N'en jetons presque plus ! Trions, reprenons, détournons.
L'essentiel est presque bien dit et redit, en long, en large...
Reprenons serré, de travers, à travers.
Par les moyens d'avenir du présent. Pour le présent de l'avenir.
(OTTO)KARL

> page d'accueil

2009-12-30

bélier versus poison

Chez moi, le seul fait de me conduire de façon complice avec quelqu'un ou quelqu'une dit tout, en termes de validation élective, j'ai le sentiment de tout y faire passer, ou l'essentiel, et qu'il n'y ait rien besoin d'ajouter, en compliments, qui ne soit inférieurement redondant, comme hypocoristique, obscène plus ou moins.
En revanche (de la même logique), quitte à heurter bien souvent, lorsqu'un élément d'apparence contingente me déplaît solidement chez un ou une complice, mon idiosyncrasie me pousse à m'en ouvrir à lui ou elle, afin, me semble-t-il, d'empêcher au maximum que cette contrariété ne passe alors dans mon comportement, ne s'y insinue, n'y « descende », si on veut, et s'y exprime par sa manière à lui, physique, sournoise, combien plus chère payée, empoisonnante pour la relation, nos existences ; jusqu'à fomenter une apocalypse* relationnelle, type Le Verdict (de Kafka).
(o.K.)

* au sens courant autant qu'étymologique, bien entendu.

> ce que j'en panse, donc je te suis

cf. saine de ménage
cf. au fond, la rochefoucauld, c'est moi
cf. carrément, sur fond blanc
cf. pouvoir sur soi
cf. l'art de rencontrer d'aimer

2009-12-27

au fond, rembrandt, c'est moi

Il y a des peintres de l'ombre et des peintres de la lumière. Rembrandt est un grand peintre de la lumière, (...) « la lumière qui désagrège ».
(G.D.)



Rembrandt Harmenszoon van Rijn, habituellement désigné sous son seul prénom de Rembrandt (...) a réalisé près de 400 peintures, 300 eaux-fortes et 300 dessins. La centaine d'autoportraits qu'il a réalisé tout au long de sa carrière nous permet de suivre son parcours personnel, tant physique qu'émotionnel. Le peintre représente sans aucune complaisance, ses imperfections et ses rides.
(...) Les scènes qu'il peint sont intenses et vivantes. Ce n'est pas un peintre de la beauté ou de la richesse (...) [il] représente aussi des scènes de la vie quotidienne (...) Sa famille proche (...) apparaissent régulièrement dans ses peintures. (...)
En gros, ses premières signatures (ca. 1625) se composaient d'un premier "R", ou le monogramme "RH" (pour Rembrant Harmenszoon, c'est-à-dire «fils de Harmen"), et à partir de 1629, "RHL" ( "L "était, vraisemblablement, de Leiden). En 1632, il a utilisé ce monogramme au début de l'année, puis a ajouté à son patronyme, "RHL-van Rijn", mais a remplacé cette forme dans la même année et a commencé à utiliser son prénom seul avec son orthographe d'origine, "Rembrant". En 1633, il a ajouté un "d", et a toujours maintenu cette forme à partir de là, ce qui prouve que cette petite modification avait un sens pour lui. Ce changement est purement visuel, il ne change pas la façon dont son nom est prononcé. Curieusement, malgré le grand nombre de peintures et de gravures signées avec ce changement de prénom, la plupart de ses documents qui sont mentionnés au cours de sa vie ont conservé l'orthographe originelle "Rembrant". (...) Sa pratique de signer son travail de son prénom, suivie plus tard par Vincent van Gogh, [aurait pu être] inspirée par Raphaël, Léonard de Vinci et Michel-Ange, qui, hier comme aujourd'hui, ont été appelés par leur prénom seul.
(w.)

2009-12-22

la contrebande de la philosofficielle ®

L'histoire de la philosophie a toujours été l'agent de pouvoir dans la philosophie, et même dans la pensée. Elle a joué le rôle de répresseur : comment voulez-vous penser sans avoir lu platon, descartes, kant et heidegger, et le livre de tel ou tel sur eux ? Une formidable école d'intimidation qui fabrique des spécialistes de la pensée, mais qui fait aussi que ceux qui restent en dehors se conforment d'autant mieux à cette spécialité dont ils se moquent. Une image de la pensée, nommée philosophie, s'est constituée historiquement, qui empêche parfaitement les gens de penser. (...)

J'ai donc commencé par l'histoire de la philosophie, quand elle s'imposait encore. Je ne voyais pas de moyen de m'en tirer, pour mon compte. (...) Alors j'aimais les auteurs qui avaient l'air de faire partie de l'histoire de la philosophie, mais qui s'en échappaient d'un côté ou de toutes parts : lucrèce, spinoza, hume, nietzsche, bergson. (...) Tous ces penseurs sont de constitution fragile, et pourtant traversés d'une vie insurmontable. Ils ne procèdent que par puissance positive, et d'affirmation. Ils ont une sorte de culte de la vie (...)

Et j'ai écrit des livres davantage pour mon compte. Je crois que ce qui me souciait de toute façon, c'était de décrire cet exercice de la pensée, soit chez un auteur, soit pour lui-même, en tant qu'il s'oppose à l'image traditionnelle que la philosophie a projetée, a dressée dans la pensée pour la soumettre et l'empêcher de fonctionner.
(G.D.)


cf. anti(quitter la) philosophie moderne
cf. les philosoph(i)es clandesti-né(e)s
cf. autophilosophe

2009-12-21

le goût dur

Il est important de savoir distinguer entre ce qu’on souffre par nécessité et ce qu’il nous fait plaisir d’endurer. Faute d’accomplir la séparation, on manque, par complaisance dans la plainte sur des motifs de souffrir qui, au fond, nous sont chers, le plaisir de souffrir. Mais l’on manque aussi, en voulant se dérober à des souffrances inévitables, le lien essentiel qui unit le courage d’affronter la douleur à l’événement de la joie — à la seule possibilité d’un rapport au monde entièrement vivant.
(C.T.)

2009-12-19

anti(quitter la) philosophie moderne

... les textes de la philosophie antique ont toujours un rapport avec l'oralité, avec le style oral. Par exemple, les dialogues de platon étaient destinées à être présentés dans des lectures publiques. (...) toutes les oeuvres littéraires de l'Antiquité avaient un rapport avec l'oralité (...). Il en résulte que les textes philosophiques de l'antiquité étaient destinées toujours à un public restreint : à la différence du livre moderne, qui peut être lu dans le monde entier, à n'importe quel moment et par n'importe qui, dans des milliers d'exemplaires, les textes antiques avaient des destinataires bien précis, soit le groupe des élèves, soit un disciple particulier, à qui on écrivait ; et on écrivait toujours aussi dans des circonstances particulières, précises : soit que l'on mette par écrit les leçons qu'on avait données, soit que l'on écrive à un correspondant qui avait posé une question. Et précisément, ce qui caractérise aussi la grande majorité des écrits philosophiques de l'Antiquité, c'est qu'ils correspondent à un jeu de questions et de réponses, parce que l'enseignement de la philosophie, pendant presque trois siècles, c'est-à-dire depuis socrate jusqu'au premier siècle av. J.-C., s'est presque toujours présenté selon le schéma question-réponse. (...)

[Donc] la pensée qui est exposée dans l'écrit ne se développe pas pour exposer une système total de la réalité. Ce système total de la réalité, il existe probablement dans l'esprit de platon, ou d'aristote, ou d'épicure, ou de chrysippe, mais il est seulement supposé dans la réponse aux questions, ou dans le genre de questions qui est posé. L'écrit lui-même ne consiste pas à exposer d'une manière systématique. S'ajoute à cela que, à cause de cette situation des écrits, qui sont toujours étroitement liés à l'enseignement, les questions ou les réponses sont données en fonction des besoins des auditeurs : le maître, qui écrit, ou dont on écrit les paroles, connaît ses disciples, il sait, par les discussions précédentes, ce qu'ils savent, ce qu'ils ne savent pas ; il connaît aussi leur état moral, les problèmes qui se posent à eux ; ils parlent aussi souvent en fonction de cette situation particulière. On est toujours en présence d'un écrit qui est plus ou moins un écrit de circonstance, et non pas un exposé de portée absolument universelle (...), mais au contraire très particularisée. (...)

Dans l'antiquité, la philosophie est donc essentiellement dialogue, plutôt relation vivante entre des personnes, que rapport abstrait à des idées. Elle vise à former, plutôt qu'à informer... (...)

