La relation que j'entretiens avec mes petits est devenue maltraitrante », analyse-t-elle.
« C'est un témoignage d'une honnêteté incroyable », [commente] la psychologue et psychanalyste Sophie Marinopoulos, qui dirige à Nantes un service de Prévention et de promotion de la santé psychique et un lieu d'accueil parents-enfants (...). (...) « L'épuisement maternel peut aller jusqu'au burn-out. C'est un état d'épuisement qu'on retrouve chez des personnes qui ont énormément investi leur tâche, d'une façon très émotionnelle et d'une façon très idéalisée, comme dans le burn-out professionnel », [souligne] la psychologue. « On voit ces mères petit à petit entrer dans une espèce de rythme effréné », poursuit-elle.
« On voit Stéphanie toujours faire plus et accélérer pour pouvoir correspondre à cette image de bonne mère. On voit ses symptômes arriver : fatigue, insomnie, irritabilité, hyperactivité, manque d'attention, manque de motivation. Le stress bien entendu est omniprésent. » Jusqu'à « la dépersonnalisation, (...), où elle devient un automate ».
Pour Sophie Marinopoulos, le risque majeur c'est le passage à l'acte suicidaire. (...)
Stéphanie Allenou comme Sophie Marinopoulos insistent sur la nécessité de briser l'isolement, la solitude, et soulignent l'importance des lieux d'accueil parents-enfants. « Clairement, ce qui m'a permis de récupérer, c'est de sortir du face à face avec les enfants », explique Stéphanie Allenou.
(V.M.)

cf. La maternité en question
cf. femme sans enfant sans façon
cf. grands enfants, attention au panneau !

2011-03-09

une (mauvaise) foi(s) pour toutes


Les parents se mentent sur les bienfaits d'avoir un enfant. Une nouvelle étude prouve que les parents se mentent à eux-mêmes, et croient qu'avoir un enfant est plus gratifiant que ça ne l'est en vérité.
Pour cette étude, publiée sur Psychological Science, Richard Eibach et Steven Mock (tous deux psychologues à l'université de Waterloo, en Ontario), sont partis de l'hypothèse que les parents tentent de rendre rationnel le coût énorme nécessaire pour élever un enfant, en idéalisant l'apport affectif et émotionnel.

Lors d'une première expérience, Eibach et Mock ont recruté 80 parents nord-américains, 47 d'entre eux étant mères, et tous ayant au moins un enfant mineur.
Ces parents ont été séparés en deux groupes, l'un ayant accès à des documents montrant que le coût moyen pour élever un enfant aux États-Unis s'élève à 200.000 dollars (environ 145.000 euros), l'autre ayant accès à ces documents mais aussi à des informations sur le fait que l'enfant une fois adulte sera capable d'aider financièrement ses parents.
Ils devaient ensuite noter sur une échelle (de -2, pas du tout d'accord à +2, totalement d'accord) huit affirmations concernant le fait d'être parent.
La seconde expérience ajouta un troisième groupe, appelé groupe de contrôle, qui ne reçut aucune information sur les coûts liés au fait d'élever un enfant. Elle ajouta aussi des questions sur le temps passé avec les enfants et les activités pratiquées par rapport au temps passé à pratiquer un sport ou des activités plus personnelles.
Les deux expériences montrèrent que les parents ayant eu des informations précises concernant les coûts pour élever un enfant idéalisaient bien plus que les autres parents le fait d'être parents. Ceux-ci annonçaient qu'il était bien plus probable qu'ils prennent du temps pour leurs enfants, et qu'ils apprécieraient plus les moments passés avec eux.
L'étude a ainsi montré que les parents se mentaient à eux-mêmes, cherchant à minimiser la perte d'argent [de temps, d'énergie et la part d'ennui] nécessaire pour élever un enfant, au profit de l'affection produite par la structure familiale.

Cette théorie fait partie de ce que l'on appelle la « dissonance cognitive », la « création d'une défense psychologique qui permet de justifier nos choix et croyances. [...] Cela pourrait expliquer pourquoi les parents continuent à faire l'apologie de la parentalité et croire que c'est “la” voie à suivre » (...). Ils auraient plus de difficultés à expliquer ce choix autrement, ou à admettre leurs idées négatives à ce sujet.

Le bonheur d'avoir un enfant reste ainsi ancré dans la culture, une culture qui a (...) évolué, amenant l'enfant à devenir « cet enfant sans valeur économique, mais d'une valeur émotionnelle inestimable », comme le remarquait déjà en 1994 la sociologue Viviana Zelizer.
(L.C.)

cf. par la dissonance cognitive
cf. La maternité en question
cf. femme sans enfant sans façon
cf. grands enfants, attention au panneau !

2011-03-06

se faciliter l'attache


(M.L.)(O.K.)

N’avez-vous jamais vécu cela ? Vous éprouvez soudain pour quelqu’un ce qu’on peut appeler un sentiment amoureux et il faudrait, pour que cette petite exaltation se transforme en une relation, que vous y mettiez un peu du vôtre ; or, au moment où il convient que vous soyez le plus présent à la situation, quelque chose vous en distrait : une pensée, un souvenir, quelqu’un qui passe dans votre champ de vision, ou tout simplement ce combat que mènent, à l’intérieur de vous-même, Timidité et Hardiesse, Désir et Inquiétude, Envie et Paresse, Fougue et Désinvolture. Mais d’où nous vient cette propension à l’esquive ?
(C.M.)

Dans l'ordre des renvois :
cf. l'infini hors de portée des caniches
cf. extension du domaine de l'amour
cf. l'art de rencontrer d'aimer
cf. affranchir amour-amitié
cf. pour du postsexuel 
cf. l'amour est à réinventer, on le sait
cf. l'amour inventé, à réinventer... : réinventé