N'en jetons presque plus ! Trions, reprenons, détournons.
L'essentiel est presque bien dit et redit, en long, en large...
Reprenons serré, de travers, à travers.
Par les moyens d'avenir du présent. Pour le présent de l'avenir.
(OTTO)KARL

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2010-11-17

fragmentisme

C. — Je crois que la philosophie n'est plus possible qu'en tant que fragment. Sous forme d'explosion. Il n'est plus possible, désormais, de se mettre à élaborer un chapitre après l'autre, sous forme de traité. En ce sens, Nietzsche a été éminemment libérateur. C'est lui qui a saboté le style de la philosophie académique, qui a attenté à l'idée de système. Il a été libérateur, parce qu'après lui, on peut tout dire… Maintenant, nous sommes tous fragmentistes, même lorsque nous écrivons des livres en apparence coordonnés. Ce qui va aussi avec notre style de civilisation.
F.S. — Cela s'accorde également avec notre probité. Nietzsche disait que dans l'ambition systématique, il y a un manque de probité…
C. — À propos de la probité, je vais vous dire quelque chose. Quand quelqu'un entreprend un essai de quarante pages sur quoi que ce soit, il part de certaines affirmations préalables et il en reste prisonnier. Une certaine idée de la probité l'oblige à aller jusqu'au bout en les respectant, à ne pas se contredire ; cependant, tandis qu'il progresse, le texte lui présente d'autres tentations, qu'il lui faut rejeter, parce qu'elle s'écarte de la voie tracée. On est enfermé dans un cercle que l'on a soi-même tracé. C'est ainsi qu'en se voulant probe, on tombe dans la fausseté, et dans le manque de véracité. Si cela se produit dans un essai de quarante pages, que ne se passera-t-il pas dans un système ! Là est le drame de toute réflexion structurée : ne pas permettre la contradiction. C'est ainsi que l'on tombe dans le faux, que l'on se ment pour sauvegarder la cohérence. En revanche, si l'on produit des fragments, on peut, en une même journée, dire une chose et son contraire. Pourquoi ? Parce que chaque fragment est issu d'une expérience différente, et que ces expériences, elles, sont vraies : elles sont l'essentiel. On dira que c'est irresponsable, mais si tel est le cas, ce le sera au sens même où la vie est irresponsable. Une pensée fragmentaire reflète tous les aspects de votre expérience ; une pensée systématique n'en reflète qu'un seul aspect, l'aspect contrôlé, et par là même, appauvri. En Nietzsche, en Dostoïevski, s'expriment tous les types d'humanité possible, toutes les expériences. Dans le système, seul parle le contrôleur, le chef. Le système est toujours la voix du chef : c'est pour cela que tout système est totalitaire, alors que la pensée fragmentaire demeure libre.
(C.)

On a le don d’étouffer toute vie en cherchant et en posant un premier principe abstrait. (…) En fait, le premier principe est toujours un masque, une simple image, ça n’existe pas, les choses ne commencent à bouger et à s’animer qu’au niveau du deuxième, troisième, quatrième principe, et ce ne sont même plus des principes. Les choses ne commencent à vivre qu’au milieu.
(G.D.)

2010-11-16

le monde aura passé notre tour

Il faudrait y vivre tout seul, et en hiver. Comme moi, quoi. Mais enfin tout ça est généralisé. Cet isolement de chacun, de presque chacun. Ça se retrouve même sur internet. Ça devrait changer un jour, mais en attendant ça aura été notre époque, notre jeunesse sacrifiée, notre « guerre ». Sida (M.S.etc.), préservatif, chômage, glaciation sociale... et j'en passe !... Bref, pour nous, ça aura été ce refrain de brigitte fontaine : « Il fait froid dans le moooonde ! » Qui continue par :  « Ça commence à se savoir. »
Mais le temps de s'en rendre compte, en prendre acte, que ça réagisse, et s'organise... on aura passé, pour ce qui est de notre compte(ur). Passé notre tour. Le monde aura tourné... « tourné sans nous... sans nous attendre. »

2010-11-15

le crépuscule n'est pas la nuit

Du crépuscule c'est pas l'horaire mais la lumière! qui me déchante. Cet orangé dégueulasse, rouquin, cette agonie du jaune. Jaune étant ma couleur préférée, comme le soleil. (Comprendre aussi à cet égard mon immémorial penchant pour les filles blondes, solaires, et le contraire pour les rouquines, crépusculaires – que je distingue des simples rousses. Peut-être.) En tout cas voilà. Et le crépuscule n'est pas la nuit, donc. Question lumière : rien à voir. La nuit est mon autre couleur préférée, le noir. À la nuit mon rythme s'apaise, ralentit, s'approfondit, je m'appartiens mieux. La journée me rend troublé, limite affolé, comme un insecte par la lumière électrique ; tandis qu'avec la nuit s'installe ma vitesse de croisière, le calme pour faire ; légèrement hors du monde, du mondain, et plus ou mieux au coeur du mien.
(O.K.)