Les consolations et les correspondances sont des genres littéraires dans lesquels le philosophe exhorte ses disciples ou ses amis dans des circonstances précises, (...) ce sont finalement d'autres formes de dialogue. Ces formes littéraires — dialogue, consolations, correspondance — ont continué à exister au Moyen Âge, à la Renaissance et encore au XVIIe siècle, mais précisément sous forme littéraire, sans que l'enseignement de la philosophie ait lui-même une forme dialogique. (...) Les Lettres de descartes à la princesse elisabeth de palatinat prennent parfois l'allure de lettres de direction spirituelle, dignes de l'Antiquité. Je crois que les traités systématiques, écrits avec l'intention de proposer un système pour lui-même, sont à dater des XVIIe et XVIIIe siècles (descartes, leibniz, wolff). Les genres littéraires antiques disparaissent alors de plus en plus. (...)

Tout d'abord, il y a (...) la perte, partielle d'ailleurs, mais bien réelle, de la conception de la philosophie comme mode de vie, comme choix de vie, aussi comme thérapeutique. On a perdu l'aspect personnelle et communautaire de la philosophie. En outre, la philosophie s'est de plus en plus enfoncée dans cette voie purement formelle, dans la recherche, à tout prix, de la nouveauté pour elle-même : il s'agit pour le philosophe d'être le plus original, sinon en créant un système nouveau, mais tout au moins en produisant un discours qui, pour être original, se veut très compliqué. La construction plus ou moins habile d'un édifice conceptuel va devenir une fin en soi. La philosophie s'est éloignée de plus en plus de la vie concrète des hommes.
Il faut reconnaître d'ailleurs que cette évolution s'explique par des facteurs historiques et institutionnels. Dans la perspective étroite des Universités, comme il s'agit de préparer les élèves à l'étude d'un programme scolaire qui leur permettra d'obtenir un diplôme de fonctionnaire et leur ouvrira une carrière, le rapport personnel et communautaire doit nécessairement disparaître, pour faire place à un enseignement qui s'adresse à tous (...)

J'ai toujours été frappé du fait que les historiens [qui comprenaient ces oeuvres antiques « en fonction de leur propre idéal du genre littéraire philosophique », à savoir « un traité systématique moderne »] disaient : « aristote est incohérent », « saint augustin compose mal ». [Or] les oeuvres philosophiques de l'Antiquité n'étaient pas composées pour exposer un système, mais pour produire un effet de formation : le philosophe voulait faire travailler les esprits de ses lecteurs ou auditeurs, pour qu'ils se mettent dans une certaine disposition. (...)
depuis la Renaissance jusqu'à nos jours, il y a eu des auteurs qui ont essayé de renouveler, dans leurs écrits, des genres littéraires antiques. On peut énumérer par exemple les Essais de montaigne, qui rappellent tout à fait le genre des traités dé plutarque, les Médiations de descartes, qui sont des exercices spirituels prenant en compte le temps qu'il faudra au lecteur pour arriver à changer sa mentalité et à transformer sa manière de voir, les Exercices de Shaftesbury, inspirés par marc aurèle et épictète, les aphorismes de schopenhauer, de nietzsche, ou du Tractatus de wittgenstein.

En un certain sens, on pourrait dire qu'il y a toujours eu deux conceptions opposées de la philosophie, l'une mettant l'accent sur le pôle du discours, l'autre sur le pôle du choix de vie. Dans l'Antiquité déjà sophistes et philosophes s'affrontaient. Les premiers cherchaient à briller par les subtilités de la dialectique ou la magie des mots, les seconds demandaient à leurs disciples un engagement concret dans un certain mode de vie. Cette situation s'est finalement perpétuée, parfois avec la prédominance à certaines époques de l'une ou l'autre tendance. Je crois que les philosophes n'arriveront jamais à se débarrasser de l'autosatisfaction qu'ils éprouvent dans le « plaisir de parler ». Quoi qu'il en soit, pour rester fidèle à l'inspiration profonde — socratique, pourrait-on dire — de la philosophie, il faudrait proposer une nouvelle éthique du discours philosophique, grâce à laquelle il renoncerait à se prendre lui-même comme fin en soi, ou, pis encore, comme moyen de faire étalage de l'éloquence du philosophe, mais deviendrait une moyen de se dépasser soi-même et d'accéder au plan de la raison universelle et de l'ouverture aux autres.
(P.H.)

cf. les espèces de « philosophes », et : le philosophe
cf. qu'est-ce qu'un philosophe
cf. l'éthique philosophique
cf. autophilosophe

2009-12-16

devenir-deleuzien

Un jour, peut-être, le siècle sera deleuzien ... une fulguration s’est produite qui portera le nom de Deleuze : une nouvelle pensée est possible ; la pensée, de nouveau, est possible. Elle n’est pas à venir, promise par le plus lointain des recommencements. Elle est là, dans les textes de Deleuze, bondissante, dansante devant nous, parmi nous...
(M.F.)
... « la boîte à outils » inespérément postmoderne qu'il [deleuze] propose... C'est réjouissant, c'est « prodigieux », comme il dirait lui-même, de bergson et d'autres. (...) Quelques bémols, néanmoins, notamment un côté « gemütlich »** mais subtil, éthique, spinoziste, dirons-nous (et que je reproche d'ailleurs au spinozisme en général) (...) Le truc aussi qui me rétiçait, d'abord... je l'exprimais dans une réponse à [adèle], hier :
« Moi ? j'écoute deleuze, et deleuze.
En plus des travaux qui m'occupent.
Ah, il est fort. Son influence sur les jeunes in-tellos et les artistes branchés est telle que j'aimerais peut-être ne pas lui accorder autant de poids, mais... il faut avouer qu'il le mérite quelque peu, et mieux, en fait. Il place la barre extrêmement haut. À tel point qu'il se rend, c'est vrai, assez incontournable. C'est bien, il a gagné. (Bon, bien sûr, j'ai des critiques, mais pour l'instant je les laisse de côté, pour m'alimenter bouche bée à la source... qui le mérite.)
Et sinon : de la musique brute, sauvage. Et toujours cette « ritournelle » (tiens, un concept de deleuze) de Julian Casablancas, Tourist. Que j'écoute plusieurs fois par jour pour sa seule première minute, parfaite, et pas toujours au delà ; la première minute.
In Rainbows [de radiohead] ? J'ai réécouté récemment, tiens. Coïncidence encore. Ça tient toujours, oui, c'est clair. Là aussi il faut reconnaître que... malgré... eh bien, oui... il faut reconnaître. »
(...)

[Je comprends d'autant mieux ton rapport circonspect sinon réticent à deleuze que] j'ai eu le même. Mais parce qu'il avait pas trouvé ma porte, d'entrée, ma « portée ». J'avais essayé des livres à lui (pourparlers, quand même, m'avait légèrement capté), un livre sur lui, plutôt indigeste ; même l'abécédaire (sur arte), séduisant, n'emportant pas l'affaire. Il y avait trop d'écart entre la parole de l'abécédaire et le style (de pensée) de ses livres. Et puis, propre chemin faisant (...), je me suis récemment senti plus près et donc plus prêt... notamment grâce à ses cours (audio) et vlan! je commande et vlan qu'il m'arrive le livre « Dialogues » (deleuze-parnet).
(...)
En gros, peut-être et a priori, il invite à une existence moins personnelle, en un sens, et moins morale, et en suggère les moyens, les images, les concepts, les impulsions... Ce qui est considérable. L'antidote peut-être le plus puissant à la névrose.
(o.K.)

[Dialogues, oui,] mais peut-être plus facile et accessible, en introduction : les cours audio ; en particulier (pour toi) sur spinoza. (...)
Il y évoque d'ailleurs à plusieurs reprises, évidemment, le couple et pourquoi ça marche ou ça marche pas (vraiment). Toujours cette histoire de compositions de rapports plus ou moins bonnes, générant augmentation ou diminution de la puissance (d'être), ressentie sous forme de joie ou de tristesse, tristesse allant parfois jusqu'à la maladie, par « empoisonnement » (...), et ce, disons, par « défaut » de discernement rationnel requis à la progressive et relative com-préhension de ce qui est plus ou moins bon pour « moi ».
(...)
Bref. Quant à spinoza et deleuze, mollo mollo quand même, ça peut faire des dégâts... sains. Des éclats de santé, en fait, mais possiblement tranchants. (...) Et d'ailleurs je me doute bien que [encore une fois] tu prendras pas le temps. Alors même qu'en général, s'il y a un bien un truc qu'il faudrait prendre, dans la vie qui nous occupe (à gérer comme une oeuvre d'art — autrement dit, de santé —), c'est bien ça : le temps. Commencer par se le réapproprier. Mais bon... On n'en serait pas aux premiers dégâts humains, dans le destin du monde. La vie travaille à perte !
On en est tous...
(...)
[Encore trop jeune pour être heureux! dis-tu ?] Ha ! Mais je suppose que tu auras observé les vieux partout autour de toi, et leur bonheur éclatant ? Des vieux non-deleuzo-spinozistes, il faut croire. Et ils sont légion. Alors (qu') il ne tient qu'à toi de faire qu'elle te reste ou devienne de plus en plus étrangère — cette légion. Au plus vite, non ? Ou à ton rythme, oui. (Réappropriation du temps.)
Mais j'ai l'optimisme de croire, du moins d'espérer sinon tendre, à un siècle « deleuzien », oui... (pimenté d'un zeste nietzschéen de plus, peut-être.)
(o.K.)


