N'en jetons presque plus ! Trions, reprenons, détournons.
L'essentiel est presque bien dit et redit, en long, en large...
Reprenons serré, de travers, à travers.
Par les moyens d'avenir du présent. Pour le présent de l'avenir.
(OTTO)KARL

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2013-09-26

pour l'art RENCONTRE - un art de vivre

(...) J’ai toujours considéré ces ouvrages [d'André Breton, Nadja, L'amour fou, Arcane 17] comme l’expression la plus aboutie de ce qu’il y a de fascinant dans la rencontre.
(...) l’importance de la rencontre. Je ne pouvais qu’être réceptif à cet auteur, à son approche des choses, à sa conception de la rencontre.
(...) Car une rencontre n’arrive pas n’importe quand. (...) Il faut que soient réunies certaines conditions et la première d’entre elles est la disponibilité à son surgissement. Ensuite, une rencontre s’accompagne d’une certaine réciprocité ; c’est cette qualité de la relation, ouvrant sur des rapports singuliers et troublants, qui débouche sur une alchimie.
(...)
 Des faits, ajoute-t-il, qui « fussent-ils de l’ordre de la constatation pure, présentent chaque fois toutes les apparences d’un signal, sans qu’on puisse dire au juste de quel signal ». Pour André Breton, le monde est une « forêt d’indices ».
(...) Il en ressort l’idée qu’il est possible d’entretenir un autre type de rapport, mystérieux, avec le monde. Une autre manière de concevoir la vie et de la vivre.
 (...) La meilleure explication de l’attitude de Breton se trouve dans L’amour fou : « Aujourd’hui encore je n’attends rien que de ma seule disponibilité, que de cette soif d’errer à la rencontre de tout, dont je m’assure qu’elle me maintient en communication mystérieuse avec les autres êtres disponibles, comme si nous étions appelés à nous réunir soudain. (...) »
(...) Dans Nadja, il fait part d’un autre souhait de rencontre peut-être moins incongru qu’il n’y paraît : « J’ai toujours incroyablement souhaité de rencontrer la nuit, dans un bois, une femme belle et nue, ou plutôt, un tel souhait une fois exprimé ne signifiant plus rien, je regrette incroyablement de ne pas l’avoir rencontrée. Supposer une telle rencontre n’est pas si délirant, somme toute : il se pourrait. Il me semble que tout se fût arrêté net, ah ! je n’en serais pas à écrire ce que j’écris. »
(...) Ces souhaits de rencontres sont liés au désir de faire éclater le quotidien, de faire basculer l’état des choses. Dans L’amour fou le souhait est celui d’une errance, en compagnie d’une femme (...).
(...) Le 4 octobre 1926, en fin d’après-midi (...) Breton poursuit sa route en direction de l’Opéra, traverse un carrefour lorsque « Tout à coup », cela se produit. Subitement, une jeune femme blonde lui apparaît. Elle est là parmi les autres inconnues. C’est elle qu’il remarque, elle vient en sens inverse, elle le voit aussi. Elle fait irruption dans sa vie. Sans hésitation il lui adresse la parole, elle sourit. Ainsi commence l’une des rencontres les plus troublantes vécue par André Breton.
(...) La promenade, la flânerie, nous l’avons dit, joue un rôle important dans la vie de Breton. (...) La rencontre est liée au mouvement et à une forme d’errance.
(...) une disponibilité de l’esprit à l’imprévu.
(...) « Il se peut que la vie demande à être déchiffrée comme un cryptogramme ».
 (...) Cette émotion spéciale qui relève du trouble ne peut surgir que (...) dans un état de « parfaite réceptivité ».(...) La beauté est liée à la rencontre.
(...) Selon lui, la rencontre d’un être particulier exige un concours de circonstances qui fait que l’on ne peut parler de hasard, du moins dans la définition qui lui est donnée habituellement. On sait qu’à ce sujet, réutilisant le terme de Hegel, il parle de « hasard objectif » qu’il présente comme « cette sorte de hasard à travers quoi se manifeste encore très mystérieusement pour l’homme une nécessité qui lui échappe bien qu’il l’éprouve vitalement comme nécessité ». « Il arrive, écrit-il encore, que la nécessité naturelle tombe d’accord avec la nécessité humaine d’une manière assez extraordinaire et agitante pour que les deux déterminations s’avèrent indiscernables ». Pour Breton, l’insolite des rencontres obéit à un « déterminisme » complexe qui renvoie à la fois à l’inconscient, à la force du désir, à une nécessité intérieure d’ordre subjective et à une nécessité « naturelle », extérieure, d’ordre objectif.