La nuit, tu percevais moins l’écoulement du temps. Les devoirs urbains étaient repoussés au lendemain. Aucun acte social ne pouvait être entrepris, rien ne te distrayait plus de toi-même. Tu devenais contemplatif sans culpabilité, et sans autre limite que ta fatigue.
(E.L. – merci à S.)

Le jour m’éblouit.
Le soir m’apaise.
La nuit m’enveloppe.
(E.L. – merci à S.)

2010-11-13

à la réaction

« La folie actuelle », oui, ou les prémices de l'avenir, ma chère. Balbutiantes ou maladroites. Mais l'humanité déroule son destin, dont on n'est guère que grains. Et pas plus que d'où elle vient on ne sait vraiment où elle va, quel est-il, ce destin. (J'entends « destin » au sens cosmo-logique plus que programmatique.) S'en faire une idée et juger tout en fonction, c'est ce qu'on appelle la morale : à défaut de connaître l'origine de cette humanité on délire volontiers sur sa fin, sinon son sens – qu'on prend alors pour une direction, à tenir. Voilà le lieu, l'enjeu de la morale. Et c'est n'y pas comprendre grand chose, en fait... à la grande chose – que j'appelle la cosmo-logique. Précisément, même, moins on comprend, plus on moralise, disait deleuze, qui comprenait manifestement beaucoup de choses. Bref, le monde et l'Homme tels qu'on les connaît ou croit les connaître ne sont que passage et métamorphose, avec tout le reste. Donc, au moins, l'Homme actuel n'a « rien de définitif », il n'est qu'un pont. Un pont entre les ponts. Tout est devenir. Le reste n'est que Morale.
(O.K.)

2010-11-12

[u] en étais-je ?

Oui, les génies, ça ne manque pas. À notre niveau il n'y a plus qu'à recopier ! Et recycler, par montages. C'est ce que font déjà certains présents génies... du futur. Eh oui, les génies sont d'abord de simples vivants, parmi les autres, avec des amis, des manies, des simplicités, avant de devenir reconnus par les siècles. Voilà aussi pourquoi ils passent d'abord inaperçus, souvent. Les vrais. Non pas les faux à la mode : c'est plus rares. Inaperçus même auprès de leurs proches. Et surtout ? Puisqu'on en est à nietzsche, prenons seulement nietzsche. Etudie son cercle d'amis. Moi je le connais. Catastrophe. Solitude immense, et, je pourrais dire : absolue. Certes ontologique, déjà, comme tout le monde. ; seulement, aggravée, accentuée, radicalisée par le génie. Sur « la cime », quoi. Glacée. Vertigineuse. Et je pourrais aligner les noms : flaubert, etc. Mais presque tous. Et je dirais même : tous, par définition. Même eux-mêmes ne sont pas en mesure de mesurer à quel point ! Naturellement. (Sinon ils deviendraient (tous) fous sur place. Je peux te le dire. Je crois pouvoir te le dire. On ne mesure pas, ou pas tellement, et mieux vaut ne pas mesurer, tellement.) Mais... j'en étais où ? Qu'est-ce que je voulais dire ?...
(O.K.)

cf. conpréhensiom
cf. l'ascésure
cf. ottocrédit
cf. k.abbale
cf. les certitudes, ça, (g)rands fous
cf. au fond, proust, c'est moi (1)
etc.

amphibie

Mon amphivie. (o.k.)

cf. écart tellement...