** J'entends pas « gemütlich », ottoconcept emprunté à l'allemand, car n'ayant pas, semble-t-il, d'équivalent français, une certaine complaisance au et dans le confort. En français, le plus proche que j'ai trouvé pour l'instant est : « cosy », à condition d'en élargir le sens à ce qu'on pourrait appeler aussi bien un certain « esprit de confort » (pour le confort).

2009-12-13

devenir-jigsaw falling...

Un seul et même devenir, un seul bloc de devenir, ou, comme dit R.C., une « évolution a-parallèle de deux êtres qui n'ont absolument rien à voir l'un avec l'autre », (...) les deux formant un seul devenir, un seul bloc, une évolution a-parallèle, pas du tout un échange, mais « une confidence sans interlocuteur possible » (...) — bref, un entretien. (...) ce n'est pas un terme qui devient l'autre, mais chacun rencontre l'autre, un seul devenir qui n'est pas commun au deux, puisqu'ils n'ont rien à voir l'un avec l'autre, mais qui est entre les deux, qui a sa propre direction, un bloc de devenir, une évolution a-parallèle. C'est cela la double capture (...), même pas quelque chose qui serait dans l'un, ou quelque chose qui serait dans l'autre, même si ça devait s'échanger, se mélanger, mais quelque chose qui est entre les deux, hors les deux, et qui coule dans une autre direction. (...) ce qu'il y a de bien dans une [«] bande [»], en principe, c'est que chacun y mène sa propre affaire tout en rencontrant les autres, chacun ramène son butin, et qu'un devenir s'esquisse, un bloc se met en mouvement, qui n'est plus à personne, mais « entre » tout le monde, comme un petit bateau que des enfants lâchent et perdent, et que d'autres volent. (...) [Ils ont fait] l'usage le plus riche de leur solitude, s'en servir comme d'un moyen de rencontre, faire filer une ligne ou un bloc entre deux personnes, produire tous les phénomènes de double capture, montrer ce qu'est la conjonction ET, ni une réunion, ni une juxtaposition, mais la naissance d'un bégaiement, le tracé d'une ligne brisée qui part toujours en adjacence, une sorte de ligne active et créatrice? ET... ET... ET...
(G.D.)


cf. se déc(o)upler
cf. vaginalisme ® (équation)

2009-12-09

par la dissonance cognitive

Selon cette théorie, l'individu en présence de cognitions (« connaissances, opinions ou croyances sur l’environnement, sur soi ou sur son propre comportement » ) incompatibles entre elles, éprouve un état de tension désagréable : c'est l'état de « dissonance cognitive ». Dès lors, cet individu mettra en œuvre des stratégies inconscientes visant à restaurer un équilibre cognitif. Ces stratégies sont appelées « modes de réduction de la dissonance cognitive ». Une de ces stratégies pour réduire la dissonance cognitive consiste à oublier ce qui ne cadre pas avec ses références antérieures, il est appelé « processus de rationalisation ». En 2007 il a été mis en évidence chez des singes capucins.

La rectification d'idées acquises est plus pénible pour un individu que l'apprentissage d'idées nouvelles pour lesquelles il ne possède pas encore de modèle. Ce phénomène avait déjà été signalé par Jean Piaget dans ses travaux. Carl Rogers l'admettait également. Les exemples abondent dans l'histoire : Héliocentrisme vs. Géocentrisme, Darwinisme vs. Créationnisme, etc. Il est à remarquer que religions et systèmes totalitaires (sans qu'il soit question ici de les comparer directement) marquent une préférence pour enseigner leurs points de vue dès la prime jeunesse, en tant que modèle primal.

De même, des fournisseurs de matériels divers consentent des réductions importantes aux écoles professionnelles car leurs élèves seront enclins à privilégier dans la vie professionnelle un matériel qu'ils connaissent déjà par rapport à un autre même moins cher ou plus riche en fonctionnalités.
Des formations gratuites sont parfois même proposées par des éditeurs de logiciels ou des fabricants de matériel, afin de positionner leur approche dans l'esprit du client qui sera ainsi moins réceptif aux arguments, différents, de la concurrence.

Plus l'investissement et l'engagement de la personne lui ont coûté, moins elle est prête à y renoncer. C'est ainsi que :
[Unetelle s'accroche à sa relation laborieuse et inlassablement conflictuelle avec untel, car cela reviendrait, sinon, à en avoir tellement bavé jusqu'ici... pour un échec.]
Plus un apprentissage a été difficile, malaisé ou même humiliant, moins l'individu est prêt à remettre en cause la valeur de ce qui lui a été enseigné. Cela signifierait en effet qu'il a investi pour rien. (Là encore, les exemples sont légion, surtout en informatique : attachement presque affectif à un système d'exploitation ou à un éditeur de texte, par exemple, en dépit de leurs défauts manifestes.)
Le bizutage, à l'époque où il était toléré, s'associait par la suite à un attachement à une institution tel, que dès l'année suivante le bizuté devenait bizuteur à son tour.
On observe aussi lors d'enquêtes que plus un choix s'est montré difficile et engagé (d'une grande école, d'un appartement, voire d'un conjoint [comme on l'a déjà dit dans le cas d'unetelle & untel...], plus on avait tendance ensuite à estimer avoir effectué le bon, et donc à oublier certains éléments de l'environnement ayant peu de rapport avec ce choix. (Le choix d'une grande école peut impliquer certaines positions philosophiques qui entraînent ce type de biais cognitif. Par exemple, une formation scientifique peut dans certains cas faire sous-estimer les phénomènes culturels ou les aspects juridiques.)
Les mécanismes des ventes pyramidales s'appuient fortement sur le refus irrationnel de faire marche arrière alors qu'on s'est sûrement fourvoyé.
[Vulgairement, c'est le] doigt dans l'engrenage.
(...)
Des faits contredisant l'opinion qu'un enfant [ou autre] a sur lui-même le placent devant une dissonance cognitive : selon que l'enfant [ou autre] a une bonne ou mauvaise image de soi, il pourra attribuer un échec ou une réussite à l'environnement extérieur au lieu de s'attribuer à lui-même le résultat. Pour réduire la dissonance cognitive, l'enfant [ou autre] va ainsi chercher des excuses plutôt que de remettre en cause ses convictions.
[Ce qui peut être aussi nommée] mauvaise foi.

[w.](merci à serge de lepostier.fr)

cf. d'mauvaise foi
cf. une mauvaise foi(s) (pour toutes)

2009-12-07

cosmologie moderne

Son livre le plus célèbre demeure Du monde Clos à l'Univers infini (...) Dans ce livre il décrit l'apparition de la science moderne et le changement qui s'est produit dans la perception du monde durant la période qui va de Nicolas de Cues et Nicolas Copernic à Isaac Newton. À un tout fini où la structure spatiale reflète une hiérarchie de valeur succède un univers infini sans hiérarchie naturelle uni seulement par l’identité des lois qui le régissent. « Pour ma part, écrit-il, j'ai essayé, dans mes Etudes Galiléennes, de définir les schémas structurels de l'ancienne et de la nouvelle conception du monde et de décrire les changements produits par la révolution du XVII° siècle. Ceux-ci me semblent pouvoir être ramenés à deux éléments principaux, d'ailleurs étroitement liés entre eux, à savoir la construction du Cosmos, et la géométrisation de l'espace, c'est-à-dire : a)la construction du monde conçu comme un tout fini et bien ordonné, dans lequel la structure spatiale incarnait une hiérarchie de valeur et de perfection, monde dans lequel "au-dessus" de la Terre lourde et opaque, centre de la région sublunaire du changement et de la corruption, s'"élevaient" les sphères célestes des astres impondérables, incorruptible et lumineux ...b)le remplacement de la conception aristotélicienne de l'espace, ensemble différencié de lieux intramondains, par celle de l'espace de la géométrie euclidienne - extension homogène et nécessairement infinie - désormais considéré comme identique, en sa structure, avec l'espace réel de l'Univers. Ce qui à son tour impliqua le rejet par la pensée scientifique de toutes considérations basées sur les notions de valeur, de perfection, de sens ou de fin, et finalement, la dévalorisation complète de l'Être, le divorce total entre le monde des valeurs et le monde des faits. »