(...)
Précisément ce désir, à la recherche de son objet,  (...) est au cœur de la trouvaille. Cette trouvaille dans laquelle « il nous est donné de reconnaître le merveilleux précipité du désir », qui a « le pouvoir d’agrandir l’univers ».
(...) La trouvaille selon Breton joue un rôle de catalyseur. La découverte d’un objet inattendu remplit la même fonction que le rêve : « elle libère l’individu de certains scrupules affectifs paralysants, le réconforte et lui fait comprendre que l’obstacle qu’il pouvait croire insurmontable est franchi ».
(...) C’est après avoir acquis la cuillère-soulier et l’avoir posée sur un meuble qu’il fit la relation. (...) Le cendrier en forme de chausson qu’il avait désiré posséder et contempler par le passé, avait pris un autre aspect mais était une réponse à son désir. Poussant plus loin la réflexion, Breton pense que cet objet qui renvoie à l’objet perdu du conte, par extension, est lié à la femme inconnue qu’il aspire à rencontrer et à aimer.
(...)
Cette aspiration passionnée à rencontrer et aimer une femme inconnue trouve sa concrétisation le 29 mai 1934, dans une salle de café où se trouve le poète et dans laquelle entre une jeune femme blonde, « scandaleusement belle ». Il l’avait vue entrer dans ce lieu deux ou trois fois les jours précédents. André Breton déclare avoir eu, dès les premiers instants, l’intuition que le destin de cette femme, un jour, pourrait être lié au sien. A sa table, elle écrit, comme elle le fit la veille. Breton se plaît à penser que c’est à lui qu’elle écrit et se surprend à attendre la lettre. « Naturellement, rien ». Il sort et l’attend sans se montrer. Elle sort à son tour. Il la suit. Elle avance dans les rues de Montmartre selon un itinéraire capricieux. Il la suit toujours. Elle s’arrête à une station, elle lui fait face et lui sourit. Elle lui dit qu’elle lui avait écrit (la lettre rédigée au café lui était donc bien destinée…) et s’étonne qu’elle ne lui ait point été remise. Elle prend congé et lui donne rendez-vous le soir même à minuit. Trouble. Tumulte dans l’esprit du poète.
(...)
« Il faut être allé au fond de la douleur humaine, en avoir découvert les étranges capacités, pour pouvoir saluer du même don sans limites de soi-même ce qui vaut la peine de vivre ». Cette rencontre prend la forme d’une renaissance.
(...)
Outre les trouvailles, la rencontre de la femme inconnue ou de lieux inspirants, André Breton a aussi montré l’importance qu’eut pour lui la rencontre de certaines cultures.
(...) Ce que l’on peut retenir pour résumer cet état d’esprit, cette exceptionnelle disposition et disponibilité, c’est que pour ce capteur de tous les éclats du monde, la rencontre fut à la fois une raison de vivre et un art de vivre.

(D.B.)

cf. des pieds poétHique dans le (calme) plat poétHique
cf. contre l'amorosité passive

2013-09-23

àh mes petits lapins

De mon point de vue, à ce niveau, la question du temps (pour se voir) est un point de vue... donc relatif à la motivation de fond, physio-logique. Mais passons (...). La vie ensemble est un ensemble de bulles.
(O.K.)

— Tu as 25 ans ?
— À quoi tu penses ?
— J'essaie d'imaginer dans quelle bulle temporelle tu te trouves, à côté de la mienne...
(O.K.)

[Oui, enfin, décembre] (...) si on existe encore, assez sain et sauf.
Ou, pour te répondre directement, oui, on peut toujours repousser, repousser et renouveler, sauf que le rapport au temps (c'est-à-dire à l'existence) n'est pas le même à 37 ans et à 27. Je suis confronté à ça de plus en plus, en ces temps d'aujourd'hui. Mais enfin, je crois comprendre aussi qu'à mon niveau c'est même pas tellement une question d'âge, en réalité. [Mais de réalité, oui, c'est-à-dire d'intelligence.]
(O.K.)

Vos vies sont occupées. Comme peut l'être un pays, a pu l'être la France. En plus de la surveillance généralisée, de la désinformation, de l'intimidation, du harcèlement, de la persécution, de la ségrégation... le rationnement de tout et le couvre-feu. Dépaysez-vous. (Non ?)
(O.K.)

cf. que dédale
cf. pour l'art RENCONTRE - des mo(r)ts croisés

2013-09-20

pour l'art RENCONTRE - du pur cachemire

Le cachemire est une fibre animale* (...) [naturelle] fine (...) et très douce, qui est obtenue à partir de la laine de la chèvre cachemire, à la fin de l'hiver.
(w.)

— Impeccable. On dirait qu'elle a été faite sur vous.
— Ça ne gratte pas un peu, ça ?
— Ah non, non, c'est du pur cachemire ! C'est doux, c'est léger, et ça ne se repasse pas.
(E.R.)