2010-11-11

1910-2010

Paraît-il que ma voisine d'en face serait morte.
Elle devait avoir 100 ans bientôt. Ce mois-ci, même, je crois.
Et il se pourrait bien que ce soit le coup de bouderie de sa soeur, l'autre jour, qui lui ait foutu un coup. C'est mon analyse. Elle était déconfite, ce jour-là, qui à duré toute une journée, si je puis dire. Car c'est après elle que sa soeur en avait, dans sa fugue. Maintenant, cette dernière se retrouve seule, comme une..., seule, dans l'appartement qu'elles partageaient, et comme elle est à moitié aveugle, elle va peut-être atterrir en maison de retraite, je sais pas. Sa soeur était incroyablement en forme pour son âge. C'était vraiment incroyable. (Adèle pourrait en témoigner.) Elle faisait encore ses courses, et son ménage, épaulait sa soeur pour marcher, et discutait même avec moi de fenêtre à fenêtre !... Je me disais encore hier, hier encore, que j'étais en contact, là, en présence, à quelques mètres en face, en con-temporanéité avec quelqu'un qui nous venait quand même du début de XXème siècle ! 1910 ! Une sorte de monstre du passé, persistant jusque devant moi. M'englobant dans l'histoire – je sais pas si je dois l'écrire avec un H majuscule, je pourrais. C'est une émotion que tout le monde ne partage pas, je suppose. Comme cette petite solitude de Barthes, dans La chambre claire. Moi ça me fascine. Je fais partie de ceux-là, profondément.

« Un jour, il y a bien longtemps, je tombai sur une photographie du dernier frère de Napoléon, Jérôme (1852). Je me dis alors, avec un étonnement que depuis je n'ai jamais pu réduire « je vois les yeux qui ont vu l'Empereur. » Je parlais parfois de cet étonnement, mais comme personne ne semblait le partager, ni même le comprendre (la vie est ainsi faite à coups de petites solitudes), je l'oubliai. Mon intérêt pour la Photographie prit un tour plus culturel. » (Barthes, La chambre claire.)
 (o.K.)

pré-tention

Ma sorte de « prétention » n'est, au fond, qu'une forme d'impatience. Intenable.
(O.K.)

cf. vague al'arme

KE6PZH

Connu mondialement par les radioamateurs sous les indicatifs KE6PZH et FO5GJ, [Marlon] Brando est inscrit dans la base de données du FCC sous le nom de Martin Brandeaux. À l'occasion, on pouvait l'entendre avec son indicatif FO5GJ émettant depuis son île privée en Polynésie française. En 1994, au cours d'une entrevue sur CNN avec Larry King, Marlon Brando avait confirmé qu'il s'intéressait toujours au radio amateurisme. En réponse à une question d'un téléspectateur, il avait révélé que le radio amateurisme lui permettait d'avoir l'opportunité « d'être simplement lui-même ».
(w.)

2010-11-10

le second souffle

J'avais le secret du plaisir à vivre – c'était par les petites choses, les moindres choses, celles où l'on n'ose pas voir l'immensité, – les oeuvres du temps dont l'éternité est jalouse. (La jalousie n'a rien à voir là-dedans; l'éternité ne s'occupe de rien, les petites choses le savent, pas nous.)
(H.T.)

Le temps diminue chez nous l'intensité des plaisirs absolus, comme parlent les métaphysiciens ; mais il paraît qu'il accroît les plaisirs relatifs : et je soupçonne que c'est l'artifice par lequel la nature a su lier les hommes à la vie (...)
(C.)