> chapitre :
cosmo-logique

2009-12-06

l'astrologie à la petite semaine

... la semaine astrologique d'un hebdomadaire comme Elle, par exemple. Contrairement à ce que l'on pourrait en attendre, on n'y trouve nul monde onirique, mais plutôt une description étroitement réaliste d'un milieu social précis, celui des lectrices du journal. Autrement dit, l'astrologie n'est nullement — du moins ici — ouverture au rêve, elle est pur miroir, pure institution de la réalité.
Les rubriques principales du destin (Chance, Au-dehors, Chez vous, Votre coeur) produisent scrupuleusement le rythme total de la vie laborieuse. L'unité en est la semaine, dans laquelle la « chance » désigne un jour ou deux. La « chance », c'est ici la part réservée de l'intériorité, de l'humeur ; elle est le signe vécu de la durée, la seule catégorie par laquelle le temps subjectif s'exprime et se libère. Pour le reste, les astres ne connaissent rien d'autre qu'un emploi du temps : Au-dehors, c'est l'horaire professionnel, les six jours de la semaine, les sept heures par jour de bureau ou de magasin. Chez vous, c'est le repas du soir, le bout de soirée avant de se coucher. Votre coeur, c'est le rendez-vous à la sortie du travail ou l'aventure du dimanche. Mais entre ces « domaines », aucune communication : rien qui, d'un horaire à l'autre puisse suggérer l'idée d'une aliénation totale ; les prisons sont contiguës, elles se relaient mais ne se contaminent pas. Les astres ne postulent jamais un renversement de l'ordre, ils influencent à la petite semaine, respectueux du statut social et des horaires patronaux.
Ici, le « travail » est celui d'employées, de dactylos ou de vendeuses ; le microgroupe qui entoure la lectrice est à peu près fatalement celui du bureau ou du magasin. Les variations imposées, ou plutôt proposées par les astres (car cette astrologie est théologienne prudente, elle n’exclut pas le libre arbitre) sont faibles, elles ne tendent jamais à bouleverser une vie : le poids du destin s'exerce uniquement sur le goût au travail, l'énervement ou l'aisance, l'assiduité ou le relâchement, les petits déplacements, les vagues promotions, les rapports d'aigreur ou de complicité avec les collègues et surtout la fatigue, les astres prescrivant avec beaucoup d'insistance et de sagesse de dormir plus, toujours plus.
Le foyer, lui, est dominé par les problèmes d'humeur, d'hostilité ou de confiance du milieu ; il s'agit bien souvent d'un foyer de femmes, où les rapports les plus importants sont ceux de la mère et de la fille. La maison petite-bourgeoise est ici fidèlement présente, avec les visites de la « famille », distincte d'ailleurs des « parents par alliance », que les étoiles ne paraissent pas tenir en très haute estime... Cet entourage semble à peu près exclusivement familial, il y a peu d'allusions aux amis, le monde petit-bourgeois est essentiellement constitué de parents et de collègues, il ne comporte pas de véritables crises relationnelles, seulement de petits affrontements d'humeur et de vanité. L'amour, c'est celui du Courrier du coeur ; c'est un « domaine » bien à part , celui des « affaires » sentimentales. Mais tout comme la transaction commerciale, l'amour connaît ici des « débuts prometteurs », des « mécomptes » et de « mauvais choix ». Le malheur y est de faible amplitude : telle semaine, un cortège d'admirateurs moins nombreux, une indiscrétion, une jalousie sans fondement. Le ciel sentimental ne s'ouvre vraiment grand que devant la « solution tant souhaitée », le mariage : encore faut-il qu'il soit « assorti ».
Un seul trait idéalise tout ce petit monde astral, (...) l'humanité astrologique roule sur son salaire mensuel : il est ce qu'il est, on n'en parle jamais, puisqu'il permet la « vie ». Vie que les astres décrivent beaucoup plus qu'ils ne la prédisent ; l'avenir est rarement risqué, et la prédiction toujours neutralisée par le balancement des possibles : s'il y a des échecs, ils seront peu importants, s'il y a des visages rembrunis, votre belle humeur les déridera, des relations ennuyeuses, elles seront utiles, etc. ; et si votre état général doit s'améliorer, ce sera à la suite d'un traitement que vous aurez suivi, ou peut-être aussi grâce à l'absence de tout traitement (...).

Les astres sont moraux, ils acceptent de se laisser fléchir par la vertu: le courage, la patience, la bonne humeur, le contrôle de soi sont toujours requis face aux mécomptes timidement annoncés. Et le paradoxe, c’est que cet univers du (...) déterminisme est tout de suite dompté par la liberté du caractère : l’astrologie est avant tout une école de volonté. Pourtant, même si les issues en sont de (...) mystification, même si les problèmes de conduite y sont escamotés, elle reste institution du réel devant la conscience de ses lectrices : elle n’est pas voie d'évasion mais évidence réaliste des conditions de vie de l’employée, de la vendeuse.
À quoi donc peut-elle servir, cette pure description, puisqu’elle ne semble comporter aucune compensation onirique ? Elle sert à exorciser le réel en le nommant. A ce titre, elle prend place parmi toutes les entreprises de semi-aliénation (ou de semi-libération) qui se donnent à tâche d’objectiver le réel, sans pourtant aller jusqu’à le démystifier. On connaît bien au moins une autre de ces tentatives nominalistes : la Littérature, qui, dans ses formes dégradées, ne peut aller plus loin que nommer le vécu ; astrologie et Littérature ont la même tâche d’institution " retardée " du réel: l’astrologie est la Littérature du monde petit-bourgeois.
(R.B.)

cf. l'aliénation bonus « psy »

l'aliénation bonus « psy »


(N.P.)(o.K.) :: 2'34''::

cf. l'astrologie à la petite semaine

2009-12-05

au fond, aristote, c'est moi

Aristote est un esprit réaliste et pratique. Il s'oppose à la plupart des idées de Platon. Sa méthode serait plutôt de type scientifique...
(...) Pour Aristote [comme pour Platon], la morale est subordonné au politique.
(...) il désigne, pour sa morale, le point de départ suivant : tous les hommes recherchent le bonheur. Par contre, même si tous les hommes sont d'accord sur cet énoncé, la plupart ne s'accorde pas sur la conception du bonheur. (...)
Ainsi, chacun donne au bonheur un contenu différent. Aristote en conclut qu'il ne faut pas prendre en considération ce que les hommes recherchent pour comprendre ce qu'est le bonheur, mais rechercher les conditions objectives du bonheur. En d'autres mots, cette opération consiste à savoir ce que les hommes doivent vraiment rechercher pour réaliser le vrai bonheur. Le bonheur est le chemin qui mène au bonheur. Ce chemin pour Aristote consiste en l'exercice de la vertu. C'est un exercice guidé par la volonté.
(...) Le bonheur est le chemin lui-même et non pas le point d'arrivée.
(...) c'est grâce à la vie intellectuelle qu'il peut délibérer et faire des choix moraux.
(...) Ainsi, l'homme obtient son bonheur en pratiquant la vertu. Pour Aristote, la vertu est une habitude volontaire. [Selon lui], les êtres humains sont disposés à la vertu, mais ils doivent la pratiquer pour la perfectionner. C'est à force de pratiquer la justice, la tempérance et le courage que nous devenons justes, tempérants et courageux.
(...) Il défendra principalement la vertu du juste milieu.
Par exemple, le courage serait le juste milieu entre la peur et la témérité ; la tempérance entre le dérèglement et l'insensibilité ; la mansuétude (...) entre la colère et l'apathie ; la magnanimité entre la vanité et l'humilité ; la véracité entre la vantardise et la dépréciation de soi ; l'affabilité (...) entre l'obséquiosité et l'esprit de chicane ; la réserve entre l'effronterie et la timidité, etc.
(-)

« du même désert, à... »

En chacun de nous, il y a comme une ascèse, une partie dirigée contre nous-mêmes. Nous sommes des déserts, mais peuplés de tribus, de faunes et de flores. (...) Et toutes ces peuplades, toutes ces foules, n'empêchent pas le désert, qui est notre ascèse même, au contraire elles l'habitent, elles passent par lui, sur lui. (...) Le désert, l'expérimentation sur soi-même, est notre seule identité, notre chance unique pour toutes les combinaisons qui nous habitent.
(G.D.)