* La sympathie est une passion animale. (G.D.)

conseulation pour pionniers

 Je crois que si dès maintenant vous commenciez à vous sentir le chef de cet atelier dont nous chercherons à faire un abri pour plusieurs, peu à peu, à fur et à mesure que notre travail acharné nous fournisse les moyens de completer la chôse – je crois qu’alors vous vous sentirez relativement consolé des malheurs presents de gêne et de maladie en considérant que probablement nous donnons nos vies pour une génération de peintres qui durera encore longtemps.
(Van Gogh, à Gauguin, 3 octobre 1888)

cf. martyr / groùpé
cf. au fond, gauguin, c'est moi  
cf. sur le champ...

cf. CHAPITRE : pionnier

2013-09-17

d'otto derrida

    Une déconstruction de la notion de sujet et d'auteur. Cette déconstruction a été entamée par Nietzsche et Freud mais Otto Derrida remarque que ce qui s'écrit sous le nom de la philosophie ne semble pas avoir pris la mesure de la révolution [nietzschéenne-]freudienne. C'est cette révolution dans la conception du sujet, de l'auteur et des modalités du sens que Derrida va mettre en oeuvre dans ses écrits.
    La dimension subversive de la psychanalyse [après Nietzsche] réside dans la déconstruction de la notion de sujet. « Le moi n'est pas maître en sa propre maison », il se trouve sous la loi d'un autre qui est l'inconscient. Et les processus primaires qui constituent l'inconscient sont sans sujet. Or, c'est cette dimension d'une écriture sans sujet assignable qui n'a pas été prise au sérieux par la philosophie, dont Otto Derrida cherchera à témoigner par son travail. Pour lui, la déconstruction n'est donc pas la philosophie d'un sujet souverain qui communiquerait à ses semblables un savoir objectif dont il serait pleinement conscient, mais, au contraire, une expérience c'est-à-dire une traversée sans guide ni boussole de ce qui advient. Otto Derrida oppose au thème kantien de l'autonomie du sujet, qui se donne à lui-même sa propre loi, la notion d'hétéronomie du sujet qui reçoit sa loi de l'autre ; qu'il s'agisse de l'autre en moi, à savoir l'inconscient, ou d'autrui, celui auquel je m'oppose et m'identifie.
    Le sujet reçoit donc sa loi d'une instance dont il ne peut rendre raison, l'inconscient*. (...)
    Cela signifie qu'il ne saurait y avoir de projet philosophique pleinement conscient et pleinement maîtrisé par un sujet nommé Otto Derrida. Ce nom propre ne recouvre pas l'identité à soi d'un sujet. Il faudrait plutôt y chercher un désir inconscient qui « cherche à s'approprier ce qui vient toujours, toujours d'une provocation extérieure ». À l'origine de l'oeuvre et du programme désigné comme « déconstruction », il y a quelque chose comme une compulsion qui déborde le sujet et le pousse à s'inventer dans toutes sortes de fictions qui naissent d'une confrontation et d'une identification à l'autre. Il n'y a donc pas de philosophie d'Otto Derrida. Pourtant, quelque chose insiste sous cette dénomination.
(S.C.)[O.K.]


* Mais pour (...) Derrida une telle notion reste provisoire et, comme toute théorie, relève en partie de la fiction.


cf. de l'otteur

2013-09-07

appel au détournement pour plutar(que)

Rendus à nous-mêmes après avoir entendu quelqu'un discourir, reprenons quelques-unes des parties qui ne nous auront pas paru convenablement ou suffisamment traitées. Travaillons sur cet objet même, et mettons-nous résolument à compléter tels endroits, à rectifier tels autres, à donner à une pensée un tour nouveau, à recomposer par le menu, sur la base d'expressions différentes, un discours en son entier. C'est ce que fit Platon pour le plaidoyer de Lysias. Car il n'est pas difficile (...) de critiquer un discours prononcé ; rien n'est plus aisé, mais y substituer une composition meilleure, c'est là une besogne des plus laborieuses.
(P[lutarque !])

cf. (otto) parler parlers autres
cf. au fond, isidore ducasse, c'est moi
cf. sur... de mes postréalisations
...
cf. CHAPITRE : compos(t)er

2013-09-02

travaïe

- à alexis -
 
Étymologie du mot travail : tripalium (latin populaire). Ce mot latin populaire tripalium désignait un instrument d’immobilisation (et éventuellement de torture) à trois pieux. On appelle encore travail un appareil servant à immobiliser les chevaux rétifs pour les ferrer ou les soigner. Le mot travail désignait autrefois l’état d’une personne qui souffre (ce sens est toujours utilisé en obstétrique). Il a été étendu ensuite aux occupations nécessitant des efforts pénibles, celles des « hommes de peine », puis à toutes les activités de production.
(APFA)

L'animal naturellement ne travaille pas. Tout animal, oiseau ou poisson, possède son domaine propre, un lopin d'air, un arpent de sol, où il chasse et pêche de plein droit. Pendant des millions d'années, l'homme n'a pas plus travaillé que le condor, la gazelle ou le rhinocéros. (...)
Le mot travail n'existe pas en grec. Il n'y a que le mot agir, faire : faire l'amour, faire la sieste.
Travailler est chose d'esclave. Platon ne travaille pas.
(...)
La civilisation du travail voilà l'ennemi !
« Travaillons à bien penser », dit Pascal. C'est tout le travail que je vous souhaite.
(J.D.)

Il ne manque cependant à l'oisiveté du sage qu'un meilleur nom, et que méditer, parler, lire et être tranquille s'appelât travailler.
(J.d.L.B.)

cf. pour une dénaturalisation du travail
cf. chapitre TRAVALIÉNANT