cf. tant la vie

2010-11-09

corpsolution

O.K. — Écoute, je t'ai toujours dit : on connaît la solution. Elle est souvent devant nous, en nous. Et on la connaît, mais on lui donne pas voix, ni voie. On veut pas la reconnaître, l'assumer. Pour plusieurs raisons. Par lâcheté, en gros. On pressent de fâcheuses conséquences. Alors on essaie de prendre sur soi, de faire avec, ou sans, en même temps des maladies ou des troubles s'installent, mais qu'on finit par prendre pour notre économie naturelle, et croire qu'on a pas de chance, mais bon, qu'en attendant plus grave, un jour, c'est un moindre mal. Et on occulte la cause de tout ça. Refoulée. Mais qu'on connaît !... En se creusant... Avec un brin de courage. Question de gestion, de vie.
Et là où je voulais en venir, c'est que tu dis toi-même, tu n'arrêtes pas de dire que cette activité (...) te détruit, te dégoûte de toi-même, etc. Et c'est pas assez, ça ? Comme déclaration. Ça ne dit pas tout ? Tout le problème ? Le fond du problème.
Donc, ton médicament je te le donne, si vraiment tu veux guérir : emploie-toi à mieux gérer concrètement cette activité-là, c'est-à-dire généralement ton temps, tes désirs. Mais vraiment. Ou alors arrêter. Et ce qui t'en empêche c'est des raisons extérieures (attentes, conventions, etc.) que tu admets comme des nécessités, des obligations, mais tu sais bien que si tu n'écoutais « que » toi, au fond... Et le voilà le problème : tu ne suis pas, ne respectes pas ton sentiment le plus intime, le plus juste, ta propre intelligence... à toi-même. Certes c'est un apprentissage. Mais alors il faut s'y atteler ! Et prendre ça très au sérieux, la gestion de tout ça. Le voilà, l'apprentissage, le vrai ! Le premier. Le seul qui compte. (...) Autrement, tu pourras toujours continuer de te plaindre, de solliciter les médecins et tout leur bricolage. Ils te le disent eux-mêmes, d'ailleurs ! Et encore, ils imaginent mal. Eux croient encore beaucoup au bricolage. C'est leur métier – voire leur beurre. Mais réfléchis un coup... Profondément. Et tu sais déjà tout. Tout ce qu'il faut. Seulement tu te brides. Alors ton corps te le fait payer. Tout... simplement. Il envoie ses signaux. Ces signaux que tu me décris là, donc. Et impressionnants, non ? Donc, à toi de voir. N'oublie pas que tu es ton corps. Et s'il se plaint c'est donc toi qui te plains, à toi-même. À toi de t'entendre. (Et tu te dis quoi ? À ton avis ?)


A. — Mais la philo toute seule m'enlève pas cette putain de [maladie] !! désolée mais là j'ai vraiment envie de me faire traiter. (...) je suis bien d'accord de travailler sa tête mais une fois que c'est arrivé il y a pas grand-chose à faire. c'est comme si je disais que j'ai froid et tu me dis « Imagine que tu as très chaud ». Vraiment...

O.K. — Pour le Nième fois : la philosophie c'est pas la tête ! C'est le corps, direct. La philosophie est une pratique, la pratique de vie, et dont dépend directement la santé. C'est un traitement de soi. Aux résultats souvent moins immédiats que ceux de la médecine, mais plus authentiques, plus sains, profonds et durables. Maintenant, oui, pour dépannage... urgence... Mais pour la suite ?...


cf. CHAPITRE : physio-logique
cf. CHAPITRE : défausophie

2010-11-06

... les moyens de ses intuitions

Vous savez, moi je crois que les livres, ça sert à tout sauf précisément à leur emprunter des idées. Je sais pas à quoi ça sert ! Mais ça sert à quelque chose, ça, sûrement. On peut emprunter à un livre tout ce qu’on veut (...), mais on peut pas lui emprunter la moindre idée ! Ça va pas, ça... Le rapport d’un livre avec l’idée c’est quelque chose de tout à fait différent.
Alors dans le cas de Spinoza, on peut toujours trouver une tradition dans la philosophie du livre : ah oui, bon, elle se continue et passe par Spinoza, tout ça... Mais, en un sens, il emprunte rien... rien, rien, rien... (...) un philosophe il a une intuition, et qu['il] cesse pas d’essayer de l’exprimer, quoi...
(G.D.) 

 
(...) à mon sens, ce qui se transmet, ce ne sont pas des « idées », mais des « langages », c’est-à-dire des formes que l’on peut remplir différemment ; c’est pourquoi la notion de circulation me paraît plus juste que celle d’influence ; les livres sont plutôt des « monnaies » que des « forces ».
(R.B.)

Je n'ai subi qu'une fois l'influence de quelqu'un : avant de tourner Citizen Kane, j'ai vu quarante fois La Chevauchée Fantastique. Je n'avais pas besoin de prendre exemple sur quelqu'un qui avait quelque chose à dire, mais sur quelqu'un qui me montrerait comment dire ce que j'avais à dire... 
(O.W.) 

... afin d'avoir sous la main quelques formules, signes, moyens d'expression de plus. 
(F.N. — EH 3B§3)


cf. hein ? confluences

à mesure

Quand on a été bien tourmenté, bien fatigué par sa propre sensibilité, on s’aperçoit qu’il faut vivre au jour le jour, oublier beaucoup, enfin, éponger la vie, à mesure qu’elle s’écoule.
(C.)