cf. vrai(ment) moi

envolée

Toute action exige l'oubli, comme tout organisme a besoin, non seulement de lumière, mais encore d'obscurité. Un homme qui voudrait sentir d'une façon tout à fait historique ressemblerait à celui qui serait forcé de se priver de sommeil, ou bien à l'animal qui devrait continuer à vivre en ne faisant que ruminer, et ruminer toujours à nouveau. (...) il y a un degré d'insomnie, de rumination, de sens historique qui nuit à l'être vivant et finit par l'anéantir, qu'il s'agisse d'un homme, d'un peuple ou d'une civilisation.
(F.N. — CI 2§1)

cf. règle hoptique
cf. le... : action

2009-12-03

con sidération

la forme (...) de mes [«] écrits [»] présente une difficulté : de nos jours on n’accorde pas suffisamment de poids à cette forme. Un aphorisme, si bien frappé soit-il, n’est pas « déchiffré » du seul fait qu’on le lit ; c’est alors que doit commencer son interprétation, ce qui demande un art de l’interprétation. (...) Evidemment pour pouvoir pratiquer la lecture comme un art, une chose avant tout autre est nécessaire, que l’on a parfaitement oubliée de nos jours — il se passera donc encore du temps avant que mes écrits soient « lisibles » —, une chose qui nous demanderait presque d’être de la race bovine et certainement pas un « homme moderne », je veux dire : savoir ruminer…
(F.N. — GM 0§8)

cf. sur/de mes postréalisations
cf. mévoir ou mémoire
cf.  à l'intellecteur parfait
cf. l'ascésure

2009-11-20

éco(le)sophique


(o.K)(M.O.) :: 3'40''::

Pour Épicure, vivre en accord avec la nature est en effet une chose difficile pour l'homme, mais c'est là la seule voie qui semble mener au bonheur.
En effet n'étant pas des dieux, nous ne pouvons nous affranchir du Tout dont nous ne sommes que des parties, mais n'étant pas des bêtes, il nous faut pour nous réaliser établir cette union par la pensée.
(-)

cf. mys-tère

décomposition des compositions


(o.K)(M.O.) :: 1'01''::

cf. précis dé composition

2009-11-17

du douillet le rêve...


(O.k.) :: 5'57''::

cf. bio... logique

yi cézanne

Cézanne, devant un paysage, trouvait que passait sur lui « un sourire d’intelligence aiguë ». Il est mort en embrassant sa montagne Sainte-Victoire. Il devenait de plus en plus chinois. On se moquait de lui, on préférait des croûtes. On a cru qu’il annonçait « l’art moderne » alors qu’il s’agissait pour lui d’une expérience spirituelle que le mot « yi », en chinois, concentre comme une sorte de paradis naturel. Comment être à la fois détaché, dégagé, solitaire, vacant, harmonieux, paisible ? C’est-à-dire le contraire de contraint, lourd, embarrassé, grégaire, occupé, discordant, confus, malveillant, brutal ? C’est simple : il convient d’accéder au renouvellement constant, à la modification continue, à la libération de toute inquiétude, à la vibration de ce que nous ne considérons jamais avec assez de stupeur et de fraîcheur : la vie.
(P.S.)

passe-passe-muraille

« On va dans le mur ? » Le mur, non : le renouvellement. Comme toujours. Il n'y a de mur, fixe, que pour les idées, fixes. (Y compris l'idée que tu te fais de toi, oui, et à force, que tu finis par incarner, certes, mais tout bêtement.)
(o.K.)

cf. miss civilisation
cf. notre destin, tranquille

attitude philosophique universelle

• Il y a finalement assez peu d'attitudes possibles vis-à-vis de l'existence, et, sans avoir subi d'influences d'ordre historique, les différentes civilisations sont amenées à avoir, à cet égard, des attitudes analogues. (...) faire tout comme les autres hommes, mais sans s'attacher à rien, en étant indifférent à tout —, c'est l'attitude sceptique. (...) de part et d'autre, en grèce et en chine, il s'agit du refus de faire des différences de jugement de valeur entre les choses. Cela, c'est une attitude qui a bien l'air d'être universelle, qu'un homme peut d'ailleurs découvrir par lui-même, il n'a pas besoin de lire ceci ou cela, il peut y arriver tout seul. (...) La mystique de plotin (...), l'attitude stoïcienne (...), l'épicurisme (...) Cette idée d'une universalité des attitudes spirituelles peut aussi se situer dans la perspective de l'effort pour dégager de sa gangue mythique et traditionnelle l'essentiel d'une attitude, d'un choix de vie.
• (...) comme attitudes, le stoïcisme et l'épicurisme sont toujours très vivants. Il faudra donc distinguer de l'idéologie qui la justifiait autrefois l'attitude concrète actualisable. Pour actualiser un message (...), il faut le dégager de tout ce qui marque son époque, de la mentalité propre à l'époque, il faut le « démythologiser » (...) Il faut essayer d'aller à la démarche intérieure, à l'attitude concrète qu'il implique.
• Les recherches sur le passé doivent avoir un sens actuel, personnel, formateur, existentiel.
(P.H.)

Et par "philosophe" j'entendais un [H]omme qui pense par [L]ui-même, en prenant pour objet de sa pensée l'expérience qu'[I]l a de [L]ui-même, des autres et du monde ; qui s'informe de ce que pensent ou de ce qu'ont pensé avant [L]ui les autres philosophes ; qui est conscient des pièges que tend le langage et en fait par conséquent un usage critique.
Cette idée créait une nouvelle perspective. Comme j'avais du goût pour l'activité philosophique ainsi comprise, elle instaurait une sorte d'égalité de principe entre T.-T. et moi. Et s'il pensait par lui-même, en prenant pour objet son expérience, je pouvais le rejoindre en faisant de même pour mon compte — car son expérience et la mienne devaient se recouper au moins en partie.
(J.-F.B.)

Est philosophe celui qui le devient.
(G.D.)

cf. manque de philosophie

2009-11-16

mys-tère

Toutes les réponses à nos questions reposent dans la seule Observation, aboutie.
(o.K.)

La difficulté n'est pas, pour ainsi dire, de trouver la solution, mais de reconnaître la solution dans ce qui a l'air d'en être seulement la prémisse. [Cette difficulté] tient, je crois, à ce que nous attendons à tort une explication alors qu'une description constitue la solution de la difficulté, pour peu que nous lui donnions sa juste place, que nous nous arrêtions à elle, sans chercher à la dépasser. C'est cela qui est difficile : s'arrêter.
(L.W.)

s'injustifier

J’avais primitivement l’intention de répondre à de nombreuses critiques, et, en même temps, d’expliquer quelques questions très simples, totalement obscurcies par la lumière moderne (...) ; mais j’ai eu l’imprudence de lire ce matin quelques feuilles publiques ; soudain, une indolence, du poids de vingt atmosphères, s’est abattue sur moi, et je me suis arrêté devant l’épouvantable inutilité d’expliquer quoi que ce soit à qui que ce soit. Ceux qui savent me devinent, et pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas comprendre, j’amoncèlerais sans fruit les explications.
(C.B.)

Chercher à se justifier c'est (dé)faillir en autorité.
(o.K.)

En effet, l'autorité traditionnelle se définissait par opposition à la fois à la contrainte par force et à la persuasion par arguments. Elle n'était pas l'autoritarisme car « là où la force est employée, l'autorité proprement dite a échoué ». Elle n'avait pas non plus besoin de se justifier. Dès lors, si nous confondons aujourd'hui autorité et violence, et croyons que l'autorité peut être discutée, c'est que nous avons oublié ce qu'elle est.
(H.A.)

cf. livre à vous
cf. le fin du fin

compris c'est compris

(...) je me suis arrêté devant l’épouvantable inutilité d’expliquer quoi que ce soit à qui que ce soit. Ceux qui savent me devinent, et pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas comprendre, j’amoncèlerais sans fruit les explications.
(C.B.)

Finalement, personne ne peut tirer des choses, y compris des livres, plus qu'il n'en sait déjà. Ce à quoi l'on n'a pas accès par une expérience vécue, on n'a pas d'oreilles pour l'entendre.
(F.N. - EH 3§1)

Pour être radical, je dirais que : comprendre vraiment, c'est avoir déjà compris. (De même, léo ferré qui rétorquait à brassens « quand l'amour "s'en va", [c'est qu']il est déjà parti ».) Autrement dit, on ne peut espérer être « vraiment » compris par quelqu'un que lorsque celui-ci est déjà, de lui-même au point, sinon au moins sur le point de comprendre.
(o.K.)

