N'en jetons presque plus ! Trions, reprenons, détournons.
L'essentiel est presque bien dit et redit, en long, en large...
Reprenons serré, de travers, à travers.
Par les moyens d'avenir du présent. Pour le présent de l'avenir.
(OTTO)KARL

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2010-06-29

détournier

Mon propos n'est pas d'innover dans la forme, mais de faire passer dans une forme aussi traditionnelle, préservée et rassurante que possible une matière ne possédant aucune de ces qualités.
(M.T.)

2010-06-25

pas de lieu, sans formule

S — et en même temps ce qui est terrible en ces temps de vie chère (...) c'est que vivre en couple est économiquement intéressant.

OK — Mais pas besoin d'être en couple. En duo suffirait. Et même en trio. Et même en équipe ! Encore moins cher. Bref, en réseau « suffirait », si je puis dire, puisque c'est « l'idéal ». Là aussi, sur cette piste, mon idée s'affine, ou du moins : s'affirme.

S — Certains ont essayé...

OK — Mais étaient-ils si avisés ? (...) D'un mot, le secret se trouve sûrement du côté d'un minimalisme politique et moral. Pratiquement aucune organisation. Plutôt constellation, à autorégulation, naturelle, éthique, bref, en un mot banal : autogestion, disons. Pour ça aussi. Et surtout. Et même : sans règles, sans cadre, sans quasiment rien, à la limite de l'existence, je dirais, et en tout cas à la limite de la formulation. Etc.


cf. chapitre : s'en sortir sans sortir
cf. vin nouveau
cf. ein stein, zwei steinbeck, drei...

2010-06-18

l'enjoué de l'art

Au fond, nous sommes toujours renvoyé à cela : l'image aussi bien que le texte est par nature quelque chose qui est figé dans une configuration précise. L'enjeu artistique peut être alors de lui conférer une sorte de mouvement interne, inhérent, propre à déjouer ce côté figé qui éloigne de la vérité du monde.
(B.C.)
Il ne s'agit pas de peindre la vie, mais de rendre vivante la peinture.
(P.B.)
Je sais seulement que je sens mon tableau être là quand une quantité plus grande de mouvement est présente. Je m'arrête avant l'anecdote.
(H.M.)

cf. bon art

2010-06-14

peindre sans cinéma

Les Primitifs se fichaient pas mal de la religion. S'ils peignaient des anges et des vierges, c'est qu'on les leur avaient commandés. C'était aussi pour faire passer autre chose. Car ils avaient fait une découverte un peu difficile, un peu choquante. Ils avaient découvert qu'il était dangereux de trop bien peindre ; que les bleus et les ors et les perles, ça finit par être trop beau, trop brillant ; que ça écrase la peinture, ça lui enlève sa raison d'être et sa dignité. Justement on venait, dans leur temps, d'inventer de nouvelles couleurs, plus riches que les autres ; de nouvelles façons de perspective. De nouvelles sections plus ou moins dorées. Ils se défendaient comme ils pouvaient. Ils marquaient, à leur manière, qu'il n'y a pas de peinture qui vaille (ni d'oeuvre humaine peut-être) sans quelque défaut. C'est aussi bien là ce qu'ont su, de tout temps, les grands hommes, ceux qui ont (comme l'on dit) marqué leur époque. Les inventeurs des cérémonies, et des jeux d'eau et des jardins français, par exemple, savaient très bien ce que chacun eût pu savoir : c'est qu'un jardin doit être vaste et majestueux, c'est qu'il doit donner à la fois un sentiment d'aisance et d'ordre, d'indépendance et de majesté. Mais ils savaient autre chose encore qu'il est mille fois plus difficile de savoir (et, en tout cas, d'appliquer) : c'est qu'un jardin, et un jeu d'eau, et une cérémonie, doivent être légèrement ridicules ; d'un ridicule assez léger, pour faire passer toute le reste. Ce que je dis est très évident, et plutôt terre à terre. (...) [Les peintres chinois] ont très bien senti ce que ne savent pas toujours les peintres européens : c'est qu'un peintre ne doit pas abuser de la situation. Qu'il ne doit pas être trop peintre, ni trop fier de l'être. Que c'est là une sorte de singularité qu'il doit plutôt tâcher de faire oublier. (J.P.)
« Moi peindre ? disait le peintre Mi Fei, vous plaisantez. Je fredonne ma petite chanson. — Moi peindre ? disait le peintre sou-tong-po, vous voulez rire. Je fais cuire ma petite casserole. — Que puis-je y faire ? disait yu-k'o, sitôt que j'ai bu du vin, il sort de mon foie réjoui des rochers et des bambous. Ils sortent en grand nombre, et je ne puis les arrêter. »
(J.P.)

cf. pochoir
cf. de la lecture sans lecture à l'écriture sans écriture
cf. le génie du primitivisme ou le génie