2010-11-04

ii

.... enclin à ne plus faire que savourer autant qu'on peut, approfondir les quelques choix qu'on opère, qui s'opèrent, qui se sont opérés d'eux-mêmes, accepté qu'il n'y aura guère plus que ça, que c'est avec ça qu'il faut faire, faudra faire, poursuivre ; creuser. Relire. Relier.
Ne plus être tout à fait jeune : approfondir sa jeunesse. Voilà peut-être ce qui serait en train de m'arriver.
(O.K.)

cf. jeune pousse

tandis que j'agonise

S. — Pourquoi tu fais pas une entrée "otto karl" [sur Wikipédia] ?

O.K. — Non, impossible, il faut une existence dans le  « vrai » monde. Ce qui est considéré comme tel aujourd'hui. En attendant qu'ils comprennent, que ça avance. En attendant que « ça » comprenne. (Considération de la publication numérique et, plus loin, même, de l'écriture proprement numérique et audiovisuelle.) D'ici-là je serai loin, et peut-être disparu, ou démissionnaire depuis longtemps. Car au jour d'hui on me semble encore loin, ou trop loin pour mon urgence. Familiale, avant tout. Cela une fois dit, c'est peut-être et sans doute encore les mêmes ou une bonne partie des mêmes qui passeront alors devant. Les Héritiers. Quand le vent aura tourné, tourné de ce qu'il faut, tout juste ; et alors tourné comme le lait, pour ce qui est de ma poire. Ah, les héritiers... la reproduction... Tandis que j'agonise...

2010-11-03

supérioridité

Il voulait susciter le désir, mais sans entrer dans les manoeuvres séductrices. Par profonde timidité, ou par sentiment de supériorité mais c'est souvent lié !
(C.T.)

Ne pas oser ? Être timide ? C'est souvent se prendre au sérieux.
(F.C.)

Simple, être simple / Ça arrive / Même à des gens très biens / Je me dis ça / Tous les matins.
(V.d.L.)

just wanna have fun

Tu connais le journal où je travaille :  ce que nous essayons de créer c'est une humanité factice, frivole, qui ne sera plus jamais accessible au sérieux, ni à l'humour, qui vivra jusqu'à sa mort dans une quête de plus en plus désespérée du fun et du sexe ; une génération de kids définitifs. Nous allons y parvenir, bien sûr ; et, dans ce monde-là, tu n'auras plus ta place.
(M.H.)

2010-11-02

ferme

Décidément, mon dessein était trop vaste et l'énoncé d'un vaste dessein en est toujours une trahison. Nul ne peut dire sans être comique qu'il s'apprête à quelque intervention renversante : il doit renverser, voilà tout.
(G.B.)

2010-11-01

re-tenue

Question
Pourquoi ne donnez-vous plus rien au public ?

Réponses

C’est que le public me paraît avoir le comble du mauvais goût et la rage du dénigrement.
(...) une disgrâce me ferait peut-être beaucoup de peine.
C’est que je ne dois pas troubler mon repos, parce que la compagnie prétend qu’il faut divertir la compagnie.
C’est que je travaille pour les Variétés Amusantes, (...) et que je
mène de front, avec cela, un ouvrage philosophique, qui doit être imprimé à l’Imprimerie Royale.
C’est que le public en use avec les Gens de Lettres comme les racoleurs du Pont Saint-Michel avec ceux qu’ils enrôlent : enivrés le premier jour, dix écus, et des coups de bâton le reste de leur vie. (...)
Exemple de M. Thomas, insulté pendant toute sa vie et loué après sa mort. (...)
C’est que j’ai peur de mourir sans avoir vécu. (...)
C’est que j’ai à travailler et que les succès perdent du temps. (...)
C’est que si j’avais donné à mesure, les bagatelles dont je pouvais disposer, il n’y aurait plus pour moi de repos sur la terre.
C’est que j’aime mieux l’estime des honnêtes gens, et mon bonheur particulier que quelques éloges, quelques écus, avec beaucoup d’injures et de calomnies. (...)
C’est que jamais, comme dit Bacon, on n’a vu marcher ensemble la gloire et le repos.
Parce que le public ne s’intéresse qu’aux succès qu’il n’estime pas.
Parce que je resterais à moitié chemin de la gloire de Jeannot.
Parce que j’en suis à ne plus vouloir plaire qu’à qui me ressemble. (...)
C’est que j’ai connu presque tous les hommes célèbres de notre temps, et que je les ai vus malheureux par cette belle passion de célébrité, et mourir, après avoir dégradé par elle leur caractère moral.
(C.)

cf. quelques trompettes sur la renommée