Qui ne comprend pas n'a tout simplement pas (encore) assez vécu, qualitativement. (N'a pas vécu ce qu'il faut, ce qu'il faudrait – pour comprendre.)
(o.K.)

La connaissance s'acquiert par l'expérience, tout le reste n'est que de l'information. (A.E.)

cf. à l'intellecteur parfait
cf. dès lors : niet
cf. de la lecture sans lecture à l'écriture sans écriture
cf. comprendre un peu / beaucoup / passionnément, sans comprendre
 

2009-11-14

oyé, la formule

C’est, semble-t-il, la formule magique à laquelle on doit, depuis dix ans, le moindre morceau signé Erlend Øye et Eirik Glambek Bøe : “La première moitié de la composition est toujours très rapide, un jour au maximum. La seconde partie, en revanche, peut prendre des années. On ajoute des éléments, des arrangements, puis on attend quelques mois. On réécoute, et la plupart du temps on enlève tout ce qu’on avait ajouté. On ne conserve les éléments que s’ils nous paraissent intéressants six mois plus tard, et non sous le coup de la nouveauté. Si les chansons sont au final plutôt dépouillées sur l’album, elles ont en revanche porté plusieurs tenues avant d’en arriver là.”
(-)

cf. bruce lee, maître d'art général
cf. « sylvie aymard, c'est moi »

entorse

Pendant ce temps, B.[B.] se bonifie dans son coin comme un beau maroilles. Ses chansons se sortent la chemise du pantalon, les textes s’écrivent au jour le jour, élégants et au plus près de l’os. (...) B. revient en homme libre avec un sixième album d’une grâce et d’une fragilité redoutables. Un disque où notre chanteur ne s’épargne rien et se permet même, dans la foulée, un peu tout. (...) Baptisé « La Superbe » en hommage à la sublime chanson qui l’ouvre en grand, cet album tient bien ensemble, porté à bout de bras par un seul et même homme, qui se met à nu, se dévoile avec justesse et pudeur, humour aussi. Un homme qui se serait résolument mis en marge du monde pour composer, enfin, son morceau de bravoure attendu.
(S./L.)

On Reste Dieu Merci à la merci
D'un conifère,
D'un silence inédit,
D'une seule partie de jambe en l'air,
Le soleil est assis, du mauvais coté de la mer,
Quelle aventure, quelle aventure...

On Reste Dieu Merci à la merci
D'un abri bus,
Ne reste pas ici, on entend
Sonner l'angelus
Le soleil est joli,
Plus triste que le cirque Gruss
quelle aventure, quelle aventure..

On Reste Dieu Merci à la merci
d'un engrenage,
D'un verre de Campari,
du bon vouloir de l'équipage,
Paris est si petit
Quand on le regagne à la nage,
quelle aventure, quelle aventure..

On flane, On flaire,
On flaire la flamme singulière..
On gagne, on perd
On perd la gagne, La Superbe...
(B.B.)

De mon côté, j’ai eu envie de réhabiliter le concept de dépendance. Le principe d’indépendance est très à la mode depuis trente ou quarante ans (...). Moi je pense que la solitude découle de l’indépendance et de la liberté, et qu’il est beau, au contraire, de dépendre (...)
((E.O.))

2009-11-12

voir sa

Le bonheur consiste à [savoir] apprécier, prolonger et (...) renouveler les joies de l'existence.
(C.R.)[o.K.]

cf. urgence

2009-11-11

tous cosmologiciens

D'une manière générale, j'aurais tendance personnellement à me représenter le choix philosophique fondamental, donc l'effort vers la sagesse, comme un dépassement du moi partial, partiel, égocentrique, égoïste, pour atteindre au niveau d'un moi supérieur qui voit toutes choses dans la perspective de l'universalité et de la totalité, qui prend conscience de lui-même comme partie du cosmos, qui embrasse alors la totalité des choses. (...) « Toute forme de spiritualité commence par un "lâcher prise", un renoncement au moi limité et limitatif. » (...) cette idée d'un changement de niveau du moi peut se retrouver dans des  philosophies extrêmement différentes.
(P.H.)

cf. après tout
cf. l'en jeu

2009-11-10

pour une psychosom(m)ation philosophique

perspectivisme

À défaut ou en attendant d'en retrouver une formulation synthétique dans le corpus nietzschéen, je reformulerais très vite cette thèse fondamentale chez nietzsche : de notre point de vue d'Homme, il n'y a pas de faits il n'y a que des perspectives, il n'y pas de vérités il n'y a que des interprétations — et physiologiquement intéressées.
(o.K.)

cf. dès lors : niet

résilience par le milieu


(B.C.)(o.k.) :: 4'27''::

cf. la liberté ta soeur
cf. pour un autoconditionnement

2009-11-09

« pro » personnel

Il existe un certain point culminant de la vie : lorsque nous l'avons atteint, malgré notre liberté et quoi que nous déniions au beau chaos de l'existence toute raison providentielle et toute bonté, nous sommes encore une fois en grand danger de servitude intellectuelle et nous avons à faire nos preuves les plus difficiles. Car c'est maintenant seulement que notre esprit est violemment envahi par l'idée d'une providence person­nelle, une idée qui a pour elle le meilleur avocat, l'apparence évidente, maintenant que nous pouvons cons­tater que toutes, toutes choses qui nous frappent, tournent toujours à notre avantage. La vie de chaque jour et de chaque heure semble vouloir démontrer cela toujours à nouveau; que ce soit n'importe quoi, le beau comme le mauvais temps, la perte d'un ami, une maladie, une calomnie, la non-arrivée d'une lettre, un pied foulé, un regard jeté dans un magasin, un argument qu'on vous oppose, le fait d'ouvrir un livre, un rêve, une fraude : tout cela nous apparaît, immédiatement, ou peu de temps après, comme quelque chose qui « ne pouvait pas ne pas se produire », - quelque chose qui est plein de sens et d'une profonde utilité, précisément pour nous. Y a-t-il une plus dangereuse séduction que de retirer sa foi aux dieux d'Epicure, ces insouciants inconnus, pour croire à une divinité quelconque, soucieuse et mesquine, qui connaîtrait personnellement chaque petit cheveu sur notre tête et que les services les plus détestables ne dégoûte­raient point? Eh bien! -je veux dire : malgré tout cela, -laissons en repos les dieux et aussi les génies serviables, pour nous contenter d'admettre que maintenant notre habileté, pratique et théorique, à interpréter et à arranger les événements atteint son apogée. Ne pensons pas non plus trop de bien de cette dextérité de notre sagesse, si nous sommes parfois surpris de la merveilleuse harmonie que produit le jeu de notre instrument : une harmonie trop belle pour que nous osions nous l'attribuer à nous-mêmes. En effet, de-ci de-là, quelqu'un joue avec nous - le cher hasard : à l'occasion, il nous conduit la main et la providence la plus sage ne saurait imaginer de musique plus belle que celle qui réussit alors sous notre folle main.
(F.N. — GS§277)

2009-11-08

inégalité d'aptitudes à être aim... mais...


(B.C.) :: 1'06''::

du couple : alors quoi ?


(S.K.)(o.K.) :: 7'28''::

Tu prétends sincèrement que, parce qu'il y a moi, les garçons ne t'intéressent pas ? Ne sois pas naïve ou ne me prends pas pour tel, en tout cas : tout est question de rencontre.
(o.K.)

