… les diktats de la consommation et de la communication à tout crin allait rendre de plus en plus difficile, pour des jeunes, de « consentir » à aimer des films [et les oeuvres et les pensées, etc.] qui leur résisteraient un tant soit peu. Cela ne s'est pas arrangé depuis, et a même trouvé ses expressions éphémères mais significatives en « langage jeune » : « ça me saoule » et « ça me prend la tête » pour parler de tout ce qui n'est pas immédiatement consommable sans reste et sans effort, et « je suis resté scotché » pour ce qui capte instantanément l'attention et procure une adhésion sans recul.
Simone Weil emploie le mot étrange de « consentement ». Il s'agirait, en définitive, de « consentir » à l'oeuvre d'art, ce qui induit l'idée de faire céder en soi une résistance, voire une hostilité première. L'attention que le sujet finira par donner, à laquelle il consentira, n'était pas forcément acquise au premier abord de l'oeuvre. (…)
Nietzsche parle dans Le Gai Savoir de cette nécessaire « étrangeté » de la véritable oeuvre d'art, qui n'est pas immédiatement identifiable, qui demande un effort pour se révéler à nous lentement, qui est souvent un peu rebutante au moment de la première rencontre, avant que cette étrangeté ne devienne objet de tendresse.
L'équivalent de l'expression « consentement à l'oeuvre » dont parle Simone Weil, c'est chez Nietzsche « l'effort et la bonne volonté » qu'il nous faut, au début de notre rencontre avec elle, « pour la supporter, en dépit de son étrangeté, user de patience pour son regard et pour son expression, de tendresse pour ce qu'elle a de singulier. » (…) « Nous finissons toujours par être récompensés pour notre bonne volonté, notre patience, notre équité, notre tendresse envers l'étrangeté, du fait que l'étrangeté peu à peu se dévoile et vient s'offrir à nous en tant que nouvelle et indicible beauté : – c'est là sa gratitude pour notre hospitalité. (...) L'amour aussi doit s'apprendre. »
(A.B.)
> le-devenez-vous-autre
> comprendre un peu / beaucoup / passionnément, sans comprendre
Simone Weil emploie le mot étrange de « consentement ». Il s'agirait, en définitive, de « consentir » à l'oeuvre d'art, ce qui induit l'idée de faire céder en soi une résistance, voire une hostilité première. L'attention que le sujet finira par donner, à laquelle il consentira, n'était pas forcément acquise au premier abord de l'oeuvre. (…)
Nietzsche parle dans Le Gai Savoir de cette nécessaire « étrangeté » de la véritable oeuvre d'art, qui n'est pas immédiatement identifiable, qui demande un effort pour se révéler à nous lentement, qui est souvent un peu rebutante au moment de la première rencontre, avant que cette étrangeté ne devienne objet de tendresse.
L'équivalent de l'expression « consentement à l'oeuvre » dont parle Simone Weil, c'est chez Nietzsche « l'effort et la bonne volonté » qu'il nous faut, au début de notre rencontre avec elle, « pour la supporter, en dépit de son étrangeté, user de patience pour son regard et pour son expression, de tendresse pour ce qu'elle a de singulier. » (…) « Nous finissons toujours par être récompensés pour notre bonne volonté, notre patience, notre équité, notre tendresse envers l'étrangeté, du fait que l'étrangeté peu à peu se dévoile et vient s'offrir à nous en tant que nouvelle et indicible beauté : – c'est là sa gratitude pour notre hospitalité. (...) L'amour aussi doit s'apprendre. »
(A.B.)
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> comprendre un peu / beaucoup / passionnément, sans comprendre
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