2010-06-12

même en peinture

Quand j'ai commencé, j'étais très jeune, à aller dans les expositions de peinture moderne, j'ai vu très vite qu'on y rencontrait deux espèces de gens, dont les uns (devant Carrière ou Renoir, je suppose) rigolaient comme de petites vaches, se tapaient sur la cuisse et donnaient les signes, que je reconnaissais très bien, de la plus vive joie, devant l'hippopotame ou le tapir. Moi, j'étais pour eux, je les trouvais sympathiques. Il me semblait que c'est naturel de s'amuser. Que c'est plus naturel que de garder (comme faisaient les gens de l'autre espèce) une mine morose, et de parler de grandeur morale — devant Carrière — ; ou de joie de vivre — devant Renoir. Ou encore de section d'or (...) Donc, j'étais du côté des gens qui riaient. Je découvris plus tard autre chose.
C'est que les rieurs étaient mécontents de rire, et les gens sombres satisfaits d'être sombres. Voilà qui était plus sérieux. Voilà qui avait l'air d'une erreur tout à fait générale. Quand ils avaient fini de se taper sur la cuisse et de se cogner du coude, les gens joyeux disaient : « On s'est foutu de nous. Je n'y remettrai plus les pieds. Pauvre France. » Mais les gens tristes disaient : « Quelle âme ! Il faudra y amener ton beau-frère. Ah ! Jean dolent avait raison d'écrire... » (...) Et moi j'avais le sentiment qu'ils se trompaient tous, que ç'aurait dû être le contraire, que les gens joyeux auraient dû être satisfaits, et les gens tristes mécontents. Enfin, qu'il y aurait là une sorte d'accord à établir entre eux, une découverte à faire. (...) le fait est que je me trouvais d'accord avec les gens tristes (car enfin je voyais bien qu'ils avaient des raisons, qu'ils expliquaient les choses, qu'ils savaient de quoi il retourne en peinture.) Mais ça ne m'empêchait pas de m'amuser d'abord. De rigoler avec les gens qui rigolaient : d'une dame qui ressemblait à un éléphant ; d'un cheval qui était monté sur un toit ; d'une autre dame qu'on voyait à la fois de face et de profil. Eh bien ! j'étais à la fois de face et de profil, comme cette dame : je rigolais, mais je trouvais ça très beau. Je m'amusais, mais j'étais convaincu. (...) Et j'avais tort, ce n'est pas douteux. Et les événements semblaient, à chaque nouvelle exposition, me donner tort davantage. Car les bons peintres devenaient chaque jour plus sévères, plus stricts, magistraux. De toute évidence, ils savaient quelque chose. Il leur suffisait parfois pour le démontrer, d'une simple petite ligne, d'un fil. Moi, je tenais bon. À la fin, j'en ai été récompensé. Car il a fini par venir des peintres dont on pouvait rire sans les fâcher, qui acceptaient d'être plaisants, et qui étaient tout de même merveilleux. Dont les tableaux n'étaient pas du tout un ministère, ni un théorème, mais une sorte de réjouissance, quelque chose comme une fête publique, une grande farce. (...) Quelle joie ! Naturellement, j'étais content d'avoir (...) eu raison. Il y avait autre chose encore, de plus grave. C'est que je voyais bien que j'avais eu raison avec le monde entier. C'est qu'il est normal, il est même, je voudrais dire, humain que l'art et la peinture en particulier soient une sorte de fête ou de frairie, et ne cessent pas pour autant d'être admirables. Il y a des secrets de ce genre de tous les côtés, et il n'est pas toujours facile de les découvrir.
(J.P.)

2010-06-08

écollaboration / coélaboration

Comment nous mettons nos idées au point en parlant.
... dans [cette] nouvelle, qui reste inachevée, Kleist décrit de façon saisissante le passage d'une activité inférieure à une activité supérieure. Lorsque vous réfléchissez à un problème et que vous n'en trouvez pas la solution, dit-il, parlez-en à quelqu'un d'autre. Le seul fait de lui en parler vous mettra dans un régime d'activité tellement plus complexe, intense et entier qu'avec un peu de chance la solution se présentera d'elle-même.
(J.F.B.)
Les Trois lois de la robotique, écrites par l'écrivain de science-fiction Isaac Asimov, sont des règles auxquelles tous les robots positroniques qui apparaissent dans sa fiction doivent obéir. Exposées pour la première fois dans sa nouvelle Cercle vicieux (Runaround, 1942) mais annoncées dans quelques histoires plus anciennes (...)
Asimov attribue les lois à John W. Campbell, au cours d'une conversation qui se passa le 23 décembre 1940. Cependant, Campbell affirme qu'Asimov avait déjà les lois dans son esprit, et qu'elles avaient simplement besoin d'être formulées explicitement. Plusieurs années plus tard, un ami d'Asimov nommé Randall Garrett attribua les lois à une collaboration symbiotique entre les deux hommes, une suggestion qu'Asimov adopta avec enthousiasme (...) Même si Asimov colle la création des Lois sur une seule date, leurs interventions dans sa littérature furent présentes sur une certaine période.
(W — merci à J.)

> à l'intellecteur parfait

2010-06-03

DU SEns

Je continue à croire que ce monde n'a pas de sens supérieur. Mais je sais que quelque chose en lui a du sens (...)
(A.C.)

cf. tant la vie