Vous me vénérez : mais qu'adviendra-t-il si un jour votre vénération penche ailleurs, ou s'écroule ? Prenez garde ! Une statue pourrait vous écraser !
(F.N. EC0§4)

cf. du romantisme amoureux à la réalité
cf. fatalité créée

affranchir amour-amitié


(o.K.) :: 2'54''::

cf. extension du domaine de l'amour

2009-11-07

vrai(ment) moi

Le problème du vrai moi est lié aussi au problème de la sagesse (...) Le vrai moi est à la fois dedans et dehors; c'est une recherche continuelle pour trouver la meilleure part de soi-même, qui est un dépassement de soi et aussi la reconnaissance du fait qu'une partie de nous-mêmes est notre vrai moi.
(A.D., P.H.)

cf. « du même désert, à... »

2009-11-06

dès lors : niet

Savoir jusqu'où s'étend le caractère perspectiviste de l'existence ou même, si elle a en outre quelque autre caractère, si une existence sans interprétation, sans nul "sens" ne devient pas "non-sens", si d'autre part toute existence n'est pas essentiellement une existence interprétative — voilà comme d'habitude ce que ne saurait décider l'intellect ni par l'analyse la plus laborieuse ni par son propre examen le plus consciencieux : puisque lors de cette analyse l'intellect humain ne peut faire autrement que de se voir sous ses formes perspectivistes, et rien qu'en elles. Nous ne pouvons regarder au-delà de notre angle : c'est une curiosité désespérée que de vouloir savoir quels autres genres d'intellects et de perspectives pourraient exister encore (...). Mais je pense que nous sommes aujourd'hui éloignés tout au moins de cette ridicule immodestie de décréter à partir de notre angle que seules seraient valables les perspectives à partir de cet angle. (...) Une fois encore le grand frisson nous saisit : — mais qui donc aurait envie de diviniser, reprenant aussitôt cette ancienne habitude, ce monstre de monde inconnu ? (...) Hélas, il est tant de possibilités non divines d'interprétation inscrites dans cet inconnu, trop de diableries, de sottises, de folies d'interprétation, — notre propre nature humaine, trop humaine interprétation, que nous connaissons...
(F.N. — GS§374)

Quiconque prétend s'ériger en juge de la vérité et du savoir s'expose à périr sous les éclats de rire des dieux puisque nous ignorons comment sont réellement les choses et que nous n'en connaissons que la représentation que nous en faisons.
(A.E.)

Ce n'est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience.
(K.M.)

Dans la vie, chacun ne saura jamais rien que ce que lui fera comprendre son unique existence singulière ; jamais rien que midi à sa porte.
De là, évidemment, aussi, tout (le) problème politique.
(o.K.)

Ce qu'il y a de terrible, c'est que tout le monde a ses [«] raisons [»].
(J.R.)

« Connais-toi toi-même ». Empruntée à l'inscription gravée au fronton du temple d'Apollon à Delphes, cette devise ne reflète pas la sagesse de Socrate dont la véritable maxime était en réalité « Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien ». Mais on peut douter qu’elle invite à s'observer, se connaître soi-même en tant que particulier ; il s'agit bien plutôt de s'observer en tant qu'homme, en s’élevant au-dessus de ses sentiments particuliers et de ses opinions qui ne sont toujours qu’une illusion de données ; cette connaissance-conscience (...) est d’ailleurs la seule qui soit à notre portée. La science de l’Être (...) est en effet une chimère ; il reste à connaître ou observer l’homme, mais cette science de l’homme moral est d’une infinie complexité, sa recherche ne semble pas pouvoir prendre fin (...)
L’ignorance ou l'aveuglement de soi-même fait l’homme dépendant et esclave de ses opinions ou données. En revanche, la connaissance ou l'observation de notre nature, de ce que nous sommes, nous rend libres et capables de nous suffire à nous-mêmes. C’est là proprement que se constitue l’idée d’une science morale [une éthique] dont l'observation nous rend heureux. Mais cette science socratique soulève plusieurs difficultés relatives à la méthode.
(W.)

cf. les grandes raisons se rencontrent
cf. la liberté ta soeur
cf. that isn't the question
cf. pour faire simple
cf. gauchehcuag droitetiord = gauchetiord ?
cf. perspectivisme
cf. compris c'est compris
...

>> chapitre : INTELLIGENCE


2009-11-05

de confiance nulle à confiance nue

Dans la vie j'ai confiance en pas grand-chose... si ce n'est dans la vie elle-même, qui, elle au moins, ne ment pas ; à la condition souveraine qu'on la regarde continuellement droit en face, déshabillée du regard.
(o.K.)


cf. vademecum tragique
cf. la logique du pire à l'épreuve du réel
cf. l'angle d'oreille

2009-11-04

du romantisme amoureux à la réalité


(J.-L.M.)(o.K.)

cf. french antiromantisme
cf. extension du domaine de l'amour
cf. l'amour inventé, à réinventer... : réinventé

de la con-versation

[Une définition de] Conversation ? Puisque ça me vient spontanément, je dirais : substantif de converser. Con-verser : verser ensemble — au sens où l'on dit « elle verse dans » le cynisme, ou autre —, donc presque valser, ensemble, de concert, pourrait-on dire pour jouer sur le mot, mais « ensemble » c'est mieux.
Parfois on se déverse ensemble, ou bien l'un se déverse plus que l'autre, et dans ce cas on parlerait moins de con-versation que de « déversation » ; et pour les échanges les moins heureux, il y aurait « malversation ».
Je note aussi qu'avec « conversation », on n'est pas loin de « conversion ».
Tout ça est évidemment plutôt fantaisiste, étymologiquement, mais... Non ?
(o.K.)(répondant à K.T.)

2009-11-03

intel ligence

1- du latin intelligare, ou intellegere, signifiant quelque chose comme relier les choses entre elles.
2- faculté de lire entre les lignes.
(apparenté à intellĕgĕre (« discerner », « saisir », « comprendre ») composé du préfixe inter- (« entre ») et du verbe legere (« cueillir », « choisir », « lire »).

à l'intellecteur parfait

intelligence :
1- du latin intelligare, ou intellegere, signifiant quelque chose comme relier les choses entre elles.
2- faculté de lire entre les lignes.
(apparenté à intellĕgĕre (« discerner », « saisir », « comprendre ») composé du préfixe inter- (« entre ») et du verbe legere (« cueillir », « choisir », « lire »).


(B.C.)(C.M.)(o.K.) :: 0'48''::

cf. sur/de mes postréalisations
cf. de la con-versation
cf. possibilité d'une île
cf. compris c'est compris
cf. de la lecture sans lecture à l'écriture sans écriture

2009-11-02

le nécessaire d'écrire

Le poète n’écrit pas pour avoir un public ou à cause des rentes que lui vaudra peut-être son livre. (...) Il a découvert « quelque chose » qui ouvre en lui l’impossibilité de vivre sans cela.
(M.d.C.)

cf. notre besoin primaire de représentation
cf. EN PHrASE
cf. du bénéfice d'avoir écrit
cf. henri, tome A
cf. pourquoi écrire quand même

notre besoin primaire de représentation


(B.C.) :: 2'30''::

cf. EN PHrASE
cf. du bénéfice d'avoir écrit
cf. du vécu, l'existence
cf. un(e) proche s'éteint, un soleil...
cf. fuir l'inhibition de l'action

sur... de mes postréalisations

Un internaute : Quelles sont les différentes émissions qui sont mises bout à bout ici ?
O. karl : « Mises bout à bout » c'est vite dit ! C'est scrupuleusement monté, démonté, remonté, micromonté, trafiqué, bref entièrement réécrit comme il se doit. En fait, audiovisuellement écrit, voilà, et à la manière documentaire, donc par captation, réappropriation... détourmement, quoi !
(o.K.)

Otto karl à nicolas zurstrassen :
Décidément... Peut-être n'est-ce qu'une illusion, un malentendu, une paranoïa de ma part — ce que je peux bien croire —, mais vos récentes présentations de mes posts me semblent faire assez peu de cas de leur signature, autrement dit, de mon travail... de plusieurs jours ou semaines voire plusieurs mois (...) pour parvenir à faire dire d'une seule voix, même hétérogène, ce que je veux dire moi, très exactement. (...) [Par mon classicisme de goût] je m'applique tellement à ce que le montage soit le plus fluide, invisible... aussi naturel, aussi organique possible, que... me voilà pénalisé, paradoxalement.

Alors, on parlera de détourneur détourné ! Pourquoi pas. Bien sûr.
N'empêche, je crois qu'on mesure très mal, mais n'est-ce pas un lot assez banal encore que méconnu dans mon cas ottopostmoderne, on mesure très mal — certes, comme toujours tant qu'on ne pratique pas soi-même — le surtravail que l'écriture exigeante exige, en l'occurrence sur le moindre instant, le moindre souffle, le moindre agencement, le moindre mot à détourner... [Je pensais pourtant que] tout au fait que vous êtes, vous aviez capté, assimilé, que cette manière d'expression est une nouvelle façon d'écriture tout aussi personnelle et méritante que l'écriture littéraire, par exemple, du moins dans mon cas. C'est seulement qu'elle est postmoderne — au sens que je tente de définir —, donc faite par détournement de matériaux expressifs préexistants...

En gros, j'oeuvre à faire dire à des voix, des mots, des sons (et parfois des images, tout ensemble), tout ce que, par ma récolte et un travail acharné, je peux leur faire dire de ce que je veux dire moi-même, en amont et parfois en aval, et que je formule d'ailleurs largement autre part, en privé, (...) parfois mieux, parfois moins bien que mes montages, mais toujours plus largement, plus relié, plus totalisant, de sorte que mes interlocuteurs me reconnaissent évidemment une parole propre, une pensée singulière, là où mes montages peuvent laisser croire, apparemment, qu'elles ne s'y trouvent pas tout à fait ou tout autant.

