Qui sont ces hommes et ces femmes qui [de nos jours] refusent d'avoir un enfant? Selon une note de l'Institut national des études démographique (Ined) intitulée "Rester sans enfant: un choix de vie à contre-courant" publiée le 12 février [2014], 6,3% des hommes et 4,3% des femmes déclarent ne pas avoir d'enfant et ne pas en vouloir.
Très rare, l'infécondité volontaire n'est pas davantage en augmentation. Car comme le relèvent les chercheuses Charlotte Debest et Magaly Mazuy, le désir de fonder une famille demeure fort à tous les âges. Alors pourquoi ne pas vouloir d'enfants ?
(...)
« (...) je n'ai déjà pas assez de temps pour faire tout ce dont j'ai envie, alors si en plus faut s'occuper d'un gluant, non merci », plaisante à moitié Pascal.
(...)
Première raison invoquée dans les enquêtes comme dans vos réponses: la liberté, mise en avant dans 80% des cas. Souci de profiter de la vie, de se conserver un espace...
(...)
Opter pour sa vie plutôt que de donner la vie, c'est le choix qu'a fait Queenie, 41 ans:
>>>...
J'aime ma vie, je mange quand je veux, ce que je veux, je sors sans avoir à m'inquiéter des horaires, je pars en vacances hors période de vacances scolaires. Quant à ceux qui me lancent : mais comment vas-tu faire, quand tu seras vieille et seule ? Ah... Parce que vous avez fait des mômes uniquement dans l'expectative d'avoir une mamie-sitter qui payera votre maison de retraite et viendra vous voir le dimanche? Alors, qui est le plus égoïste?
Vie de famille ou vie à soi, les désirs varient avec l'âge. Comme le relèvent les chercheurs, les plus jeunes mettant souvent en avant le fait d'avoir d'autres priorités, à l'image de Marie, 20 ans:
Je n'ai pas d'enfant et je n'en veux absolument pas. Beaucoup me disent que je suis jeune et que je vais changer d'avis avec le temps. Cette éternelle réponse est devenue épuisante et me donne envie d'hurler à chaque fois que je l'entends. Je n'ai jamais été attirée par la maternité, non pas que je n'aime pas les enfants, au contraire, mais j'ai de grands projets d'avenir, de l'ambition. J'ai une peur panique de la monotonie. Avoir un enfant c'est être obligé d'installer une certaine routine, un certain équilibre pour l'enfant et surtout cela implique un grand nombre de sacrifices et je ne veux pas faire ce genre de sacrifices.
Cette tension entre liberté individuelle et vie de famille s'exprime différemment en fonction du sexe. Pour les hommes, "la stabilité professionnelle prend toujours une place importante avant d'avoir des enfants", remarquent les auteurs de l'étude, et peu importe le niveau d'étude, tandis que pour les femmes, c'est différent.
Celles qui veulent rester sans enfant sont souvent plus diplômées que la moyenne et s'inscrivent dans des parcours de vie en dehors des schémas traditionnels établis par la société. Julie, 30 ans, nous raconte ce refus d'un modèle choisi pour elle et non par elle:
« (...) Je n'ai pas d'enfant. Plus grave encore, je n'en veux pas. Pour quelle raison pourrais-je m'arroger le droit de vie sur autrui? Aucun argument ne m'a jusqu'ici convaincue. La réalité est que je suis célibataire parce que je ne veux pas d'enfant, parce que je me fiche de mettre à tout prix le grappin sur un géniteur et parce que ce n'est pas un sujet facile à aborder avec une conquête. J'en ai marre qu'on me juge, qu'on me traite parfois d'égoïste, de traître à l'humanité, à la nature ; qu'on essaie de me convaincre que c'est mieux, que je vais le regretter, que je vais me retrouver seule et sans amour. »
Vous avez dit pression? Selon les enquêtes analysées par l'Ined, elle est importante à tous les âges. Les plus visés: ceux qui appartiennent aux classes d'âges de "pleine fécondité", soit entre 25 et 35 ans. Une injonction qui relève de représentations bien définies par la société: "avoir un partenaire et être en couple stable, planifier des naissances au 'bon âge' et au 'bon' moment, dans le cadre d'un projet conjugal", notent les chercheuses.