Dès lors pourquoi persister dans cette forme ? Vous devinez sans doute en partie ma réponse. Reste aux « gens », désormais, de s'y familiariser (et pour ça, rien de mieux que la pratique) au point de comprendre à quel point ce mode d'expression, d'écriture audiovisuelle de récupération-réappropriation, peut s'avérer authentiquement personnel, en tout cas dans mon cas, tout autant que les autres modes plus traditionnels, donc plus pratiqués, admis, reconnaissables et reconnus.
Enfin, la suite [de mon ottomanifeste] portera justement sur ce sujet. En espérant pouvoir la publier bientôt, enfin. En pensant à vous.
(...)
Et pour vous aider à continuer de faire bon cas de mes travaux [de postréalisations], voici ma suggestion : (...) ne pas laisser croire que c'est là la parole authentique des intervenants – qui, eux, n'apprécieraient pas toujours!...), sauf en cas de simple extraction, qui est en soi un début de détournement néanmoins, mais bien d'une réécriture, allant du simple court-circuitage, quintessenciation subjective, au détournement le plus complet et trompeur, en tout cas, donc, d'une réappropriation... (...)
Très cordialement.
(o.K.)

Red lanar : Ouah ! Enfin ! je vois mes pensées dans un miroir, c'est exactement ce que je pense !
donc j'exige que le maître du blog fournisse l'auteur du texte et non pas seulement les initiales ;) !!
(...) Salut à vous et merci pour votre travail, sur ce blog, très riche.



O. Karl : Merci à vous.
Quant à l'auteur de ce simple extrait transformé ici en aphorisme, c'est évidemment l'auteur du blog lui-même, par réappropriation des richesses, détournement de fond(s) par la forme, et de forme par le fond.
(o.K.)

cf. au fond, otto, c'est moi ( ottodémonstration )
cf. con sidération
cf. ottoprésentation
cf. le progrès l'implique, et le plaisir aussi !
cf. pour le détournement
cf. citétranse
cf. au fond, isidore ducasse, c'est moi
cf. au fond, virgile, c'est moi
cf. à l'intellecteur parfait

2009-10-31

couple mégéré

Le fer un jour dit à l’aimant : « C’est toi que je hais par-dessus tout ; tu m’attires, mais tu n’es pas assez fort pour me retenir. ».
(F.N.)

... voir tous ces couples (de campagne ou d'ailleurs) où la femme est finalement passée dominante... et tout le monde s'en trouve malheureux, sans trop savoir pourquoi, ou vouloir le savoir ou l'admettre, à commencer par elle, qui le fait souvent payer cher à tout le monde, à commencer par lui, qu'elle méprise et humilie d'autant plus qu'il se révèle toujours plus incapable de renverser la situation, la spirale, impuissant. Sa faute ? Avoir montré des failles, des paresses, des faiblesses, des tendresses, des lâchetés : avoir été humain, de trop près ; ou psychologisé. Bref, ne pas avoir été, sur la durée et la proximité, à la hauteur de son idéal (préfabriqué) à « elle ». Peu à peu, par la promiscuité, la démocratisation du foyer, etc., l'individualisme s'est durci, les déceptions multipliées, le mépris insinué, d'abord par piques, sans assez de réactions... Et insinué par où ? Encore une fois, dans les failles de l'idéal masculin et humain qu'on nous met dans la tête, des femmes y compris, donc. Tous victimes. Et, comme je me le suis entendu penser l'autre jour, plus généralement, il faut reconnaître que dans cette histoire aussi : les femmes n'ont pas toujours cette classe, que les hommes n'ont pas souvent non plus.
(o.K.)

Mon ange, je t'ai punie à tant me sacrifier / Icône idolâtrée, immondice à la nuit / Mon ange, je t'ai haïe, je t'ai laissée tuer / Nos jeunesses ébauchées, le reste de nos vies / Si loin de moi, si loin de moi, si loin de moi, si loin de moi...
((A.B.))

L'amour aussi bien que le feu ne peut subsister sans un mouvement continuel ; et il cesse de vivre dès qu'il cesse d'espérer ou de craindre.
(F.d.L.)


cf. ceux qui n'ont pas leur content
cf. coquillage & rocher (ou roger ?)
cf. O+
cf. king/kang
cf. les trop chères tyrans chéries
cf. dyspaartition
cf. conditionnel impératif
cf. existence mégérée (à reprendre)

2009-10-30

du vaginal au vaginalisme ⓚ

. L'amour avec [elle] ne m'épuisait jamais. (...) nous jouissions vite et ensemble, dans un paroxysme tendre et violent.
. Nous étions déjà accouplés et retrouvions un mouvement plus sauvage, plus agressif, elle sans doute dans son désir inconscient et irréaliste de m'absorber et moi dans l'espoir de retrouver la liberté et le repos. Ces pulsions contraires aboutirent à une nouvelle explosion simultanée, et au silence des méduses.
(J.P.)

cf. vaginalisme ⓚ (équation) 
cf. au fait de son égoïsme
cf. pour une sexualité performative

à propos sur le bonheur


DÉBUT :
Lorsqu'un petit enfant crie et ne veut pas être consolé, la nourrice fait souvent les plus ingénieuses suppositions concernant ce jeune caractère et ce qui lui plaît et déplaît ; appelant même l'hérédité au secours, elle reconnaît déjà le père dans le fils ; ces essais de psychologie se prolongent jusqu'à ce que la nourrice ait découvert l'épingle, cause réelle de tout.
(...)
L'impatience d'un homme et son humeur viennent quelquefois de ce qu'il est resté trop longtemps debout ; ne raisonnez point contre son humeur, mais offrez-lui un siège. (...)
et chacun sait qu'un enfant qui crie fait crier les autres ; bien pis, l'on crie de crier. Les nourrices, par un mouvement qui est de métier, mettent l'enfant sur le ventre ; ce sont d'autres mouvements aussitôt et un autre régime ; voilà un art de persuader qui ne vise point trop haut. (...)
ne dites jamais que les hommes sont méchants ; ne dites jamais qu'ils ont tel caractère. Cherchez l'épingle. (...)
Et je ne vois pas beaucoup de différence entre un homme qui s'abandonne à la colère et un homme qui se livre à une quinte de toux. De même la peur est une angoisse du corps contre laquelle on ne sait point toujours lutter par gymnastique. La faute, dans tous ces cas-là, c'est de mettre sa pensée au service des passions, et de se jeter dans la peur ou dans la colère avec une espèce d'enthousiasme
farouche. En somme nous aggravons la maladie par les passions ; telle est la destinée de ceux qui n'ont pas appris la vraie gymnastique. Et la vraie gymnastique, comme les Grecs l'avaient compris, c'est l'empire de la droite raison sur les mouvements du corps. Non pas sur tous, c'est bien entendu.
Mais il s'agit seulement de ne pas gêner les réactions naturelles par des mouvements de fureur. Et, selon mon opinion, voilà ce qu'il faudrait apprendre aux enfants, en leur proposant toujours pour modèles les plus belles statues, objets véritables du culte humain.
(A.)

ETC. ETC.

2009-10-28

au fond, claude minière, c'est moi


(C.M.) :: "3'42''::

du planeur


(J.R.)(O.K.) :: 2'48''::

> CHAPITRE : s'en sortir sans sortir

miss civilisation

Mais, hélas, une courbe qui a monté doit redescendre : loi terrible de la vie. La civilisation est un organisme vivant, comme une fleur, comme un canard dans la mare, comme un homme. Elle naît, elle grandit, elle mûrit, elle vieillit, elle meurt. Ou bien on la tue. Et quand elle vieillit, il se passe en elle ce qu'il se passe dans n'importe quel organisme : ses tissus s'appauvrissent, ses éléments se dissocient, tentent anarchiquement de survivre au détriment des autres et dépérissent. Alors l'artiste n'est plus nécessairement accordé à son temps, ni à son groupe. Il arrive même qu'il s'y oppose de toutes ses forces, le salut devenant solitaire au milieu de l'agonie collective. Les deux options possibles de l'artiste, aujourd'hui où de nombreux signes annoncent qu'il y a quelque chose de pourri au royaume d'occident, sont donc d'accepter ou de refuser la décadence. [Ou...]
(M.M.)
cf. notre destin, tranquille
cf. comme un légo avec du vent
cf. born into this