L'épicentre de ces remontrances, c'est la famille de celui ou celle qui ne veut pas avoir d'enfant. Avec des réactions parfois violentes, comme en témoigne Marie, 20 ans:« Je n'en parle pas avec le reste de ma famille, je l'ai fait une fois, ça s'est terminé en cris et en larmes, je n'ai pas supporté leur remarques ni d'être regardée comme si j'étais folle, comme si ne pas vouloir d'enfants était une défaillance mentale. »
« C'est pour ma mère que ça a été le plus difficile, je pense, je suis sa seule fille parmi trois garçons. Elle ne s'y fait pas et ne s'y fera jamais. Ça me rend triste pour elle, mais pas pour moi », raconte Sonia. Libraire spécialisée en jeunesse, elle aime les enfants mais, pour elle, ce n'est pas une raison pour en avoir:
« Les autres n'arrivent pas à imaginer que leur schéma de vie ne corresponde pas aux miens. Ils se permettent de te le dire, car eux pensent être dans la norme. Mais, si toi, tu oses dire ce que tu penses de leur vie, tu es aigrie... Je me demande souvent où est l'aigreur quand ils me parlent de leurs enfants et de leurs vies en général. Ils en ont souvent beaucoup plus que moi. »
Malgré cette image d'Épinal, être en couple n'implique pas de s'y conformer. Et loin d'être un effet du célibat, ne pas avoir d'enfant est le plus souvent un choix fait.. à deux. La preuve? Selon les enquêtes, la moitié des personnes sans enfant sont en couple, un chiffre qui grimpe à 60% au-delà de trente ans.
"Je n'ai jamais eu envie d'avoir un enfant et mon compagnon non plus" raconte Sabine, 37 ans. Même son de cloche du côté de Myriam, 39 ans. "Cette Saint-Valentin, cela fera 21 ans que je suis en couple avec mon chéri et nous n'avons jamais eu le désir d'avoir un enfant. Ce n'est même pas un choix, c'est comme ça tout simplement. Nous ne tenons pas compte des critiques et des jugements. Nous sommes heureux et épanouis", raconte-t-elle.
"J'ai entendu tellement de fois que je n'en veux pas parce que je n'ai pas trouvé le bon! se souvient Sonia,. Je crois que c'est ça le pire. Rabaisser ta relation ainsi est tellement insultant. J'ai trouvé le bon et en aucun cas je n'ai voulu d'enfant. Et Miracle, lui non plus n'en veut pas!"
Un enfant, "ça crie ça pue c'est ennuyeux et puis ça coûte de l'argent", réagit Georges. "Pour avoir droit d'avoir un enfant aujourd'hui, il faut déjà avoir une situation pour pouvoir l'élever confortablement", surenchérit Françoise. Alors avoir ou non un enfant se résumerait-il à une question d'argent? Loin s'en faut.
"Les raisons financières ou les problèmes de santé sont très peu mis en avant, y compris par les plus jeunes", relève l'Ined. C'est qu'il y a peut-être une autre explication, qui tient davantage aux nouvelles structures familiales de la société, qu'à la volonté ou non d'avoir un enfant.
Ruptures, divorces, familles recomposées, "parmi les personnes en couple (qui ne veulent pas avoir d'enfant, ndr.) le conjoint est déjà parent dans un tiers des cas". Comme si être beau-parent, c'était déjà un peu être parent, et apporter une réponse évidente à la question, "chéri(e), et si on avait un enfant?".
(Source)
Très rare, l'infécondité volontaire n'est pas davantage en augmentation. Car comme le relèvent les chercheuses Charlotte Debest et Magaly Mazuy, le désir de fonder une famille demeure fort à tous les âges. Alors pourquoi ne pas vouloir d'enfants ?
(...)
« (...) je n'ai déjà pas assez de temps pour faire tout ce dont j'ai envie, alors si en plus faut s'occuper d'un gluant, non merci », plaisante à moitié Pascal.
(...)
Première raison invoquée dans les enquêtes comme dans vos réponses: la liberté, mise en avant dans 80% des cas. Souci de profiter de la vie, de se conserver un espace...
(...)
Opter pour sa vie plutôt que de donner la vie, c'est le choix qu'a fait Queenie, 41 ans:
>>>...
J'aime ma vie, je mange quand je veux, ce que je veux, je sors sans avoir à m'inquiéter des horaires, je pars en vacances hors période de vacances scolaires. Quant à ceux qui me lancent : mais comment vas-tu faire, quand tu seras vieille et seule ? Ah... Parce que vous avez fait des mômes uniquement dans l'expectative d'avoir une mamie-sitter qui payera votre maison de retraite et viendra vous voir le dimanche? Alors, qui est le plus égoïste?
Vie de famille ou vie à soi, les désirs varient avec l'âge. Comme le relèvent les chercheurs, les plus jeunes mettant souvent en avant le fait d'avoir d'autres priorités, à l'image de Marie, 20 ans:
Je n'ai pas d'enfant et je n'en veux absolument pas. Beaucoup me disent que je suis jeune et que je vais changer d'avis avec le temps. Cette éternelle réponse est devenue épuisante et me donne envie d'hurler à chaque fois que je l'entends. Je n'ai jamais été attirée par la maternité, non pas que je n'aime pas les enfants, au contraire, mais j'ai de grands projets d'avenir, de l'ambition. J'ai une peur panique de la monotonie. Avoir un enfant c'est être obligé d'installer une certaine routine, un certain équilibre pour l'enfant et surtout cela implique un grand nombre de sacrifices et je ne veux pas faire ce genre de sacrifices.
Cette tension entre liberté individuelle et vie de famille s'exprime différemment en fonction du sexe. Pour les hommes, "la stabilité professionnelle prend toujours une place importante avant d'avoir des enfants", remarquent les auteurs de l'étude, et peu importe le niveau d'étude, tandis que pour les femmes, c'est différent.
Celles qui veulent rester sans enfant sont souvent plus diplômées que la moyenne et s'inscrivent dans des parcours de vie en dehors des schémas traditionnels établis par la société. Julie, 30 ans, nous raconte ce refus d'un modèle choisi pour elle et non par elle:
« (...) Je n'ai pas d'enfant. Plus grave encore, je n'en veux pas. Pour quelle raison pourrais-je m'arroger le droit de vie sur autrui? Aucun argument ne m'a jusqu'ici convaincue. La réalité est que je suis célibataire parce que je ne veux pas d'enfant, parce que je me fiche de mettre à tout prix le grappin sur un géniteur et parce que ce n'est pas un sujet facile à aborder avec une conquête. J'en ai marre qu'on me juge, qu'on me traite parfois d'égoïste, de traître à l'humanité, à la nature ; qu'on essaie de me convaincre que c'est mieux, que je vais le regretter, que je vais me retrouver seule et sans amour. »
Vous avez dit pression? Selon les enquêtes analysées par l'Ined, elle est importante à tous les âges. Les plus visés: ceux qui appartiennent aux classes d'âges de "pleine fécondité", soit entre 25 et 35 ans. Une injonction qui relève de représentations bien définies par la société: "avoir un partenaire et être en couple stable, planifier des naissances au 'bon âge' et au 'bon' moment, dans le cadre d'un projet conjugal", notent les chercheuses.
L'épicentre de ces remontrances, c'est la famille de celui ou celle qui ne veut pas avoir d'enfant. Avec des réactions parfois violentes, comme en témoigne Marie, 20 ans:« Je n'en parle pas avec le reste de ma famille, je l'ai fait une fois, ça s'est terminé en cris et en larmes, je n'ai pas supporté leur remarques ni d'être regardée comme si j'étais folle, comme si ne pas vouloir d'enfants était une défaillance mentale. »
« C'est pour ma mère que ça a été le plus difficile, je pense, je suis sa seule fille parmi trois garçons. Elle ne s'y fait pas et ne s'y fera jamais. Ça me rend triste pour elle, mais pas pour moi », raconte Sonia. Libraire spécialisée en jeunesse, elle aime les enfants mais, pour elle, ce n'est pas une raison pour en avoir:
« Les autres n'arrivent pas à imaginer que leur schéma de vie ne corresponde pas aux miens. Ils se permettent de te le dire, car eux pensent être dans la norme. Mais, si toi, tu oses dire ce que tu penses de leur vie, tu es aigrie... Je me demande souvent où est l'aigreur quand ils me parlent de leurs enfants et de leurs vies en général. Ils en ont souvent beaucoup plus que moi. »
Malgré cette image d'Épinal, être en couple n'implique pas de s'y conformer. Et loin d'être un effet du célibat, ne pas avoir d'enfant est le plus souvent un choix fait.. à deux. La preuve? Selon les enquêtes, la moitié des personnes sans enfant sont en couple, un chiffre qui grimpe à 60% au-delà de trente ans.
"Je n'ai jamais eu envie d'avoir un enfant et mon compagnon non plus" raconte Sabine, 37 ans. Même son de cloche du côté de Myriam, 39 ans. "Cette Saint-Valentin, cela fera 21 ans que je suis en couple avec mon chéri et nous n'avons jamais eu le désir d'avoir un enfant. Ce n'est même pas un choix, c'est comme ça tout simplement. Nous ne tenons pas compte des critiques et des jugements. Nous sommes heureux et épanouis", raconte-t-elle.
"J'ai entendu tellement de fois que je n'en veux pas parce que je n'ai pas trouvé le bon! se souvient Sonia,. Je crois que c'est ça le pire. Rabaisser ta relation ainsi est tellement insultant. J'ai trouvé le bon et en aucun cas je n'ai voulu d'enfant. Et Miracle, lui non plus n'en veut pas!"
Un enfant, "ça crie ça pue c'est ennuyeux et puis ça coûte de l'argent", réagit Georges. "Pour avoir droit d'avoir un enfant aujourd'hui, il faut déjà avoir une situation pour pouvoir l'élever confortablement", surenchérit Françoise. Alors avoir ou non un enfant se résumerait-il à une question d'argent? Loin s'en faut.
"Les raisons financières ou les problèmes de santé sont très peu mis en avant, y compris par les plus jeunes", relève l'Ined. C'est qu'il y a peut-être une autre explication, qui tient davantage aux nouvelles structures familiales de la société, qu'à la volonté ou non d'avoir un enfant.
Ruptures, divorces, familles recomposées, "parmi les personnes en couple (qui ne veulent pas avoir d'enfant, ndr.) le conjoint est déjà parent dans un tiers des cas". Comme si être beau-parent, c'était déjà un peu être parent, et apporter une réponse évidente à la question, "chéri(e), et si on avait un enfant?".
(Source)
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